Dans une étude au titre délibérément provocateur « Véhicules d’entreprise : Comment les gouvernements européens subventionnent la pollution et le réchauffement climatique », la Fédération européenne pour le transport et l’environnement, appelée Transport et Environnement, chiffre l’impact en matière de pollution de la fiscalité trop accommodante accordée pour les véhicules d’entreprise.
La politique fiscale actuelle freine la construction de stations de recharge
Plus d’un véhicule sur deux en Europe est un véhicule d’entreprise : 54 % des véhicules en circulation le sont en France, 66 % en Allemagne, 67 % aux Pays-Bas et 71 % en Pologne(1).
Et ce n’est pas étonnant : lorsqu’elle achète un véhicule, une société peut prétendre à une réduction de sa TVA ainsi que bénéficier de dotations pour amortissement, autant de leviers fiscaux qu’un particulier ne peut pas actionner.
D’après les calculs de l’organisation européenne Transport & Environnement, qui regroupe une cinquantaine d’ONG actives dans le domaine du transport et de l’environnement, ces avantages se chiffrent à 32 milliards d’euros par an.
Autant d’argent qui aurait pu servir à la construction de stations de recharge, estime T&E, en sachant que ce vaste chantier nécessitera un investissement de 2 milliards d’euros à l’horizon 2030.
Transport & Environnement recommande donc d’abolir ces avantages fiscaux afin de financer la transition vers les véhicules électriques.
Passage aux véhicules électriques : les sociétés de leasing ont leur rôle à jouer
Dans son plaidoyer, le groupement d’ONG vise aussi les entreprises elles-mêmes et les sociétés de leasing.
Les entreprises d’abord, qui choisissent d’acquérir quasi-exclusivement des véhicules thermiques (96 % de la flotte). Et pourtant, les calculs réalisés par T&E montrent que des deux types de véhicules, le coût à l’utilisation des véhicules électriques est le plus bas : 0,93 euro/km contre 0,43 euro/km pour un véhicule thermique.
Sur une période de quatre ans (soit la durée moyenne d’utilisation d’un véhicule par une entreprise) l’économie pourrait atteindre 4.300 euros. Le problème a d’autant plus d’importance que les véhicules d’entreprise parcourent 2,25 fois plus de km en moyenne que les véhicules des ménages.
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Les sociétés de leasing, elles aussi, pourraient mieux faire. La part des véhicules électriques au sein de leurs flottes reste encore trop peu élevée : 15 % pour ALD (une filiale de la Société Générale) et autant pour Arval (une filiale de BNP Paribas), 9 % pour LeasePlan et 8 % pour LEXAutolease (une filiale de Lloyds Bank).
Cela fait que l’ensemble de la flotte actuelle de ces sociétés (10 millions de véhicules) de leasing occasionne aujourd’hui 44,3 millions d’émissions de CO2 par an, soit plus que la plus grande centrale à charbon d’Europe, plus que la société de transport maritime la plus polluante, plus que la compagnie aérienne la plus polluante, et autant qu’un pays européen entier (la Slovaquie).
Illustration bannière : Une augmentation du salaire brut coûte plus cher à l’employeur qu’une augmentation du salaire net. La voiture de société constitue une bonne alternative. En plus c’est fiscalement avantageux ! © Tero Vesalainen
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