Combien de temps une forêt tropicale met-elle à guérir ? C’est ce qu’ont voulu savoir des chercheurs, spécialistes des écosystèmes forestiers, notamment amazoniens.
La croissance des arbres suivie sur des décennies
Quand on coupe une forêt tropicale, combien de temps faut-il pour obtenir de nouveau une biodiversité satisfaisante et qu’elle puisse remplir son rôle de poumon vert ? Un rôle essentiel pour stocker du carbone et limiter la libération de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
C’est pourquoi une équipe internationale de spécialistes des écosystèmes forestiers a cherché à quantifier le temps de régénération des forêts tropicales, qui abritent pas moins de 53.000 espèces recensées à travers la planète. À quelle vitesse peuvent-elle se régénérer, et avec quelle efficacité ? Pour ce faire, ces chercheurs ont sélectionné 56 forêts aux conditions climatiques et aux sols variés, du nord du Mexique au Sud du Brésil. Ils y ont suivi la croissance des arbres sur de très longues périodes, parfois jusqu’à 60 ans.
50 à 100 ans pour un retour à la normale
Au bout d’une vingtaine d’années de repousse, l’équipe a ainsi calculé que seulement 34 % des essences identifiées dans les forêts anciennes (dites primaires) étaient revenues dans les zones en phase de régénération. Selon Jérôme Chave, directeur de recherche au CNRS et co-auteur de l’étude publiée dans Science Advances, « habituellement, on s’attend à ce que la forêt ait rejoint son état initial en cinquante ans. Or, pour avoir toute la panoplie d’espèces, dont les plus rares, cela prend plusieurs centaines d’années. »
« Avant de retrouver un assemblage similaire aux forêts primaires, nous avons montré qu’il fallait plusieurs décennies, entre 50 et 100 ans », détaille Jérôme Chave. À la fois le stockage de carbone et la biodiversité reviennent dans une forêt qui se régénère, mais pas à la même vitesse. La biodiversité, c’est-à-dire la richesse des essences, revient plus lentement que la capacité à stocker du carbone. »
Illustration bannière : Forêt tropicale au Costa Rica – © Dinael Oropeza
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