Une consigne pour les bouteilles en plastique : pour ou contre ?

La Secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Bérangère Couillard, invite les industries agroalimentaires, de l’embouteillage, les supermarchés, les associations d’élus, de consommateurs, et les ONG – soit environ 70 parties prenantes – à se réunir à partir du lundi 30 janvier pour discuter de l’éventuelle mise en place de consignes pour les bouteilles en plastique en France. Elle compte prendre une décision sur ce sujet au mois de juin.

Pourquoi instaurer une consigne pour les bouteilles en plastique ?

En Allemagne et dans d’autres pays où elle est en place, la consigne – c’est-à-dire le remboursement des consommateurs pour les bouteilles vides rapportées à un point de collecte – est efficace et augmente les taux de recyclage. Les objectifs européens pour la collecte des bouteilles en plastique sont de 77 % en 2025 et 90 % en 2029, mais les performances de la France ne dépassent pas 60 %, en raison de la collecte insuffisante et souvent absente de tri des déchets plastiques dans la plupart des poubelles de rue ou lieux de travail.

La Secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Bérangère Couillard, estime que grâce à la concertation qui se tiendra au cours des prochains mois, la décision la mieux adaptée à nos objectifs sera prise : atteindre un meilleur taux de collecte des bouteilles, viser 100 % de plastique recyclé, développer le réemploi et lutter contre les dépôts sauvages.

Une collecte qui pourrait réduire les revenus des centres de tri

Le gouvernement reconnaît que l’imposition d’une consigne sur les bouteilles en plastique aurait toutefois pour effet de réduire les flux de plastique dans les bacs jaunes de tri pour le recyclage et les revenus des centres de tri gérés par les collectivités locales. En effet, le plastique PET à recycler, négocié entre 600 et 700 euros la tonne, est devenu une source de revenus pour ces derniers. Cette disposition a d’ailleurs été retirée in extremis lors du vote de la loi Agec en raison de la pression exercée par les collectivités locales.

La simplification du tri des déchets a été mise en place en France depuis le 1er janvier, permettant d’augmenter les volumes de recyclage. Tous les emballages doivent être jetés dans les poubelles jaunes  : les plastiques, les cannettes en aluminium, les boites de conserve en acier, les papiers et cartons.

Les industriels de la plasturgie doivent inclure un pourcentage minimum de plastique recyclé dans leurs produits pour respecter les obligations climatiques européennes. Les collectivités peuvent également tirer un revenu de la collecte de ces déchets. Dans certaines villes, des pillages des poubelles jaunes ont d’ailleurs eu lieu pour alimenter les automates…

Une consigne plastique qui présente des avantages, mais suscite des oppositions

Selon les professionnels, la consigne permet d’augmenter considérablement le taux de collecte des plastiques dans les pays où elle est en place. Les distributeurs sont également intéressés car les automates attirent certains clients qui avaient déserté les supermarchés en raison de la pandémie.

Cependant, certains critiquent la consigne, affirmant qu’elle monétise un geste de tri qui pourrait perdre de son importance. L’association Amorce, qui regroupe les collectivités organisatrices de la collecte et du tri des déchets, considère ainsi que la consigne pourrait réduire la motivation des Français à trier leurs déchets chez eux. De plus, la consigne entraîne un coût supplémentaire pour les personnes qui oublient de rapporter leurs bouteilles vides, car elles ne récupéreront pas le montant versé à l’achat de la bouteille…