Upcycling, rien ne se perd, tout se transforme

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » ! Cet aphorisme que l’on prête à Lavoisier prend tout son sens dans le concept même d’upcycling. L’idée est simple : transformer un matériau, quel qu’il soit, en objet qui a de la valeur.

Rédigé par , le 25 Feb 2025, à 16 h 11 min
Upcycling, rien ne se perd, tout se transforme
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Mieux que faire du neuf avec du vieux, la tendance est à l’upcycling. Il s’agit là de transformer des déchets en produits de bien meilleure qualité, voire à qui l’on a même ajouté une certaine plus-value. On retrouve de l’upcycling dans les objets du quotidien, les accessoires de mode, les objets de déco et même dans les galeries d’art ! Rien ne se perd, tout se récupère.

L’upcycling, c’est quoi au juste ?

Upcycling, ou « en bon français » upcyclage ou recyclage, est un terme désignant l’action de récupérer des matériaux ou des produits dont on a plus l’usage afin de les revaloriser. On recycle donc « par le haut », en produisant des objets dont la qualité est supérieure au matériau d’origine. Le concept est apparu dans le milieu des années 1990 grâce à Reiner Pilz. Le terme a ensuite été repris par William McDonough et Michael Braungart dans leur ouvrage Cradle to Cradle : Remaking the way we make things paru en 2002.

L’ « upcycling », c’est la création d’une nouvelle valeur pour des déchets à chaque étape du cycle de vie d’un matériau.

Comme le dit si bien Ynès Peyret, auteur de Récupération & Recyclage à tout faire : « Réutiliser, recréer et upcycler c’est super cool, outrageusement créatif, le top de la branchitude » !

Ainsi, en plus de l’aspect indéniablement écologique vu que l’on préfére réutiliser plutôt que de jeter, l’upcycling donne l’occasion de créer et recréer des objets uniques. On retrouve l’upcycling à différents niveaux : en entreprise, sur les podiums et même dans les galeries d’art !

Terracycle : des brigades recyclent vos stylos

L’entreprise Terracycle, fondée il y a maintenant plus de dix ans, ambitionne d’éliminer le concept même de déchet. Comment ? En créant des réseaux de ramassage et des solutions de recyclage et d’upcyclage.

Tout y passe : emballages, stylos, marqueurs… tout ce qui finit aujourd’hui dans nos poubelles et qui est considéré comme non recyclable peut être revalorisé. Terracycle a, pour ce faire, mis en place des Brigades qui correspondent à des programmes nationaux dans 15 pays, dont la France.

Elle propose une large gamme de produits de la vie courante : des pots à crayons, des sacs, des cadres photos…

Vidéo de présentation de Terracycle (en anglais)

Trash to Trend, la plateforme d’upcycling

Trash to Trend est une plate-forme web qui fait la promotion de l’upcycling et de la revalorisation des matériaux dans la filière textile. Son objectif est d’inciter les designers à travailler en même temps avec les fabricants, les marques et les consommateurs.

Trash to Trend propose offre de multiples possibilités de réaliser des opérations d’upcycling et offre des outils d’apprentissage et de coopération, qui favorisent la création d’un marché. Avec cette plate-forme, les designers peuvent ainsi jouer un rôle clé dans la conception d’un vêtement. Elle leur permet aussi de participer aussi au développement de matériaux et tissus moins toxiques mais à durée de vie équivalente.

Ils peuvent aussi contribuer à améliorer les méthodes de production vers les méthodes zéro déchet et une meilleure écoconception. Le but est in fine d’aider le consommateur à comprendre comment changer d’attitude vis-à-vis de ses vêtements.

Upcycling tissus

L’Upcycling tel qu’il a été pratiqué à l’échelle d’une production de masse au Bangladesh a montré sa pertinence : chaque nouveau vêtement fait de déchets génère 84 % de CO2 en moins et utilise 85 % moins d’eau par rapport à un vêtement neuf.

Cyclus et ses sacs en pneu

Les accessoires Cyclus avec leur look « urban-chic » sont uniques ! Ces sacs et portefeuilles sont réalisés à partir de vieilles chambres à air de camions colombiens. Les pneus usagés sont lavés, découpés et transformés dans des ateliers de Bogotá, en suivant une démarche de commerce éthique.

Petit h, quand le luxe se met à l’upcyclage

Hermès a décidé de prouver que luxe et écologie peuvent parfaitement cohabiter, voire s’unir en créant des objets décoratifs et des accessoires à partir de déchets. La grande maison utilise ainsi les rebuts issus de ses ateliers.

Upcycling

Collection Petit h de Hermès

Des morceaux d’étoffes tachées ou présentant un défaut, de la porcelaine fêlée ou encore des chutes de cuir… Tous ces matériaux qui n’ont pas droit de cité dans les collections de ce grand nom de la haute couture se transforment tour à tour en animaux décoratifs, en théières en métal, en colliers de soie et même en haltères tout de cristal et cuir.

Ces objets ont été joliment baptisés OPNI pour Objet Poétique Non Identifié par Pascale Mussard, à l’origine du projet. La maison Hermès explique ainsi « offrir une seconde chance à une matière, à un objet, […] réinventer une forme, un usage. […] Une nouvelle vie naît de l’intuition d’un artiste face à une matière ».

Quand l’upcycling devient un art

Les déchets inspirent les artistes de tous bords : designers, sculpteurs ou peintres, le recyclage devient un art à part entière.

Jeremy Edwards, artiste des rues

L’image de trottoirs jonchés de vieux canapés troués ou de sommiers à lattes en ruine la veille du passage des encombrants n’a rien de très glamour. Qu’à cela ne tienne, le designer anglais Jeremy Edwards a une manière bien particulière de transformer ces vieux meubles destinés à la poubelle en objets d’art. Il sillonne les rues à la recherche de ces matières premières tout droit sorties des caves et des greniers ; puis il démonte, remonte et assemble ces matériaux pour en faire des objets de déco très design.

Upcycling

Exposition Meuble Libre de Jeremy Edwards

 Mark Langan et son art du pliage

Il nomme sa discipline le « Corrugated Art », corrugate signifiant plier, onduler. L’artiste crée ou recrée des oeuvres à partir de boîtes en carton et autres matériaux sans valeur ajoutée. Le résultat est bluffant, à l’instar de sa réinterprétation du fameux « Cri » de Munch pour laquelle il a passé 90h à couper et plier des boîtes !

La chaise pétillante de Marcel Wanders

La chaise du designer Marcel Wanders pour Magis a gardé la transparence de son matériau d’origine et évoque, notamment par ses pieds, une bouteille d’eau pétillante très rafraîchissante bien connue ! La chaise Sparkling (pétillante donc) a été réalisée à partir de PET 100 % recyclé, moulé après soufflage. L’assise et le dossier ont été montés en une seule pièce. Signe particulier de la chaise (outre son aspect écolo et son design ultra frais) : son poids. La chaise pèse à peine 1 kg.

Upcycling

Sparkling Chair, Marcel Wanders pour Magis

Meubles, bijoux ou vêtements : upcycler, cela vous inspire-t-il ?




Je fais partie de ce qu’on appelle désormais les « slasheurs » : je suis rédactrice / sophrologue / et j’enseigne le français comme langue...

14 commentaires Donnez votre avis
  1. Comme d’autres moi j’aime bien les mots français de récupération, réemploi ou encore recyclage employés depuis fort longtemps car ce sont des usages millénaires alors pourquoi « upcyglage » qui ne veut rien dire en français ? Qu’est-ce que ça apporte ? Ça fait plus chic parce que c’est américain, les Américains qui sont, on le sait, les champions de la lutte pour la préservation de l’environnement et contre le réchauffement planétaire…et qui ont donc évidemment des leçons à donner sur ce sujet comme sur d’autres (par exemple dans les rapports d’une démocratie avec la torture).

  2. Il n’est pas anormal de reprendre d’une langue un terme qui n’existe pas en français (sport, ça vient d’où à votre avis?) et par pitié, cessez de nous infliger ces néologismes hideux tels que valocyclage! Recyclage est amplement suffisant, pas besoin de le contracter à valorisation pour qu’on comprenne qu’on « remet dans le circuit ». Ou récupération, si vous préférez, terme qu’on a utilisé pendant des décennies avant recyclage.
    Il est déjà assez énervant de voir proliférer ces canadianismes ridicules et incorrects tels que « professeure », « auteure » ou « écrivaine »: on ne dit pas une fleure, une odeure ou une maine!

  3. j’ai jeté un oeil sur terracycle. Il n’y a qu’une brigade pour le recyclage des stylo (ce qui est très bien, je l’ai déjà proposé au service développement durable du groupe). Par contre, il y en a près d’une dizaine au Royaume-Uni.
    Pourquoi avons nous toujours un train de retard ?

  4. Je trouve super l’idée du « valocyclage » ou « valorcyclage)(moi aussi je trouve dommage de ne pas faire travailler nos méninges pour inventer des mots en français.
    Je connaissais depuis longtemps le travail d’associations dans des filières de commerce équitable ou des associations d’entraide à des populations en difficultés et leurs productions d’objets de décoration ou usuel entièrement à partir de « déchets ».

    Mais, à une grande échelle, concernant par exemple l’utilisation des pneumatiques usagés, je suis perplexe. Et si, à l’instar de la fibre textile à base de bambou qui paraissait très écolo et très prometteuse et s’avère au final pas du tout écologique (à cause des opération de traitement de la matière première, si donc le traitement de ces pneumatiques, par le lavage qu’il nécessite rendait le produit fini beaucoup moins écolo qu’il n’y parait. Car il doit falloir beaucoup d’eau pour les nettoyer, et certainement quelques produits aussi, ne serait ce que pour les désodoriser, car un sac « chic urbain » ok, mais parfum « vieux camion », ça ne doit pas être top!

    J’ose donc espérer que toutes ces initiatives de recyclage valorisé ne se contentent pas de prendre le vent de l’écologie pour filer sur une nouvelle vague à la mode. J’ose espérer qu’à toutes les étapes de la conception à la commercialisation, le respect de l’environnement, et de la vie sous toute ses formes sont prises en considération…

    Désolée pour le bémol. Mais chat échaudé craignant l’eau froide, quand ça semble « super génial », j’ai tendance à chercher à voir la face cachée…

  5. je travaille aussi dans ce sens je récupère des vêtements et accessoires et je leur donne une seconde vie comme je suis une stylite créatrice engagée pour le respect de notre pauvre planète peut importe le terme utilisé c est le contenu qui compte le recyclage
    Quand à vous mr le québécois vous êtes le pays précurseur en la matière et pour ça je me connecte souvent à votre pays que j adore !!!!!!

    • justement, madame zenmode, je voudrais donner les vêtements de ma mère vu qu’elle est n’est plus de ce monde. Il y a des trucs chouettes, mais pas du tout mon style, et de toutes façon je n’entre pas dedans. Vous les voulez? Ecrivez-moi, on s’organisera.

  6. Encore un termes marketing.
    ça se traduit comment en quebécois ?

  7. aberrant!

    vous n’en avez pas marre de nous infliger ces termes barbares , une fois de plus en mauvais franglais ?
    continuez ainsi, et dans 10 ans il ne restera rien de notre belle langue française.
    dites « valocyclage » de valoriser et recyclage, un point c’est tout.
    du coup, je n’ai même pas eu envie de lire votre article..

    bonne journée

    un français de 50 ans…

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