Qu’il soit de ville, de route ou à assistance électrique, le vélo est un mode de déplacement qui allie écologie, performance, santé et économie. Apanage des classes aisées au XIXème siècle, la bicyclette entre au XXème siècle dans l’ère de la « vitesse populaire », à la fois dans une logique utilitaire et de loisirs. Cependant, avec l’essor et la popularisation de la voiture dans la période de l’après-guerre, la pratique cycliste s’effondre partout en Europe. Il faut attendre les années 70 pour qu’une véritable réaction politique dans les pays du Nord (Pays-Bas, Danemark, Allemagne) permette de relancer l’usage du vélo.
La France, au contraire, réagit avec beaucoup d’inertie accumulant désormais un retard de 20 à 25 ans par rapport à ses voisins européens : la part modale du vélo y est estimée à 2 % ou 3 % actuellement, alors que le Grenelle de l’environnement en 2008 avait fixé un objectif de 10 % à l’horizon 2020.
Le vélo bien plus qu’un loisir : comment en refaire un vrai mode de déplacement
Dans sa note rédigée pour La Fabrique Ecologique, le groupe de travail présidé par Yoann Rouillac s’est intéressé notamment aux bénéfices pluriels, aux obstacles collectifs et individuels ainsi qu’aux incitations politiques à choisir le vélo comme mode de déplacement quotidien.
Cette note montre que les freins sont encore nombreux en France : notamment la pesanteur d’un urbanisme structuré autour du « tout-voiture », mais aussi le sentiment d’insécurité, la peur du vol, le manque d’infrastructures pour provoquer la « sécurité par le nombre », l’enchevêtrement de compétences locales et nationales, etc. Elle estime néanmoins que le déclin du vélo n’est pas inéluctable : c’est un choix politique et sociétal.
Il s’agit, selon le groupe d’étude, de donner une véritable impulsion nationale pour massifier l’usage du vélo et encourager les bonnes pratiques développées essentiellement au niveau local. La France manque, en effet, de stratégie nationale et de politiques publiques ambitieuses. Elle ne consacre par exemple que 0,01 euro par an et par habitant au vélo, contre 1,24 euro en Allemagne et 4,82 euros au Danemark…
Dans ce cadre, La Fabrique Ecologique propose 3 pistes d’action :
- Créer une Mission Interministérielle pour le Vélo (MIV) qui aurait pour rôle principal d’être un pilote national des politiques publiques françaises en faveur du vélo. La MIV aurait pour missions de faire une veille législative et de s’assurer de la cohérence dans les textes réglementaires, de recenser les bonnes pratiques et lancer des expérimentations, de garantir les règles pour l’aménagement d’un espace public pour aboutir à un système cyclable cohérent. Sa première action serait le lancement d’un programme national de sensibilisation à l’usage du vélo.
- Mettre en place un fonds d’investissement pour les mobilités actives, afin de résoudre l’insuffisance des investissements en infrastructures cyclables dans les territoires. Celui-ci pourrait être notamment alimenté par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, première bénéficiaire des gains financiers apportés par une réduction de la sédentarité.
- Rééquilibrer les incitations financières par les employeurs pour les trajets domicile – travail de leurs salariés, en instaurant un Budget Unique Mobilité qui permettrait de soutenir la mobilité sans distinction de mode de transport (aujourd’hui les incitations financières favorisent les transports motorisés individuels qui sont pourtant les plus polluants).
Un sujet pour le prochain Président de la République ?