Coca-Cola sponsorise la présidence roumaine du Conseil de l’Union européenne. Foodwatch, une ONG qui se bat pour une alimentation sans risques, saine et abordable pour tous et toutes et milite pour plus de transparence dans le secteur alimentaire, exige que ce partenariat cesse au plus vite.
Une volonté de lobbying explicite
Une marque de soda peut-elle sponsoriser une institution ? Oui, et ce n’est en fait pas nouveau. Mais quand il s’agit de la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, tenue par la Roumanie jusqu’en juin 2019, c’est apparemment tout sauf discret.
Parmi les partenaires « platine » de cette présidence, on trouve ainsi aussi bien Renault et Mercedes-Benz, que le fournisseur d’accès à Internet Digi, la compagnie d’électricité Enel, le géant pétrolier OMV Petrom et… Coca-Cola(1).
En 2012, Chypre était sponsorisée par Microsoft. En 2014, la Grèce se servait des véhicules mis à disposition par Audi.
Hier tagen heute die EU-Außenminister : pic.twitter.com/9CZlwSrKxV
— Stefan Leifert (@StefanLeifert) 31 janvier 2019
Mais cette année, impossible de rater Coca-Cola et sa couleur fétiche, le rouge : des réfrigérateurs et des poufs dans la salle de presse, des panneaux indiquant que « le système Coca-Cola soutient fièrement la première présidence roumaine du Conseil de l’UE ». Pourquoi cette présence ?
Des fuites sorties en 2016 sur la stratégie de Coca-Cola expliquaient que la marque entendait riposter aux mesures allant contre ses intérêts, comme une éventuelle taxe sur le sucre en Europe. Dans les prochains mois, les responsables politiques de l’Union européenne vont notamment examiner la révision de la législation alimentaire ainsi que l’étiquetage nutritionnel sur les emballages des denrées alimentaires.
De vrais risques de conflits d’intérêts
Dans une lettre ouverte, l’organisation européenne de défense des consommateurs Foodwatch appelle le président du Conseil européen, Donald Tusk, et la Première ministre roumaine Viorica Dăncilă, à cesser immédiatement ce partenariat. « Alors que la malbouffe et ses conséquences désastreuses sur la santé constituent un vrai sujet de société, il est tout à fait inadmissible que la présidence du Conseil de l’Union européenne soit sponsorisée par Coca-Cola, estime l’association. En outre, cette collusion entre les instances de l’UE et les intérêts des entreprises mine encore davantage la confiance des citoyens dans la politique et les décideurs européens, alors qu’il est au contraire indispensable de renforcer la transparence et la démocratie en Europe ».
En sus de lancer une pétition en France, en Allemagne et aux Pays-Bas où Foodwatch est présente, l’ONG demande au président du Conseil européen, Donald Tusk, de « mettre en place une politique fixant des règles claires pour les futures présidences afin de garantir que de tels parrainages et potentiels conflits d’intérêts ne se reproduisent pas ».
Un « guide de sélection et de passation de marchés pour la formation et l’exercice du mandat de la présidence roumaine » aurait été publié l’année dernière. Si assumer la présidence représente un coût, pour autant, apparemment, aucune règle ne régit ces appels à sponsors, qui sont strictement du ressort des États membres. Mais si tous les pays le font, la discrétion ne semble plus de mise.
Rendez-vous sur le site de Foodwatch pour signer la pétition
Illustration bannière : Coca-Cola, sponsor de l’Union Européenne – © Foodwatch
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