>>>Suite et fin de l’interview de Sylvain Salaméro. Le tourisme responsable se développera-t-il davantage ? Quel est l’avenir de l’éco-tourisme ?
consoGlobe : Selon vous et d’après votre
expérience, les Français sont-ils prêts à s’investir dans le tourisme
responsable ? Quels sont les freins à cet l’engouement pour le tourisme
durable ?
S.S : Oui toutes les études le montrent. Les freins sont les habitudes et le prix.
Un voyage plus responsable coûte souvent un peu plus cher. Cela
s’explique par le fait que les groupes sont plus petits, par la qualité
des produits alimentaires et par le fait que les prestataires locaux
sont payés correctement.
Bien que la différence soit souvent très faible, les grands tours
opérateurs ont des produits d’appels qui sont hors de notre portée.
Quand je vois une semaine en Tunisie ou au Maroc à 200 euros, ça me
révolte, puisque je sais qu’au bout de la chaîne il y en a qui
trinquent. Alors il faut changer ses habitudes, partir moins souvent,
plus longtemps, voyager plus responsable.
Week end nature et saveur
Mais on s’y retrouve la qualité du voyage
et des rencontres n’est pas comparable. Dans un cas on reste dans un
hôtel standardisé avec beaucoup d’impacts sur le plan environnemental,
des salariés sous-payés et dans un autre on découvre, on rencontre, on
apprend…
consoGlobe : Face au tourisme de masse, l’écotourisme est-il la meilleure alternative pour la préservation de l’environnement ?
S.S : Je ne mets pas
l’écotourisme face au tourisme de masse. Bien sûr que le tourisme de
masse a montré ses conséquences dans de nombreuses destinations, et ce
n’est pas fini. Ainsi de nombreuses destinations sont complètement en
déliquescence sur le plan environnemental et du coup, sur le plan
économique aussi. Si l’environnement n’est pas préservé sur une
destination, les voyageurs finissent par l’éviter. Il faut donc éviter
les erreurs du passé.
Randonnée raquette en Capcir et au pied du Carlit
Mais je ne souhaite pas que l’écotourisme devienne un tourisme élitiste.
Nous essayons de trouver des solutions pour le rendre accessible à tous
et aux plus modestes aussi. Et il y a des solutions, on peut faire de
l’écotourisme sans partir à l’autre bout du monde.
La question n’est pas de faire s’opposer les différents types de
tourisme mais de travailler tous dans le même sens, c’est-à-dire de
faire du tourisme de manière responsable qui intègre toutes les
composantes. C’est un défi que doivent relever l’ensemble des acteurs
du tourisme : les professionnels, les institutionnels mais aussi les
voyageurs.
Lire également sur l’écotourisme
Interview sur le trekking réalisée par Elwina, avril 2010