Dans la famille biodiversité ordinaire, protégeons le triton crêté

Si le triton crêté ne mesure pas les 1,40 m de la salamandre géante de Chine, il reste cependant le plus grand triton d’Europe. Bien présent sur le territoire, il pourrait être considéré comme l’emblème de ces petits milieux humides temporaires ou non et, rien que pour cela, mérite largement qu’on lui consacre un article.

Rédigé par Julien Hoffmann, le 2 Apr 2021, à 18 h 22 min
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Le triton à crête (Triturus cristatus) est un animal inféodé aux milieux humides qui a cependant des phases de vie tout particulièrement terrestres. Malheureusement plus si commun dans notre biodiversité ordinaire, ce triton a pourtant bien eu jadis sa place sur tout le territoire français et bien au-delà !

Le triton à crête, le plus grand et le plus rare des tritons présents sur notre territoire

Mesurant donc tout de même jusqu’à 18 cm de long, le triton crêté ne porte pas ce nom pour rien au regard du découpage caractéristique de sa crête qu’aucun punk n’aurait l’outrecuidance de critiquer.

Mais en réalité son ventre n’en est pas moins caractéristique mais par les couleurs cette fois ! Par contre, dans un cas comme dans l’autre, la femelle ne se pare pas des mêmes atours et reste tout à fait terne.

De belles grandes tâches sur fond jaune et orangé, vous ne vous y trompez pas, c’est un triton à crête… mâle © Dirk Ercken

Le triton crêté a deux phases de vie à savoir une phase aquatique (de mars à juillet/août) et une phase terrestre (de juillet/août à octobre) en fonction des saisons.
Oeufs, larves, crustacés et autres têtards se retrouvent dans son menu quand il a les pattes dans l’eau, alors qu’escargots, larves, petits insectes et divers autres gastéropodes tombent sous sa dent en phase terrestre.

D’octobre à mars le triton à crête hiberne aussi sûrement que le fait la marmotte en montagne. À ce titre il a, aussi sûrement que lors de périodes de sécheresse, besoin de refuge pour se protéger du climat.

Lire aussi : Comment se passe l’hiver pour les animaux qui hibernent ?

Particularités du triton crêté

Le triton à crête apprécie tout particulièrement les mares allant de 50 à 750 m² avec une profondeur variant de 50 cm à 2 m. C’est dans ces eaux qu’il va alors se reproduire, alors encore faut-il qu’il s’y rende. Arrivé au mois de mars (selon le climat de l’année), il va choisir une nuit humide pour aller sur les sites les plus fréquentés par des femelles.

Cycle de reproduction du triton à crête (Triturus cristatus) © azakova Maryia

Pas de parade amoureuse particulière chez ce triton dont la femelle pondra par la suite et sur une période de presque 4 mois jusqu’à 400 oeufs !

Il faudra ensuite 15 à 20 jours aux oeufs pour se transformer en larves qui sont strictement aquatiques et qui possèdent 3 branchies extérieures. À partir de là, le triton grandira jusqu’à atteindre sa taille adulte mais il faudra encore attendre 2 ans avant qu’il n’atteigne sa maturité sexuelle pour un mâle et jusqu’à 3 ans pour une femelle.

Les tritons crêtés peuvent vivre jusqu’à 20 ans en captivité mais dans la Nature c’est une toute autre musique… Un triton a tout simplement une chance sur deux de survivre à l’année.

Statut de protection de l’espèce

Classé en « Préoccupation mineure » sur la liste mondiale de protection des espèces par l’Union International de Conservation de la Nature (UICN), le Triturus cristatus est cependant désormais considéré comme « vulnérable » dans plusieurs régions de France.

Les menaces qui planent sur le triton crêté

La disparition des points d’eau

Sans même parler de la disparition des zones humides en général, les mares et étangs de tous genres suivent le même sort. Mais il y a un facteur aggravant pour le triton crêté dans la mesure où il semble avoir besoin d’un maillage de points d’eau pour vraiment s’installer et pérenniser ses effectifs. Ceci pourrait être dû à une stratégie de lutte contre les dérives génétiques.

La présence de routes

Comme pour beaucoup d’espèces, les routes sont vraiment dangereuses pour les tritons à crête. Il a pu être démontré que lors de ses déplacements (d’un lieu de nourrissage ou de reproduction à un autre par exemple), sa mortalité était importante même sur les routes avec un trafic de 20 véhicules par heure.

La disparition des habitats favorables

La disparition des haies où il évolue en phase terrestre, mais aussi des bosquets et autres arbustes qui lui permettent de se réfugier et de se nourrir ont un impact certain sur la dynamique de l’espèce.

Et tout le reste

Si on ne connait pas réellement l’impact des produits phytosanitaires, on sait à contrario que les opérations de nettoyage et curage des zones telles que les fossés et rigoles végétalisées détruisent des populations entières notamment en période de reproduction.

L’introduction de poissons carnivores, la présence de sangliers notamment quand ils sont concentrés sur des zones d’agrainage (zone de nourrissage au maïs) et l’eutrophisation des milieux de vie (pollution par les engrais) sont autant de menaces qui pèsent sur notre amphibien un peu punk.

Comment venir en aide au triton crêté ?

Si vous voyez une mare naturelle pas trop loin de chez vous, qui dérangerait quelqu’un prêt à la combler… Prenez votre bâton de pèlerin et faites ce qui est en votre pouvoir pour éviter cette perte d’habitat. Si nous n’étions pas allés si loin dans la destruction de tous ces points d’eau et de toute ces mares nous n’aurions pas à devoir nous battre pied à pied.

Il nous reste environ 1 million de mares en France sachant que… Nous avons perdu 1 million de mares sur les 50 dernières années !

triton crêté

Prendre un animal en main n’est pas anodin et à éviter. Si vous devez le faire c’est les mains mouillées pour ne pas le blesser © explorich

Il existe une myriade d’associations locales qui se battent pour les amphibiens, n’hésitez pas à les rejoindre ou à les contacter pour apporter votre pierre à l’édifice avant qu’il y ait plus d’association de protection du triton à crête qu’il n’y a de mares !

Illustration bannière : Triton à crête (Triturus cristatus) particulièrement curieux © Martin Pelanek
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