La sénatrice Marie-Christine Blandin (EELV) vient de publier un rapport d’information demandant un allongement de la durée de garantie des téléphones portables sur quatre ans. Le rapport, qui dénonce par ailleurs l’opacité entretenue par les réparateurs, « met en avant des données chiffrées frappantes, pour dénoncer certaines stratégies des fabricants, alerter les pouvoirs publics, mais également sensibiliser les consommateurs ».
Un rapport du Sénat pour alerter consommateurs et fabricants de téléphones
« La connaissance précise de la composition des téléphones portables se heurte à l’opacité entretenue par les fabricants sur leurs appareils. Toutefois, les informations disponibles indiquent que la diversité et la valeur des matériaux utilisés font de ces produits une véritable ‘mine urbaine’, qu’il est indispensable de valoriser par le recyclage », souligne le rapport(2). La Sénatrice préconise donc d’améliorer l’information des consommateurs sur la composition des téléphones.
Les téléphones portables : une mine d’or urbaine
La dernière étude disponible (2014), qui ne tient pas compte des générations de smartphones les plus récentes, effectuée par l’éco-organisme Éco-systèmes, indiquait que les plastiques, bromés et non bromés, représentent entre 30 et 50 % de la masse, la carte électronique environ 30 % et la batterie 20 à 30 %.
Composition d’un téléphone portable par matière
Matière | Pourcentage |
Métaux ferreux | 8,5 % |
Métaux non-ferreux 7 | 2,3 % |
Câbles | 0,5 % |
Cartes électroniques | 19,1 % |
Plastiques non bromés | 28,9 % |
Plastiques bromés | 5,1 % |
Aimants | 1,7 % |
Lampes | 0,2 % |
Verre | 1,9 % |
Piles et accumulateurs (batterie) | 28,2 % |
Déchets banals (caoutchouc) | 3,7 % |
Parmi les métaux, on évalue la concentration d’une très bonne mine à 5 grammes d’or par tonne de minerai, tandis qu’elle est en moyenne de 200 grammes d’or par tonne de cartes électroniques.
Des solutions existent
Selon Camille Lecomte, de l’ONG les Amis de la Terre, coordinatrice d’une pétition pour appeler à une garantie légale des appareils électroniques portables à cinq ans, « il faut encourager la logique du type Fairphone, surtout celui-là parce qu’il y une démarche éthique sur l’origine des métaux. La première recommandation du rapport de Mme Blandin est bien que les fabricants travaillent leur chaîne d’approvisionnement pour la rendre plus transparente. Le Fairphone est dans cette logique. »
Qui plus est, Camille Lecomte estime que l’exemple du Fairphone doit être suivi par d’autres fabricants : « ils travaillent aussi pour rendre le téléphone plus évolutif et plus adaptable, en plus d’être réparable, ce qui permettra de le garder plus longtemps. On utilise des logiciels qui consomment plus de mémoire, donc rendre les téléphones compatibles avec les nouvelles technologies est un point très positif. »
Dans la même logique, l’ARA de Phoneblok, un téléphone composé de blocs remplaçables, semblait une belle annonce. Toutefois, le concepteur estime que Google et Motorola, qui accompagnent le projet, simplifiaient trop le projet et a annoncé il y a quelques semaines qu’il était mis entre parenthèses. Ce qui montre, selon Camille Lecomte, qu’« il y a encore des freins importants pour développer des modèles économiques qui reposent sur la durabilité ». D’où l’importance de projets de lois, et de pétitions pour les y encourager, afin que les producteurs soient correctement incités.