N’importe qui peut-il, suite à un nouveau décret passé en catimini, vendre son animal à un laboratoire, comme s’en est inquiété la fondation 30 millions d’amis ?
Fournir les laboratoires de recherche – Une règle générale et des dérogations
C’est un décret paru le 17 mars dernier qui a suscité une vague virale en ligne ces derniers jours : passé discrètement en pleine vague de coronavirus, il permettrait, expliquait 30 millions d’amis, d’assouplir les conditions pour les expérimentations animales.
Conséquence directe : tout le monde pourrait vendre son animal de compagnie à un laboratoire. « Les élevages de chiens de chasse, d’animaux de compagnie ou encore les particuliers peuvent désormais vendre leurs animaux à des laboratoires », ont expliqué les défenseurs des animaux.
Mais ce n’est pas si simple : en fait, la règle générale demeure. Les animaux utilisés par les scientifiques doivent toujours « provenir d’éleveurs ou de fournisseurs agréés ». On recense, selon les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, 1.910.519 animaux utilisés dans les laboratoires en France en 2018, neuf sur dix venant de ces filières réglementées.
Des dérogations pouvaient, avant ce nouveau décret, être accordées « sur la base d’éléments scientifiques dûment justifiés lorsque la production des éleveurs agréés est insuffisante ou ne convient pas aux besoins spécifiques du projet ». Dans la nouvelle version, la phrase s’arrête désormais à « justifiés ».
8️⃣6️⃣ % des Français veulent l’interdiction totale de l’expérimentation animale [Baromètre Fondation #30millionsdamis / @IfopOpinion – 2020] #StopExpérimentation pic.twitter.com/l8wgsGq2Hb
— 30 Millions d’Amis (@30millionsdamis) June 28, 2020
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Fantasme et méconnaissance
Qu’est-ce que cela change ? En fait, cela ne veut pas dire que n’importe qui peut vendre son animal à un laboratoire.
Au contraire, les dérogations resteront l’exception et, surtout, désormais seule la justification scientifique sera valide. Ainsi, il n’est plus possible d’invoquer une production insuffisante ou un besoin spécifique pour avoir recours à des animaux issus d’élevages non agréés pour la recherche.
Ce décret vient donc en fait limiter les cas ouverts pour justifier une demande de dérogation.
« Le décret du 17 mars n’a absolument pas été adopté en catimini, mais travaillé pendant un an en retenant quelques dispositions demandées par les organisations de défenses des animaux », affirme de son côté la fondation Brigitte Bardot.
« Les interprétations alarmistes sur ce texte nous semblent donc relever du fantasme, de la méconnaissance, et non d’une étude rigoureuse du décret et de ses applications ».
La Fondation souligne par ailleurs qu’il est désormais prévu de doubler la représentation des associations de protection des animaux au sein de la Commission nationale de l’expérimentation animale, avec six représentants au lieu de trois.
Elle devient d’ailleurs la « commission nationale pour la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques ». Pour autant, la Fondation Brigitte Bardot milite encore et toujours pour la fin de l’expérimentation animale.
C’est pourquoi elle travaille, au sein de la coalition Eurogroup for Animals, à la révision de la directive européenne « avec comme objectif un engagement des États membres à soutenir le développement de méthodes substitutives qui permettront de bannir, à terme, l’expérimentation animale ».
Illustration bannière : Des millions d’animaux sont sacrfifiés chaque année dans les domaines de la recherche, de l’enseignement, de l’armement, de la pharmacologie, de la toxicologie… – © vi mart
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