Il y a sans doute des dizaines de milliers d’animaux qui sont capables de secréter du venin qui leur sert d’arme d’attaque ou de protection parmi lesquels, les araignées, les serpents, les scorpions …La recherche biologique s’intéresse vivement à ces venins bourrés de toxines (jusqu’à 300), et s’en sert pour améliorer ou créer des médicaments. Voici un exemple de recherche met à Saclay, près de Paris.
Le venin est une banque de peptides intéressantes
Au sein de l’Institut de Biologie et de Technologies de Saclay (iBiTec-S) du CEA de Saclay, Denis Servent anime une équipe de chercheurs qui est l’une des plus avancées au monde sur la recherche portant sur les venins, des substances qui regorgent de toxines.
Le saviez-vous : les toxines animales seraient au nombre de 40 millions dont seules 3.000 ont été identifiées à ce jour et 1.000 ont fait l’objet d’une caractérisation pharmacologique.
Trouver de nouveaux antidotes, identifier de nouvelles molécules
« Les recherches poursuivies dans notre équipe visent à exploiter l’immense ressource que constituent les toxines présentes dans les venins et qui ont été sélectionnées au cours de l’évolution pour cibler souvent de façon extrêmement puissante et sélective des cibles moléculaires jouant un rôle physiologique majeur. »
Leur postulat d : ils considèrent qu’un venin n’est pas une simple source de toxines toxiques mais représente plutôt « une banque de peptides à partir desquels il est possible de trouver des activités particulièrement intéressantes pour l’homme« , notamment thérapeutiques.
La recherche sur le venin de Mamba vert
Nicolas Gilles est un biochimiste qui est entré au CEA au début des années 1990, comme technicien dans un laboratoire de marquage de protéines. Il a obtenu le diplôme d’ingénieur du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), puis mené une thèse de doctorat sur les venins sous la direction d’un spécialiste des toxines de scorpion.
< Le mamba vert, Dendroapsis angusticeps
Crédits : CEA
Le principe est généralement le suivant : il s’agit de sélectionner un toxine intéressante parmi celle que contient le venin puis de la modifier. On conserve ses propriétés utiles mais on limite sa toxicité. Ce n’est plus alors un poison mais un médicament !
« Je suis passé ainsi de la biochimie des protéines à la pharmacologie des canaux ioniques« , explique-t-il. Il travaille aujourd’hui sur la pharmacologie moléculaire.
La recherche sur les toxines animales est un sujet exploré par des dizaines de chercheurs. Lui s’attache à « une mini-protéine facile à manipuler et pouvant servir de base pour l’étude de l’interaction protéine-protéine ». C’est ainsi qu’aujourd’hui on présente ces protéines en les utilisant aussi comme outil de marquage ou de contraste pour étudier leurs récepteurs cibles.