Dans le viseur des ONG, la vaste campagne de communication déployée par TotalEnergies depuis mai 2021, où la major affirme son ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Quand TotalEnergies évoque un « objectif net zéro »… il ne parle que de 10 % du cycle de vie de ses produits
La vaste campagne publicitaire déployée par Total depuis son changement de nom à TotalEnergies en mai 2021, lui vaudra-t-elle une condamnation pour pratiques commerciales trompeuses ?
Pour avoir la réponse, il faudra attendre la fin du procès qui vient d’être lancé à son encontre par Greenpeace, Les Amis de la Terre et Notre Affaire à Tous. Les trois ONG ont en effet assigné l’entreprise, le 2 mars 2022, devant le Tribunal judiciaire de Paris.
Dans le viseur des trois ONG, l’affirmation de TotalEnergies visant la neutralité carbone d’ici 2050, un message relayé dans ses publicités dans les stations-services, sur les panneaux d’affichage, dans la presse écrite, à la télévision, sur les réseaux sociaux mais aussi sur une page dédiée de son site Internet.
Mais à y regarder de plus près, on voit, en plus petit, que TotalEnergies ne parle là que de ses propres émissions de CO2, en d’autres mots les émissions occasionnées par l’extraction et le transport des énergies fossiles.
Or, dans le cycle de vie d’un baril de pétrole ou d’une bonbonne de gaz, c’est sa combustion qui occasionne la majeure partie (85 % à 90 %) des émissions de CO2. D’ailleurs, en vertu des recommandations européennes en matière d’allégations publicitaires environnementales, les publicités doivent tenir compte de l’incidence environnementale globale d’un produit tout au long de son cycle de vie, rappellent les trois ONG.
Des affirmations fallacieuses sur l’empreinte carbone des énergies renouvelables
En plus, l’analyse des projets de production de TotalEnergies (on pense aux mégaprojets pétroliers et gaziers en Ouganda, au Mozambique et en Arctique russe) met en évidence qu’ils ne permettent aucunement de satisfaire aux exigences minimales requises pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
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Pour Juliette Renaud, responsable de campagne aux Amis de la Terre France : « Alors que tous les experts climatiques répètent que plus aucun nouveau projet d’énergies fossiles ne doit être lancé, TotalEnergies multiplie les méga-projets pétroliers et gaziers en Ouganda, au Mozambique ou encore même en Arctique russe. Chacune de ces bombes climatiques, aux lourds impacts aussi sur les droits humains et la biodiversité, vient démentir la communication trompeuse de TotalEnergies, qui prétend être un acteur de la transition énergétique»
Or, d’après le scénario « Zéro émission nette en 2050 » de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), atteindre la neutralité carbone supposerait (notamment) une augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique et l’arrêt des explorations fossiles.
Bien conscient de cette nécessité objective, TotalEnergies fait là aussi usage de tromperie, estiment les trois ONG. Dans ses publicités, la major met des images d’éoliennes, de panneaux solaires et de bornes de recharge de véhicules électriques… alors même que, d’après ses propres prévisions, la part de ces nouvelles énergies dans les ventes du groupe ne devrait atteindre que 15 % d’ici 2030.
En plus, TotalEnergies distille des affirmations fallacieuses sur les prétendues vertus environnementales du gaz fossile et de la biomasse : dans ses publicités, on peut lire que le gaz fossile (que TotalEnergies présente comme complémentaire aux énergies renouvelables et bon marché) est « la moins polluante » et « la moins émettrice de gaz à effet de serre » des énergies fossiles.
Les « biocarburants », selon TotalEnergies, sont quant à eux des « alternatives bas-carbone » qui permettraient « de réduire de 50 à 90 % les émissions de CO2 par rapport à leur équivalent fossile ». Pas du tout, rétorquent les ONG : le biodiesel, par exemple, en tenant compte de l’impact de sa production, émet en moyenne 80 % plus de gaz à effet de serre que le diesel qu’il remplace.
Pour mettre un terme au greenwashing et contrer l’influence toxique de l’industrie des énergies fossiles, une vingtaine d’ONG ont lancé une initiative citoyenne européenne.
Pour en savoir plus et signer la pétition visant à faire interdire toute publicité, partenariat et mécénat en faveur des entreprises vendant des biens et services fossiles, rendez-vous ici.
Illustration bannière : Les associations dénoncent la vaste campagne de greenwashing de la multinationale pétrolière et gazière dans le cadre de son changement de nom de Total vers TotalEnergies – © HJBC / Shutterstock
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