Et si le thé nettoyait aussi votre eau ?

Il y a des gestes que l’on répète chaque jour sans y penser. Jeter un sachet dans une tasse, verser de l’eau frémissante, attendre. Mais que se passe-t-il vraiment pendant cette infusion ? Le rituel millénaire du thé pourrait bien receler une propriété chimique inattendue, ignorée de tous… jusqu’à ce que la science s’en mêle.

Rédigé par Stéphanie Haerts, le 22 Mar 2025, à 10 h 00 min
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eaueauLe 24 février 2025, une équipe de chercheurs de la Northwestern University, aux États-Unis, a publié dans la revue ACS Food Science & Technology une étude des plus intéressantes. Selon les résultats, l’infusion de thé serait capable de réduire la présence de métaux lourds dans l’eau potable. Cette boisson, déjà célébrée pour ses antioxydants et ses polyphénols, pourrait-elle aussi nous protéger de la toxicité invisible qui plane dans nos robinets ? Cette découverte intrigue, questionne, et pourrait bien changer notre regard sur la boisson la plus consommée au monde.

Le thé, une boisson qui purifie, que dit vraiment la science ?

Alors que nous sommes saturés de microplastiques et de résidus chimiques, la perspective qu’un simple sachet de thé puisse jouer les purificateurs semble presque irréel. Pourtant, l’étude dirigée par le groupe de recherche du professeur Vinayak P. Dravid à la Northwestern University relate un phénomène aussi fascinant que tangible. Les feuilles de thé, une fois plongées dans l’eau, adsorbent activement certains métaux lourds, notamment le plomb et le cadmium.

Comment cela fonctionne-t-il ? Par adsorption, un mécanisme par lequel des particules se fixent à la surface d’un autre matériau. Dans le cas présent, ce sont les ions métalliques présents dans l’eau qui se lient à la structure ridée et poreuse des feuilles de thé. Et plus les feuilles sont broyées ou oxydées, comme dans le thé noir, plus la surface d’adsorption est grande. Mais attention à ne pas confondre cette propriété avec une capacité de filtration au sens classique du terme. « L’étude ne recommande pas d’utiliser le thé comme filtre à eau », précise l’article de Techno-Science.net publié le 12 mars 2025. Il ne s’agit pas de transformer vos tasses en stations d’épuration domestiques, mais bien de comprendre un effet collatéral bénéfique de l’infusion.

Et si le thé nettoyait aussi votre eau ?

Un impact sur la santé publique mondiale

Le liquide le plus banal devient problématique dès qu’il transporte des toxines invisibles. Dans de nombreuses régions du globe, l’eau du robinet ou des puits est contaminée par des niveaux alarmants de plomb, souvent issus de vieilles canalisations. Si l’étude suggère que l’infusion de thé pourrait éliminer jusqu’à 15 % du plomb contenu dans l’eau, ce chiffre, bien que modeste, a des répercussions majeures. Pourquoi ? Parce que le thé est universel. Le monde entier le boit. Selon les chercheurs, même une réduction partielle de l’exposition aux métaux lourds, reproduite des millions de fois par jour à l’échelle planétaire, pourrait avoir un effet non négligeable sur la santé publique.

Autre découverte, tous les sachets ne se valent pas. Les sachets en cellulose, à base de pulpe de bois, surpassent largement ceux en coton ou en nylon. Non seulement ils adsorbent davantage de métaux, mais ils ne relâchent pas de microplastiques, fléau moderne déguisé en progrès. En prime, ils sont biodégradables. Une leçon écologique à retenir pour les industriels du secteur.

Le thé, un purificateur d’eau ?

Reste la question que tout le monde se pose : le thé peut-il vraiment devenir un outil de purification de l’eau ? La réponse, aujourd’hui, reste prudente. Les chercheurs eux-mêmes n’encouragent pas un usage direct du thé comme dispositif de dépollution. L’expérience ne garantit pas l’élimination complète des contaminants, et ses performances varient selon le type de thé, la durée d’infusion, et la concentration des métaux dans l’eau.

Mais l’intérêt de cette découverte dépasse le simple usage domestique. Elle ouvre une piste pour la création de nouveaux matériaux bio-inspirés capables de capter les métaux lourds à partir de déchets végétaux comme les feuilles de thé usagées. Imaginez des systèmes de filtration bon marché, recyclables, accessibles aux régions les plus vulnérables, le tout issu d’une boisson que l’on consomme déjà massivement.

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Rédactrice dans la finance, l'économie depuis 2010 et l'environnement. Après un Master en Journalisme, Stéphanie écrit pour plusieurs sites dont Economie...

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