L’automobile et les transports sont un secteur à l’aube d’un bouleversement majeur : les voitures électriques, ou hybrides commencent à se banaliser. Et déjà on parle de pile à hydrogène et de « Smart Technologies » qui vont révolutionner l’écomobilité. Un forum organisé par une filiale d’Intel (1) a permis à divers experts de donner leur vision du futur de l’éco-mobilité. Passionnant
Les grands enjeux de la mobilité et des transports de demain
La planète se numérise à toute vitesse et le consommateur, comme le commerce, deviennent connectés : c’est le constat de Stéphane Deruelle (1) qui voit dans des milliards de produits utilisés quotidiennement par tous les individus un trait caractéristique de notre société. Symbole de cette évolution au coeur de l’internet, le smartphone, qui nous relie au monde, aux autres et à … nous mêmes. Au total, on estime à 9 milliards le nombre d’équipements connectés à Internet actuellement mais Ericsson prévoit 50 milliards d’objets connectés à l’horizon 2020.
Tous ces appareils qui communiquent via internet forment une couche « vivante », un système nerveux auquel sont connectés toutes sortes d’appareils communicants : pas seulement les ordinateurs et les téléphones, mais aussi les imprimantes, appareils photos, les maisons (domotique), les vêtements, les instruments médicaux, scanners, pacemakers, dialyseurs, etc. et bien sûr les transports (GPS, systèmes de navigation des camions, voitures, avions ou fusées).
Les transports du futur seront connectés
>Symbole de cette société hyper-connectée, le smartphone envahit peu à peu notre quotidien : déjà plus d’un tiers des Français en possède.
Planetoscope : Ventes de smartphones en France
Ce sont des réseaux intelligents qui se mettent en place, et pas uniquement dans le monde de l’énergie avec les smart grids. Le « smart » envahit tout.
L’intelligence disséminée partout et dans tout
Le philosophe Michel Puech s’interroge sur la notion de « smart » ? Il remarque que de nombreuses traductions existent : « intelligent » est la plus fréquente, « futé » semble plus juste.
L’étymologie du mot évoque à la notion de « piquant » voire d’« impertinent », c’est-à-dire à une signification qualifiant quelque chose de plus « intelligent qu’on ne l’aurait cru au premier abord ».
Mais le « smart » évoque également l’idée de dissémination. Dans les années 80, quand on parlait d »intelligence artificielle, on évoquait une intelligence de contrôle, caractérisée par une centralisation et une taille importantes.
Aujourd’hui, les objets « smart » sont de taille réduite, voire minuscule (comme les puces RFID) : ils s’éparpillent dans le quotidien et se fondent dans les objets banals de notre quotidien. On passe de la High Tech à la Small Tech (2) disséminée.
Ainsi de centralisée, la notion d’intelligence s’affranchit des contraintes matérielles et aboutit à donner le pouvoir aux individus (« empowerment »). En effet, grâce à l’internet et à tous ces terminaux qui y accèdent, le citoyen et le consommateur ont accès à une puissance d’action et de communication inédites dans l’histoire de l’humanité :le smartphone qui tient dans notre poche est largement plus puissant que l’ordinateur d’Appolo 5 !
Les réseaux intelligents décentralisent le pouvoir
Et ce n’est pas tout car ce sont les réseaux eux-mêmes qui grâce à la connectivité des objets « smart » qui se dotent d’un degré d’autonomie nouveau : comme on l’a montré dans notre enquête sur la fin du pétrocène, un des effets des smart grids est d’aider la décentralisation de la production énergétique.
Grâce aux objets communicants (les boitiers comme Linky) et grâce au smart grid électrique, le réseau énergétique de demain évolue à l’opposé d’une vision centralisatrice qu’avait renforcé l’information des gros systèmes informatiques des années 80 et 90. (Les réseaux intelligents, 5ème pilier de la révolution énergétique)
La reprise du pouvoir que permettent toute cette puissance informatique et cette connaissance disséminées partout est une vraie révolution historique. Chaque individu se voit doté de capacité d’apprentissage, d’information, de loisirs, d’achat ou de communication dont nos ancêtres ne pouvaient rêver.
Michel Puech dénombre 10 valeurs caractéristiques de la notion de « smart » :
- – La disponibilité totale (logique de service)
- – La transparence (les intermédiaires ne sont pas identifiés)
- – La facilité (ergonomie, prise en main)
- – L’immédiateté
- – L’autonomie
- – La personnalisation (préférences de l’utilisateur)
- – La neutralité (pas d’acteur dominant)
- – L’optimisation (coût/temps, écologie, etc.)
- – Les réseaux collaboratifs et de partage (recommandations)
- – La mobilité totale
La voiture, espace de services personnalisé
Selon Frédéric Bourcier, Responsable des projets Automobiles de Wind River, la valeur principale du « smart » est centrée sur l’humain et ses besoins. On apporte le service au client, ce qui marque une rupture majeure par rapport au passé, lorsque le client venait chercher ce service. La télémédecine est l’un des exemples les plus flagrants, mais de nombreuses autres projets privés ou publics reposent sur cette notion de services proactifs (e-administration, grande distribution, etc.).
En ce qui concerne l’automobile, c’est la même chose : notre voiture nous servait jusqu’à présent à nous déplacer, et c’est tout.
Mais elle devient un espace dans lequel des services sont accessibles comme par exemple des services personnels (listes de lecture musicales, préférences de parcours…) ou professionnels (accès aux ressources de l’entreprise, lecture d’e-mails, etc.), ou encore de services spécifiques à l’automobile (appels d’urgence, surveillance des composants). La voiture devient un vecteur de notre de mobilité élargie, dont n’est plus forcément propriétaire (autopartage). En revanche, dans la voiture on veut retrouver les paramètres (musique, parcours préférés, voire ventilation, etc.) qui contribuent à notre expérience habituelle de la conduite.