Demandez à n’importe qui autour de vous comment il pense que nous allons accomplir la transition énergétique. 9 personnes sur 10 vous répondront « grâce à l’électricité ! ». Le dernier, sentant le piège, vous répondra « grâce à l’hydrogène ! ». Impossible de leur en vouloir en quoi que ce soit : dans l’intégralité des articles, reportages et débats télévisés, c’est en effet la voiture électrique, la pompe à chaleur, et, plus ambitieux, l’avion et le cargo électrique, qui sont érigés en solutions idéales.
On a du mal à comprendre comment des milliers voire des dizaines de milliers de scientifiques, universitaires, savants, sachants, ce que vous voudrez, impliqués de près ou de loin dans le processus de transition énergétique, rabâchant à longueur de journée qu’il faut la faire en allant plus vite plus loin, plus fort, ne sont pas pris de cas de conscience le soir en rentrant chez eux. En allumant la lumière…
En apparence, l’électricité est dotée de toutes les vertus. Elle anime aussi bien la puissante perceuse du papa bricoleur que la presse hydraulique de l’usine. Et bien sûr, elle meut des trains, des trams, des bus… mais elle a plus de mal à mouvoir nos voitures. Non qu’elle ne le puisse pas, ses performances sont d’ailleurs meilleures que celles des voitures thermiques. C’est l’autonomie le problème.
Tout simplement parce que les batteries de la voiture, du vélo ou de la trottinette électrique (ou demain, de l’avion ou du cargo), stockent infiniment moins d’énergie que le même volume contenant du carburant fossile ou de synthèse.
Parenthèse rapide pour répondre au 10e interrogé qui a proposé l’hydrogène comme solution à tous nos problèmes. Oui mais non ! L’hydrogène n’existe d’abord pas à l’état naturel sur terre. 97 % de l’hydrogène que nous utilisons aujourd’hui dans l’industrie est produit par… reformation du gaz.
Concrètement, on enlève les molécules de carbone du gaz méthane (CH4) pour ne garder que les molécules d’hydrogène et obtenir ainsi du dihydrogène (H2). Retour à la case départ… Et le 10e interrogé de vous dire « oui, mais il y a l’électrolyse ! ».
Sauf que pour produire de l’électricité par électrolyse (en soustrayant à l’eau l’oxygène, afin d’obtenir du dihydrogène) il faut… de l’électricité !
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Et c’est là que tout se complique. 20 % de l’énergie consommée dans le monde, toutes formes confondues, est électrique. Le reste est liquide (pétrole, gaz), ou solide (charbon, bois). Mais en réalité, pour produire de l’électricité, l’humain, après avoir dompté les rivières avec des barrages, n’a rien trouvé de plus simple que de…. construire des centrales électriques au charbon ou au gaz !
59 % de l’électricité mondiale est de ce fait d’origine carbonée. Tout en bas du tableau, 11 % est d’origine nucléaire. Au milieu, c’est tout le reste, « l’électricité 100 % verte », si tant est que les barrages n’ont aucun défaut, ni non plus les éoliennes, ou les panneaux photovoltaïques. Mais ce n’est pas notre sujet.
Autrement dit, il nous est demandé de réaliser en un temps record, une génération et demi maximum (tous les objectifs du GIEC pointent 2050) une transition énergétique, destinée à remplacer 92 % de l’énergie carbonée utilisée dans le monde par… autre chose, sachant que cet autre chose est dans la plupart des esprits l’électricité, ou comme nous l’avons vu ponctuellement, l’hydrogène.
Entre les premières machines à vapeur de Richard Trevithick, autour de 1830, et aujourd’hui, 180 ans se sont écoulés. Il nous a donc fallu 180 ans pour passer de l’ère préindustrielle, où la force humaine et la force animale représentaient probablement 90 % de l’énergie (soustraction faite du vent qui poussait les navires et faisait tourner les moulins, que l’eau pouvait aussi animer), au monde d’aujourd’hui, avec tous ses défauts.
Qui peut penser raisonnable, faisable, de passer en six fois moins de temps à une autre source d’énergie, qui principal problème mais non le seul, n’existe pas encore ?
Dernière crise avant l’apocalypse
Le journaliste économique Jean-Baptiste Giraud est, avec le professeur Jacques Bichot, l’auteur de l’essai « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru le 16 septembre dernier aux Éditions Ring. Les difficultés induites par la transition énergétique est l’un des dix sujets majeurs développés dans ce livre.
Comme dit Jancovici, la transition se fera de gré… ou subit de force… avec toutes les conséquences qu’on voient déjà…
Les « générations futures » seront les plus impactées, quoiqu’on fasse, ou pas; comme depuis que le Monde sait: 1972, rapport Meadows; 1987: définition du « Développement Durable » (raté) rapport Brundtland pour l’ONU!…
Enfin, il n’y a pas de solution miracle ni 1 solution; mais un ensemble de choses à ne plus faire et à faire; chacunes ayant des conséquences sur la survie de la flore et faune (Humains).
La Terre se remettra de cette 6è ou 7è extinction massive.