Le vendredi 13 est pour de nombreuses personnes un jour de chance, qui donne lieu à un loto vendredi 13 spécial. Pour un plus grand nombre de personnes encore, la journée est pourtant associée à la malchance, et ce depuis des centaines d’années. D’où viennent donc ces croyances ?
Vendredi 13 : origine des superstitions, chance ou malchance ?
Amis des informations insolites, vous pourrez utiliser le mot tiré du grec « paraskevidékatriaphobe », l’adjectif désignant une personne qui craint le vendredi 13.
De nombreuses personnes sont paraskevidékatriaphobes
Et cela prend des formes diverses : on évite de programmer des événements un vendredi 13. La peur du vendredi 13 est double : elle combine l’aversion pour le vendredi et la triskaïdékaphobie, soit la phobie du nombre 13.
La terreur du 13 est tellement répandue qu’on l’évite dans bon nombre de situations : on réunit rarement 13 convives à table. On l’évite pour les événements, spécifiquement ceux liés à des risques, comme par exemple dans les avions où la 13ème rangée n’existe pas la plupart du temps.
Dans les immeubles également où, pour la même raison le 14ème étage remplace artificiellement le 13ème étage, ou celui-ci est tout simplement fermé au public. Dans ce dernier cas, il s’agissait toutefois d’une contrainte technique à l’origine, les architectures des années 1930 de New York conseillant alors de ne pas dépasser treize étages pour des raisons de sécurité(1).
Un mélange de superstitions
La cause des superstitions autour du vendredi 13 est en réalité un peu floue, et s’il n’y a pas qu’une seule version on y rattache invariablement une origine occidentale. Dans certains pays, d’autres nombres sont d’ailleurs plus terrifiants que le 13, comme le 39 en Afghanistan(2), le chiffre 4 dans de nombreux pays d’Asie orientale(3) ou le 7 en Chine(4) et au Japon.
Le 13, en revanche, est notamment rattaché à la Cène, le dernier repas de Jésus-Christ décrit dans la Bible. Treize convives, dont un traître, Ponce Pilate, qui mène Jésus à sa perte. Et le Christ serait d’ailleurs mort un vendredi, d’où la tradition du Vendredi Saint.
Le vendredi lui-même est associé à diverses croyances négatives comme l’histoire de la déesse de la mythologie nordique Frigg (ou Frigga), épouse d’Odin et bannie par le christianisme, qui viendrait se venger chaque vendredi en envoyant un diable et douze sorcières(5).
Et le vendredi 13 est lié à plusieurs épisodes négatifs dans l’Histoire, à commencer par l’arrestation des Chevaliers du Temples par Philippe le Bel le vendredi 13 octobre 1307, qui pourrait être à l’origine de la paraskevidékatriaphobie.
Plus récemment, des événements comme les attentats de Paris en 2015 ont alimenté cette peur, le symbolisme pouvant tout à fait mener à une action terroriste symbolique.
À l’inverse, d’autres personnes sont intimement persuadées que le nombre 13 porte chance. Une société secrète fondée au Collège de William et Mary, la deuxième plus ancienne université des États-Unis après Harvard, s’appelait d’ailleurs Le Club des Treize (the Thirteen Club), pour contrer l’idée que treize personnes à table porte malchance.
Des conséquences concrètes sur l’économie
Les recherches ne montrent pas une augmentation ou une diminution de la chance le vendredi 13(6). Les chercheurs alertent par contre sur l’influence des biais cognitifs, poussant par exemple les personnes travaillant dans le milieu médical à pousser la logique du côté de la malchance face à un pick d’activité(7).
La peur du vendredi 13, à l’instar du coronavirus en début d’année 2020, ralentit l’économie, ne serait-ce que par le refus de nombreuses personnes de voyager, de travailler et de faire des affaires et cet impact se ressent y compris dans les marchés asiatiques par rebond(8).
Les études montrent pourtant que la Bourse se porte en moyenne bien mieux les vendredis 13. Il s’agirait donc simplement d’un seul biais cognitif.
Comme toute phobie, la paraskevidékatriaphobie est irrationnelle, à l’instar de l’humeur du jour, elle influence simplement, mais en profondeur, notre pouvoir à prendre des décisions(9).
Le Centre d’Études statistiques néerlandais met également une autre conséquence en avant(10) : le vendredi 13 rendrait les gens plus prudents.
Encore peur du vendredi 13 ? Considérez aussi les autres traditions ! Chez les Romains dans l’Antiquité, si le 13 n’était pas très positif puisqu’il rompait l’harmonie, comme chez les Grecs, le vendredi était le jour de Vénus, soit le jour de l’amour.
Article republié
- Glaeser, Edward. Triumph of the City. Penguin Press, 2011.
- https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/07/22/97001-20140722FILWWW00150-l-afghanistan-et-la-malediction-du-numero-39.php
- Comme l’atteste le livre suivant : Chevalier, Jean et Alain Gheerbrant. Dictionnaire des symboles. Éditions Chevalier, 1982.
- https://www.cchatty.com/14-numbers-and-Chinese-culture-g-100088
- Dictionnaire des symboles
- Fidrmuc, Jan, and Juan de Dios Tena. « Friday the 13th : The empirics of bad luck. » Kyklos 68.3 (2015) : 317-334.
- Vinson, David R. « Superstitions in medicine : bad luck or bad logic ?. » Annals of emergency medicine 31.5 (1998) : 650-652.
- Auer, Benjamin R., and Horst Rottmann. « Is there a Friday the 13th effect in emerging Asian stock markets ?. » Journal of Behavioral and Experimental Finance 1 (2014) : 17-26.
- Dixon, Jacob, and Katrina Franda. « Friday the 13th : How Superstitions, Luck, and Mood Influence Decision Making. » (2019).
- https://uk.reuters.com/article/us-luck-idUKL1268660720080613
Ce n’est pas Ponce Pilate le traître, mais Judas !