L’opposition au projet (ne manque pas d’arguments) :
Première critique de fond faite au projet d’enfouissement : la suspicion qu’il s’agit là d’un aveu d’impuissance face à la question du stockage de déchets nucléaires, produits tout au long du cycle de production de l’énergie nucléaire.
Pollueur-payeur : un risque à la sécurité du projet ?
Deuxièmement, l’ANDRA choisira des maîtres d’oeuvre pour la conception industrielle du site. Le coût du projet s’élèverait à 36 milliards d’euros. Selon le principe du « pollueur-payeur », les industriels du nucléaire devront financer ce projet. EDF, Areva et le CEA (Comité à l’Energie Atomique). Ces derniers, peu décidés à engager une telle somme pour une activité peut rentable, proposent déjà un contre projet de stockage, peut on lire dans un article publié dans Sciences & Vie au mois d’avril.
Leur proposition coûterait bien moins cher et serait réalisable plus rapidement… La question légitime est : ce meilleur prix est-il obtenu au détriment ddes normes de qualités indispensables à ce projet pharaonique ?
C’est le risque, car si l’ANDRA prévoit des méthodes de creusement méticuleuses et faisant appel à une technologie spécifique, en construisant pas à pas afin de pouvoir procéder à des ajustements en fonction des réactions de la roche, le projet d’EDF prévoit par exemple de faire appel à des tunneliers pour grands travaux, promettant un achèvement du chantier en un temps record…(2)
Les autorités françaises se seraient insurgées contre une telle ingérence du privé dans un chantier public, mais l’ANDRA a finalement délégué la maîtrise d’oeuvre de son projet à une société pétrolière dont on peut craindre que la recherche de profit ne soit prioritaire face aux exigences de sécurité. Le souvenir de l’exploitation calamiteuse de Deep Water Horizon par BP et du traumatisme écologique ayant suivi n’est pas si loin …
Alligators 427 et angoisses plus précises
Outre les angoisses formulées dans la chanson, d’autres inquiétudes et critiques sont plus directement portées sur CIGEO par l’opposition au projet, qui regroupe des associations anti-nucléaires et des habitants de communes environnantes :
- avec le risque d’épuisement des ressources, comment assurer l’alimentation électrique ou en eau de la future installation pour des siècles, voire des milliers d’années ?
- pourquoi avoir choisit un emplacement si proche d’une des rares zones sismiques de France ? Il n’y a pas eu de séisme de mémoire humaine en cette région, mais en plusieurs centaines de milliers d’années, que peut on vraiment prévoir ?
- le site n’est-il pas déjà utilisé à des fins de stockage ?
- n’y aura-t-il que des installations souterraines ?
Conclusion : ce n’est qu’un début ! Préparons nous au débat public sur l’enfouissement des déchets radioactifs !
Le débat public sera lancé en 2013. D’ici là, la population peut faire le plein d’information, pour ou contre l’enfouissement à longue durée. Il est primordial de se tenir informé par un projet d’une telle envergure… Pour cela, il s’agit bien sur d’entendre tous les points de vue.
- L’ANDRA ne manque pas de communiquer le sien, mettant à la disposition de tous une somme d’informations, d’outils pédagogiques permettant de bien comprendre ce qu’est un déchet nucléaire, quels sont les tenants et aboutissants du projet de Bure, et plus généralement permettant de « tout savoir sur la radioactivité« . Des journées « portes ouvertes » ont même été organisées en septembre 2011.
Il y a également des campagnes de pub, la mise en ligne de vidéos pédagogiques où, sur un ton un peu badin et avec en fond sonore une musique d’ascenseur, le débat sur le nucléaire est totalement dédramatisé (peut être un peu trop d’ailleurs…).
De l’autre côté, l’opposition au projet ne reste bien sur pas muette, et ne rate pas une occasion de crier son refus du projet. Les associations et acteurs de l’opposition sont très attentifs au déroulement du chantier, et dénoncent, l’épuisement des ressources naturelles d’un côté et la surconsommation d’eau pour le besoin de ce projet de l’autre. Ils pointent le danger de creuser 300km de galeries souterraines près d’une zone sismique, suspectent le site d’être déjà utilisé pour y stocker des déchets alors qu’il n’est censé n’être qu’un « laboratoire »…
Il semble primordial d’avoir un avis sur la question et de se tenir informé de l’évolution de ce projet, et d’aiguiser ses arguments en vue de l’ouverture du débat public en 2013. A suivre donc…
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(1) Andra, Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs
(2) A ce sujet , source : Vincent Nouyrigat, « Ne bradons pas l’enfouissement de nos déchets nucléaires », S&Vie avril 2012)
En savoir plus sur les déchets nucléaires radioactifs :
Cela ne m’étonnerais pas que dans quelques milliers d’années quand les futurs habitants de la terre (des cancrelats géants, pourquoi pas), découvrant nos déchets radioactifs fassent comme nous avec le pétrole: l’utilisent à des fins économiques et énergétiques mais se rendent compte au bout de quelques décennies que « ça pose quelques problèmes environnementaux ». J’espère juste que ces futurs êtres vivant auront l’intelligence de remettre en question leur mode de vie. En fait c’est une question de survie. La question des déchets est un problème grave et non résolu, personnellement je préfère qu’ils soient enfouis à très grande profondeur plutôt que stockés à l’air libre ou dans des entrepôts comme c’est le cas dans la majorité des cas, ce qui est au passage inconscient. Faire peser sur tant de décennies une si lourde responsabilité aux générations futurs est totalement inédit dans notre civilisation. Je crains que ces générations futurs n’inventent la machine à remonter le temps et qu’ils viennent ici pour nous présenter le montant de la facture de nos conneries.
Excellent et réaliste !
Il y a urgence d’amplifier la recherche pour le traitement des déchets nucléaires l’enfouissement n’est pas une bonne solution comment peut on garantir que dans mille ans, l’information ne sera perdue?
Pas de risque sismique dans la région ?
-22-2-2003 :5,4 de magnitude ; 3,5 en août 2007 ; les chiffres de 2007 donnés par l’Est Républicain entre janvier et août indiquent 54 jours avec séismes . Le tremblement de terre de 2003 était un ensemble de 71 épisodes en 3 jours . A 10 km de Bure , le tremblement a causé des fissures dans ma très vieille maison .
enfin un commentaire base sur des observations personnelles, des sources fiables et pas des ragots, enfin un commentaire capable de faire reflechir sur la realite telle qu’elle nous est presentee. Merci
ça pour faire, on sait faire du nucléaire mais quand il s’agit des déchets, c’est advienne que pourra. soit c’est dans la nature soit dans la mer soit dans la terre…pauvre de nous et surtout pauvre de nos enfants. le nucléaire ça n’enrichit qu’une poignée de personnes(t’a vu mes belles maisons..mes belles voitures..mes belles piscines..) mais ça pourrit le reste de l’humanité et ça tue. bravo la France!!!et quand on parle d’arrêter le nucléaire c’est l’épée de Damoclès qu’ils osent faire planer au dessus des têtes de ceux qui travaillent dans les centrales, et l’électricité est de plus en plus chère; servont nous donc de ce que nous avons déjà sous la main; le vent,le soleil,…la mer et surtout un vraie isolation des maisons.
Bonsoir a tous
200 000 ans, quelle langue doit on écrire sur les bidons ou containers de stockage ???
C’est un peu comme si nous avions a gérer les déchets de l’Homme de Néandertal,les commentaires a son sujet ne seraient sûrement pas élogieux !!!
Pourquoi de l’argent pour les énergies vertes a t-elle était détourné pour le nucléaire …
Bien sûr; il faut trouver la solution la plus sûre possible comme si c’était pour l’éternité. On ne peut pas savoir comment les choses vont tourner………….. Mais surtout, toujours avoir à l’esprt que s’ils sont là, c’est parce qu’on a toujours privilégié le profit immédiat. Il e faut surtout jamais oublier qu’on en est responsable et qu’il faut continuer à PAYER pour ne pas alourdir la note et faire constamment des recherches dans l’espoir qu’ils soient un jour utilisés autrement et ne pas en rajouter.
Les habitants de la terre devraient être informés officiellement du VRAI coût du nucléaire, actuel et à venir.
Bonjour,
Pour faire écho à cet article, voila un bon documentaire qui traite justement de ce sujet. Il parle de la question du nucléaire sous l’angle de la temporalité concernant la gestion de l’enfouissement à long terme de ses déchets.
Il s’agit de » Into Eternity « , réalisé par Michael Madsen en 2010 : allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=186799.html
Il est d’autant plus intéressant, car le réalisateur a eu l’intelligence d’éluder les débats classiques qu’il y a entre pro et anti nucléaire. Il nous pousse à nous poser de nouvelles questions et à nous positionner sur des échelles de temps qui nous dépassent largement. Je vous le recommande…
Bon visionnage.