L’Europe consomme des objets high tech, l’Asie produit et reçoit ses déchets. C’est un peu ainsi que l’on peut résumer la situation, en ces temps de consommation effrénée. Une mauvaise nouvelle pour bien des pays, telle la Thaïlande, qui croule désormais sous les déchets.
La Thaïlande, bientôt la plus grande poubelle de déchets électroniques ?
Chaque année, l’Union Européenne à elle seule génère plus de 50 millions de tonnes de déchets électroniques, pour ne parler que d’eux. Il faut bien qu’ils finissent quelque part, de même que pour ceux venus des voisins de la Thaïlande : Singapour, Hong Kong, Japon, et Chine. Chaque jour, des conteneurs de déchets électroniques venus du monde entier viennent finir leur vie dans les ports puis les décharges du pays.
Au-delà de leur quantité, ces déchets sont tout sauf anodins. En effet, vieux écrans, vieilles consoles et autres objets électroniques frappés par une obsolescence programmée de plus en plus rapide peuvent certes contenir des métaux précieux intéressants à récupérer (or, argent, cuivre…), mais aussi des matériaux dangereux (mercure, plomb, cadmium…). Si la Thaïlande devient rapidement la poubelle électronique du monde, la faune et la flore en paieront le prix.
La Chine en première ligne
Pourquoi cette soudaine vague de déchets en Thaïlande ? L’an dernier, la Chine a notifié à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) sa décision d’interdire les déchets venus de l’étranger. Elle cesse désormais d’accepter les importations de plusieurs dizaines de types de déchets. Une véritable révolution vu que, jusqu’à l’année dernière, la Chine avait accueilli à elle seule en 2016 70 % des 500 millions de tonnes de déchets électroniques générés sur la planète…
Seul hic : s’ils ne vont plus en Chine, ces déchets finissent toujours quelque part, et sont en général, comme en alertent les militants écologistes, réacheminés (légalement ou non) vers d’autres pays de l’Asie du Sud-Est. « Après l’interdiction de la Chine, la Thaïlande pourrait devenir l’une des plus grandes poubelles de déchets électroniques », a ainsi alerté Penchom Saetang, directeur de Ecological Alert and Recovery Thailand (EARTH).
L’environnement, pas une priorité
Conséquence directe de la décision chinoise : en un an, ce sont 37.000 tonnes de déchets supplémentaires qui sont entrés légalement dans le pays, sans même parler des importations illégales. Alors que de plus en plus d’hommes d’affaires investissent pour créer des centres de traitement en Thaïlande, pas moins de 26 centres de recyclage illégaux de déchets, aux méthodes aussi primitives que dangereuses (et polluantes !) ont récemment fait l’objet de contrôles à travers le pays.
Pourquoi la Thaïlande ? Tout simplement parce que la protection de l’environnement n’est pas perçue comme une priorité par ses dirigeants. Pour autant, les lois du pays ne permettent pas une importation à tout-va de déchets, électroniques ou non. La Thaïlande a notamment ratifié il y a une vingtaine d’années déjà la Convention de Bâle, visant à contrôler les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux. Une convention qui n’interdit pas complètement pour autant l’exportation de ces déchets des pays plus développés vers les pays moins développés….