La philosophie du tourisme alternatif
Le rejet du tourisme de masse
Le tourisme alternatif, comme son nom l’indique, se présente comme une alternative au tourisme de masse. Il a émergé en réponse aux impacts sociaux, environnementaux et économiques, souvent néfastes, du tourisme de masse. En effet, les touristes, notamment internationaux, sont de plus en plus nombreux chaque année et se contrent sur les mêmes espaces, en général les littoraux (on parle de surfréquentation touristique) : 95 % des touristes se concentrent sur seulement 5 % des espaces dans le monde ! Il s’agit non seulement d’une aberration environnementale (environ 8 % du total des émissions de gaz à effet de serre sont dus au tourisme, dont les trois quarts pour les seuls transports), mais aussi d’un manque de respect des populations locales et de leur mode de vie (augmentation notoire des prix dans les zones concernées).
Tourisme et développement durable
Le tourisme alternatif est également appelé tourisme durable en ce qu’il répond aux mêmes objectifs que le développement durable. En effet, il s’agit de trouver un équilibre entre les dimensions environnementales, sociales (y compris culturelles) et économiques de l’activité pour qu’elle puisse profiter à tous les partis engagés, sans compromettre sa reproduction dans le futur. L’Organisation mondiale du tourisme le définit comme :
“Un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil”
Les multiples formes du tourisme durable
Responsabilité environnementale et responsabilité socioéconomique
Puisqu’il est difficile d’imaginer un tourisme 100 % durable dans tous ses aspects, différentes tendances de tourisme alternatif se sont distinguées en mettant l’accent sur la responsabilité environnementale ou socioéconomique. Par exemple, le tourisme équitable et solidaire (ou éthique) accorde une place importante aux populations locales : il cherche en priorité à participer au développement économique du territoire et à avoir des impacts socioculturels positifs. L’écotourisme, quant à lui, est centré sur le respect des écosystèmes et trouve ses destinations dans les lieux naturels préservés, alors que l’agrotourisme se pratique dans les zones agricoles pour comprendre les dynamiques entre l’Homme et son milieu naturel. Ces différentes tendances ne sont en aucun cas opposées : dans les faits, elles cherchent même à cohabiter et à se mélanger pour se rapprocher au plus possible de l’objectif idéal typique d’un tourisme 100 % durable.
Les différentes pratiques du tourisme durable
Les différences de philosophie sont minimes au regard de la multiplicité des formes que peut prendre le tourisme alternatif. En effet, les notions de respect et de responsabilité environnementale, sociale et économique du tourisme trouvent des débouchés extrêmement variés qui transparaissent dans la diversité des pratiques. Pour certains, le tourisme alternatif est synonyme de minimalisme et de sobriété, il s’agit d’une recherche de simplicité et d’authenticité qui s’inscrit parfois dans une perspective techno sceptique. À l’inverse, d’autres pratiques reposent justement sur l’utilisation de nouvelles technologies, notamment énergétiques, vertes. Par exemple, les nouvelles générations de panneaux solaires Plug and Play sont très prisées par les adeptes des road trips et du trekking, qui leur permettent de profiter d’une électricité verte, infinie et gratuite.
Il est donc extrêmement délicat de définir strictement les pratiques qui renvoient au tourisme alternatif. Prenons un dernier exemple : si la surconsommation de produits et de services spécialement conçus pour les touristes étrangers dans les stations balnéaires s’apparente sans conteste au tourisme de masse, une consommation importante de produits locaux issus de l’agriculture biologique ayant des retombées économiques positives sur le territoire peut être envisagée comme une pratique de tourisme durable.
Tourisme alternatif : quelles sont les tendances globales ?
Depuis son émergence dans les années 1990, toutes les tendances globales sont plutôt encourageantes pour le tourisme durable. Cela commence par la prise de position des organisations publiques internationales et des associations dans la sphère institutionnelle : très rapidement, de nombreux acteurs se sont entendus sur la nécessité de promouvoir un tourisme alternatif. En parallèle, la mobilisation citoyenne et la prise de conscience du plus grand nombre ont également progressé depuis trente ans, puisque, aujourd’hui, plus de 75 % des Françaises et des Français adhèrent à une transformation de l’offre touristique vers plus de durabilité.
L’accord global des organisations internationales, des pouvoirs publics, des associations, des ONG, des touristes et des populations d’accueil est un signal fort dont les premiers impacts sont déjà visibles. En particulier, la distribution de labels permet de repérer facilement les établissements durables et ceux qui ne le sont pas. Même en dehors de ce travail de labellisation, les professionnels du tourisme sont obligés de s’adapter à la demande de plus en plus de tourisme durable pour continuer à attirer les visiteurs. Mais sans les labels, il peut s’avérer difficile de faire la différence entre engagement environnemental et simple opération de greenwashing… Par ailleurs, malgré la prise de conscience massive de ces enjeux, le nombre de voyageurs appliquant réellement la philosophie du tourisme durable semble rester dérisoire.
Été 2023 : comment faire du tourisme durable ?
Si, vous aussi, vous voulez participer à la tendance et commencer à faire du tourisme durable dès cet été, le plus simple est de changer petit à petit vos différentes habitudes de voyages :
- Le choix de la destination : pas besoin d’aller aux Bahamas pour voir la mer, rendez-vous sur la Côte d’Azur (ou l’Espagne, ou l’Italie) ;
- Les dates de voyage : pour éviter la surpopulation touristique, partez hors saison (vous pouvez privilégier les mois de juin et septembre plutôt que juillet et août par exemple) ;
- Les transports : partir près de chez vous permet déjà d’éviter l’avion, mais vous pouvez aussi prendre le train ou faire du covoiturage pour minimiser votre empreinte carbone ;
- Le logement : fuyez les chaînes d’hôtel internationales et préférez-leur des gîtes ou chambres d’hôtes locales pour que votre séjour rémunère les habitants ;
- La nourriture : le principe est le même, privilégiez les restaurateurs locaux et achetez vos produits au marché ou à la ferme ;
- Les activités : dans la mesure du possible, choisissez des activités non polluantes et rémunératrices pour les populations locales ;
- Etc.