La Suède, le premier pays à avoir aboli les châtiments corporels
En Suède, le premier pays à avoir légiféré contre les châtiments corporels en 1979, l’annonce de cette censure française a beaucoup choqué. Un mélange de colère et d’incompréhension face à une décision jugée barbare par des générations de suédois élevés sans violence éducative. Les plus jeunes d’entre eux ignorent parfois même le sens du mot « gifle » ou « fessée » tant cette pratique n’est plus tolérée par la société suédoise.
En Suède, on préfère s’appuyer sur des méthodes éducatives plus douces et respectueuses de l’intégrité des enfants. Le corps de l’enfant est clairement intouchable et l’on mise davantage sur le dialogue, l’empathie et l’écoute respective pour éduquer ses enfants. On considère que les enfants d’aujourd’hui feront la société de demain et que s’ils sont élevés dans le respect et la paix, leur société sera le reflet de cette non-violence clairement transmise et assumée.
Cette philosophie éducative, qui peut sembler naïve et profondément rousseauïste, porte d’ailleurs ses fruits puisque le taux de meurtres a baissé en Suède de plus de 30 % depuis les années 70. Ces statistiques sont une preuve éclatante de l‘impact de ces méthodes non-violentes au niveau sociétal, mais celui-ci est souvent masqué par une lecture rapide, un refus de prendre en compte la spécificité du mode de calcul suédois qui comptabilise chaque occurrence de la violence et non pas, comme nous le faisons chez nous, une seule unité pour une violence répétée.
« Même qu’on naît imbattables », un cri du coeur suédois
Alors pour aider les français à sortir de ce déni incompréhensible et à trouver d’autres manières plus humaines et plus respectueuses d’éduquer leurs enfants, un petit voyage dans ce royaume où les enfants apprennent dès leur plus jeune âge, à verbaliser leurs émotions, où l’on enseigne l’empathie pour mieux comprendre l’autre et éviter le conflit et la violence, est peut-être utile.
Marion Cuerq, une jeune française installée en Suède depuis près de cinq ans a longuement travaillé sur ce thème. Elle a réalisé un premier film intitulé « Si j’aurais su, je serais né en Suède » qui adopte délibérément le point de vue des enfants et tente de faire comprendre aux adultes l’injustice dont sont victimes les enfants mais aussi l’impasse de ces pratiques en terme d’éducation.
Elle a décidé aujourd’hui de récidiver avec une suite et un film intitulé « Même qu’on naît imbattables ».
Consacré également à l’éducation non-violente, le film s’intéresse au regard des jeunes suédois sur la violence éducative subie par les enfants en France. Toujours filmé à hauteur d’enfants, avec une vraie trame narrative et ponctué d’interventions d’éducateurs et de spécialistes de l’éducation, le film interroge des enfants de plusieurs tranches d’âges, mais aussi des enfants devenus grands (en d’autres termes des adultes-parents) et des professionnels de l’éducation sur leur perception de cette violence éducative.
Voici la bande-annonce de ce film intitulé « Même qu’on naît imbattables », qui est encore en cours de réalisation et que vous pouvez soutenir et même financer en tant que producteur sur la plateforme touscoprod(3).
Le film permet de mieux comprendre que la fessée ou la claque ne sont pas des solutions éducatives, qu’elles laissent des blessures intérieures indélébiles qui empêchent les enfants de s’épanouir pleinement et de devenir de beaux adultes, bienveillants et responsables. Les adultes ont aujourd’hui à leur disposition de nombreuses solutions pour comprendre le développement psychologique des enfants, des méthodes pour les aider à verbaliser et à canaliser leurs émotions. Ils ont les moyens de les aider à grandir sans violence et à leur tour, d’éduquer sans violence.
Le respect par la confiance plutôt que la peur
Un extrait de ce film, très intéressant à mon avis, nous fait découvrir le témoignage d’une franco-suédoise, Michelle, élevée en Suède mais qui passait ses vacances d’été en France. Elle raconte la peur dans les yeux de ses petits camarades français après une bêtise de groupe et se souvient de cette petite phrase, demeurée pour elle longtemps mystérieuse, « Ça va faire mal ». Même si le cerveau de l’enfant refoule cette douleur et l’oublie pour pouvoir avancer et se développer, elle est bien là pour toujours dans son cerveau.
Même si la terreur et la menace peuvent contraindre l’enfant, et l’obliger à respecter certaines règles, même si elles peuvent aussi permettre de contrôler son comportement, elles ne résolvent rien et ne permettent pas à l’enfant de comprendre ses erreurs ou ses manquements pour avancer et grandir sainement. La confiance et les encouragements prennent parfois plus de temps mais sur le long terme, ils sont indiscutablement plus efficaces et moins ravageurs sur le développement psychologique de l’enfant. « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » écrivait déjà La Fontaine, cet adage fonctionne également en termes d’éducation.
Un enfant que l’on respecte et à qui l’on fait confiance sera plus respectueux, moins méfiant à l’égard des autres, de ses camarades mais aussi à l’égard des adultes qu’il percevra comme des guides plutôt que comme des créatures dont il faut se méfier et qui peuvent le trahir à tout moment. La relation gagnera en stabilité et en profondeur et elle aidera l’enfant à devenir un adulte responsable et libre.
Cette éducation non-violente est donc la clef d’un monde meilleur, derrière la porte un avenir dégagé se profile, où la coopération peut l’emporter sur une compétitivité forcenée, où des relations plus saines entre adultes et enfants prônent.
Pour participer au financement du film contre les violences éducatives ordinaires
Illustration bannière © Xavier_S81 – Shutterstock
L’article nous trompe dès le début avec cette phrase :
» un groupe de parlementaires républicains saisissaient, en catimini, et alors que les français étaient occupés par les fêtes de fin d’année, le Conseil Constitutionnel pour faire abolir cette loi »
On est tous vraiment désolé que les décisions prises pendant les fêtes de Noël ou les vacances d’été intéressent peu les Français.
Ce n’est pas la faute des dates mais des gens qui s’en désintéressent.
De plus en République, rien n’est pris « en catimini » : tout est public.
Donc, il faut juste être attentif et ne pas mentir.
Merci.
Merci pour votre article. Par contre, attention, grosse erreur au début de celui-ci : l’article voté le 22 décembre dernier ne prévoyait absolument pas des amendes aux parents qui donnent des fessées à leurs enfants. L’article était un article du code civil (et non pénal) et ne prévoyait aucune sanction mais au contraire des campagnes d’informations, de sensibilisation et l’accompagnement des parents et des professionnels de la santé et de l’éducation.