L’association BLOOM a récemment pointé du doigt un label MSC sur l’empereur en Nouvelle-Zélande qui autorise sa pêche. Habituellement, cette certification aide le consommateur à acheter durable.
« MSC est officiellement devenu une imposture » pour l’association Bloom
Frederic Le Manach est directeur scientifique de l’association BLOOM, qui oeuvre pour la conservation marine et la pêche durable. Pour lui, cette décision destructrice révèle la perte de crédibilité des labels MSC : « Son système d’évaluation ainsi que sa procédure d’objection sont biaisés et dysfonctionels. (…) La certification de la pêcherie d’empereur lève les derniers doutes : le MSC est officiellement devenu une imposture. À ce stade, il pourrait labelliser la chasse à la baleine, que cela ne nous étonnerait plus. Tout est désormais possible avec eux… »
Un coup de gueule pour défendre un poisson de l’Océan Indien qui vit 150 ans, se reproduit à 30 ans, vit entre 400 et 900 mètres de profondeur. Il n’est pas en voie de disparition pour le moment, car il n’est pas beaucoup consommé, mais sa pêche en masse le rend vulnérable en raison de sa faible productivité biologique.
Une pêche interdite selon l’association Bloom
En 2010, la pêche de l’empereur, appelé aussi hoplostète rouge, a été interdite par la Commission européenne. Depuis, cette interdiction avait été reconduite tous les ans. Malgré les objections des ONG, le MSC a posé son label.
Dans un communiqué, le MSC a répondu aux propos de l’association BLOOM. Pour eux, BLOOM veut faire croire à un « accaparement mercantile du concept de pêche durable par le MSC ». Le MSC est une organisation indépendante à but non lucratif et « a une transparence totale sur cette question. En aucun cas le MSC ne décide de quelles pêcheries entrent en évaluation ou sont certifiées comme l’affirme Bloom régulièrement », explique l’organisation dans son communiqué.
Pour Edouard Le Bart, Directeur de Programme MSC France : « La pêche durable n’est pas un « concept », encore moins créé par le MSC. C’est un enjeu majeur pour l’avenir de notre planète et nous prouvons avec les pêcheries qui s’engagent depuis près de 20 ans qu’une pêche durable est possible »
Il faut néanmoins rappeler que cette certification concerne une pêcherie d’Empereur de Nouvelle-Zélande et non l’ensemble des pêcheries de cette même espèce. En effet, toutes les pêcheries d’empereur ne présentent pas les mêmes conditions d’exploitation, écosystèmes et états des stocks. Ne les confondons pas. Par exemple, la Commission Européenne a interdit la pêche de l’empereur d’Atlantique Nord-Est depuis 2010.
« Notre approche de gestion a été largement modifiée depuis les premières années et est maintenant très précautionneuse. Pour assurer la productivité sur le long-terme de cette pêcherie – pour 100 empereurs adultes évoluant dans les eaux de Nouvelle-Zélande, nous en capturons moins de cinq par an, laissant au minimum 95 d’entre eux afin d’assurer le renouvellement du stock pour le futur », commente George Clement, Directeur Général du Groupe Deepwater, organisation représentant les principaux détenteurs de quota en eaux profondes de Nouvelle-Zélande.
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