Alors que les pics de pollution se multiplient, tous les maires de France se seraient-ils ligués contre les automobilistes ? La voiture reste le déplacement principal des Français, puisque selon la dernière enquête de mobilité nationale, on parcourt en France des distances en voiture. Dans quelle ville vaut-il mieux donc vivre en France, selon qu’on soit un inconditionnel de la voiture, ou un farouche anti-bagnole ?
Le Havre, Calais, Marcq-en-Baroeul : automobilistes, ce sont les 3 villes de France soi-disant les plus « auto-philes »
En avril 2014, 40 millions d’automobilistes, « l’association des automobilistes raisonnables et responsables » révèle le classement des villes où « il fait bon rouler », sur la base d’un sondage en ligne selon six critères « permettant d’évaluer la qualité et l’efficacité des politiques municipales relatives à la place de la voiture particulière en ville » : stationnement, fluidité du trafic, état des routes, intégration des routes dans leur environnement esthétique, signalisation, et moyens de transport complémentaires à l’automobile.
Cette campagne de communication permet à quelques élus municipaux de s’auto-(sans mauvais jeu de mot) déclarer « autophiles », c’est-à-dire aspirant à des « villes qui ne tombent pas dans un courant idéologique faussement vert qui ne répond pas aux attentes de mobilité des habitants ».
Furent alors primées, dans cet ordre :
Villes de plus de 100.000 habitants : 1. Le Havre, 2. Reims, 3.Metz
Villes de 50.000 à 100.000 habitants : 1. Calais, 2. Tourcoing, 3. Lorient
Villes de 30.000 à 50.000 habitants : 1. Marcq-en-Baroeul, 2. Châtellerault, 3. Dreux
Le Havre, Reims et Metz ont pourtant fait augmenter le coût du stationnement entre 2008 et 2014 de, respectivement, de +20 %, +7 % et +25 % – plus ou moins en ligne avec les autres villes de France -, tandis que la ville d’Auxerre les faisait baisser de 20 %.
A l’autre extrême figurent des villes telles que Le Mans (+67 %), Roubaix, Saint-Nazaire (+50 %), ou Nantes (+47 %).
Embouteillages – les villes françaises où l’on circule le moins bien
Selon le fabricant de GPS TomTom, les 10 villes les plus encombrées de France par le trafic automobile sont les suivantes (avec, quand les données sont disponibles, telles que fournies par la société d’info-trafic américaine INRIX, le temps moyen perdu par automobiliste par an dans les embouteillages) :
1 – Marseille
2 – Paris (55 heures)
3 – Lyon (43 heures)
4 – Bordeaux (41 heures)
5 – Nice
6 – Montpellier
7 – Toulouse (39 heures)
8 – Strasbourg (37 heures)
9 – Nantes (32 heures)
10 – Lille
Marseille et Paris sont ainsi les 7ème et 8ème villes d’Europe les plus encombrées. L’analyse révèle aussi que le mardi est la pire journée de la semaine pour circuler le matin à Paris, et le vendredi pour circuler le soir, tandis que le vendredi matin et le lundi soir sont les périodes les moins congestionnées. A Marseille, il faut aussi éviter de circuler le mardi matin et le jeudi soir, et les embouteillages sont les moins importants les mercredis matin et lundis soir.
En bas de classement figurent les villes de Clermont-Ferrand et Tours, en tant que villes les moins embouteillées de France.
Le coût croissant des embouteillages
Même si la majorité des grandes villes ont vu le nombre d’heures perdues dans les bouchons diminuer entre 2012 et 2013, le coût total cumulé des embouteillages atteindra pour la France 22 milliards d’euros entre 2013 et 2030, toujours selon INRIX, soit une hausse de 30 % par rapport à la situation actuelle.
Les prévisions sont donc à la hausse des embouteillages en ville en France, plutôt qu’à la baisse. Un coût faramineux dû à plusieurs facteurs : l’augmentation du parc automobile, l’évolution des coûts automobiles, la hausse du PIB par habitant et l’accroissement de la population.
Matt Simmons, Directeur Europe d’INRIX en conclue que « si nous ne réagissons pas dès maintenant, la saturation des axes routiers aura de très graves conséquences pour l’économie du pays, les entreprises et les citoyens dans les années à venir. Et ce sera bien pire encore à l’horizon 2030 ».
La question n’est pas de détester les voitures
Si vous posez la question à un automobiliste s’il souhaite avoir moins d’embouteillage et pouvoir mieux rouler lui ou elle en voiture en ville – même à 40 millions d’ailleurs -, il y a de fortes chances qu’il (ou elle…) vous répondra par l’affirmative.
Toutefois, tous les facteurs convergent pour faire croître le trafic automobile en ville et en dehors des villes, et donc aggraver les embouteillages : baisse du coût de possession d’un véhicule, amélioration du niveau de vie général, demande pour les déplacements en voiture forte, et accroissement démographique. La hausse est donc bien inéluctable, à moins de mener une politique de transfert modal, permettant aux usagers de passer de la voiture à un autre mode de transport, moins gourmand en énergie et espace.
Un meilleur bilan de pollution pour les villes « tram »
Les études de l’INSEE, l’institut national de statistique, montrent clairement que « des réductions d’émissions sont possibles« , et passent les efforts pour « rendre le parc automobile moins émissif », par « remplacer la voiture par d’autres modes de transport plus sobres » et donc « par un meilleur équilibre des modes de déplacements au profit des transports en commun, du vélo ou de la marche ».
Par exemple, en analysant les villes françaises de taille équivalente qui ont une bonne offre de transports en commun, et notamment qui recourent au tram, on constate que cette offre est un facteur fort de réduction de la pollution.
L’édile de Strasbourg a supprimé d’un coup plusieurs centaines de places gratuites pour favoriser… l’écomobilité! (on est en pleine novlangue, façon 1984).
Résultat : plus de circulation, plus de gaz dans l’atmosphère, plus de journées de pollution.
Conclusion de l’équipe en place : il faut accentuer la répression à l’égard des automobilistes et baisser les vitesses jusqu’à des points ridicules y compris sur l’autoroute.
« Strasbourg, Nantes, La Rochelle… ces villes qui ont diminué la part de l’automobile, sans faire enrager les automobilistes »
Sans faire enrager les automobilistes…. la bonne blague!!
J’habite à La Rochelle et la circulation ça devient de plus en plus n’importe-quoi!
Moins de voitures en centre-ville c’est bien, mais dans ce cas il faut optimiser la circulation de façon à avoir moins besoin de rouler. La circulation en centre-ville même a peut-être diminuée, mais pas en périphérie! Les trajets sont plus longs, c’est le bazar avec des sens-unique partout, pour peu qu’on se loupe d’une rue, obligé de refaire tout le tour! Résultat : on conduit + => plus d’émission de gaz.
Je ne sais pas où vous avez eu ces informations, mais personnellement je ne connais pas un rochelais qui ne râle pas à propos de la circulation! 🙁
Dans vos statistiques des 10 villes où on circule le moins bien, vous avez oublié Grenoble ! Dans cette agglo, le tram et les transports urbains existent mais rien n’est prévu pour les malheureux qui sont juste obligés de passer via Grenoble. Le relief aidant, ils n’ont pas le choix et se retrouvent bloqués. Aucun aménagement digne de ce nom n’est réalisé pour désengorger la ville.
Toutes ces préconisations sont aisées lorsqu’on est citadins et dotés de moyens de transport public facilement accessibles. Sinon on est bien obligé d’avoir recours à la voiture !
C’est pour moi une simple question de courtoisie; de la même façon que l’on ne jette pas ses papiers par terre on ne balance pas ses gaz à la figure des voisins et on obstrue pas l’espace public avec son véhicule abandonnée sur l’espace public. Vous me direz que ce n’est pas facile: il faut être éduqué!
Frédéric : je suis tout à fait d’accord avec vous. C’est un minimum de respect. Malheureusement il y a très peu de français bien éduqué et respectueux.
Vivre sa vie dans une boite à 4 roues rien de plus triste et ennuyeux.