Trop de lumière sur la route : quand les phares deviennent dangereux

La luminosité des phares des voitures a augmenté… au point de devenir un danger sur la route.

Rédigé par , le 9 Apr 2025, à 10 h 45 min
Trop de lumière sur la route : quand les phares deviennent dangereux
Précédent
Suivant

Depuis plusieurs années, les plaintes fusent : conduite de nuit devenue éprouvante, trajets ponctués d’éblouissements, arrêts d’urgence sur les bas-côtés pour reprendre ses repères visuels. Le phénomène ne cesse de s’intensifier. Mais que s’est-il passé sous les capots et dans les blocs optiques pour que les phares des voitures deviennent aussi agressifs ?

Phares LED, intensité accrue et industrie en roue libre

L’évolution de la luminosité des phares est une réalité. À en croire le chercheur John Bullough, directeur de programme au Light and Health Research Center (Icahn School of Medicine, New York), la réponse tient en deux points très concrets. D’une part, le passage généralisé des ampoules halogènes aux LED ; d’autre part, l’augmentation effective de l’intensité lumineuse sur les vingt dernières années.

« Vous avez sans doute remarqué que de nombreux phares ont aujourd’hui une lumière beaucoup plus blanche et bleutée que les anciens modèles jaunâtres. Ce changement, bien qu’il semble cosmétique, modifie notre perception visuelle. Nos yeux captent plus facilement les teintes bleues, surtout en vision périphérique. Résultat : les LED paraissent plus lumineuses que les halogènes à puissance égale », a-t-il expliqué dans Vox, le 5 avril 2025.

Mais au-delà de cette perception amplifiée, il faut se rendre à l’évidence : la puissance brute a grimpé. Selon Bullough, cette inflation lumineuse trouve notamment son origine dans les protocoles de notation de l’IIHS (Insurance Institute for Highway Safety). Lorsque cet organisme a commencé à évaluer la performance des phares dans ses classements de sécurité, les constructeurs se sont rués vers des optiques toujours plus puissantes pour améliorer leur score de visibilité nocturne.

Quand la sécurité des uns devient le cauchemar des autres

Le paradoxe est cruel. En cherchant à rendre les voitures plus sûres pour leurs occupants, l’industrie automobile a négligé les effets collatéraux sur les autres usagers. Les SUV, déjà surélevés, couplés à des LED ultra-puissantes, transforment une simple voie rapide en véritable piste d’atterrissage visuelle.

Et que dit la réglementation européenne ? Pas grand-chose de rassurant. Le cadre actuel fixe bien quelques plafonds : entre 1 000 et 2 000 lumens pour les feux de croisement ; 40 500 à 215 000 candelas pour les pleins phares. Mais l’intensité perçue ne dépend pas que de ces chiffres. La hauteur du véhicule, la température de couleur et surtout l’orientation des feux jouent un rôle tout aussi déterminant.

Problème : rien n’oblige les conducteurs à vérifier le bon réglage de leurs phares après un choc, un changement d’ampoule, ou une modification de charge. Résultat : une voiture lourdement chargée à l’arrière soulève naturellement le nez… et ses LED avec. L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) alerte depuis 2018 sur les effets délétères de la lumière bleue sur la rétine. Et pourtant, aucune norme européenne spécifique n’encadre les effets photobiologiques de ces faisceaux sur les usagers.

Et en vélo ?
Les règles d’éclairage à respecter pour rouler en toute légalité

Technologies adaptatives : la promesse encore lointaine

Alors, doit-on se résoudre à rouler avec des lunettes filtrantes et le regard baissé ? Peut-être pas. De nouvelles technologies, déjà déployées en Europe, commencent à apparaître aux États-Unis depuis leur légalisation en 2022 : feux à adaptation automatique, high beam assist, phares matriciels capables de moduler leur faisceau selon les conditions et la présence de véhicules.

Lire aussi
Matériaux pour phares de voiture, assurer la durabilité et l’efficacité de l’éclairage

Abonnez-vous à consoGlobe sur Google News pour ne manquer aucune info !




Aucun commentaire, soyez le premier à réagir ! Donnez votre avis

Moi aussi je donne mon avis