Si tous connaissent et échangent plus ou moins souvent avec leurs voisins, les pratiques de voisinage sont assez hétérogènes en France, peut-on lire dans une étude publiée dans le dernier bulletin de Population et sociétés.
Les visites de convivialité et les échanges de services sont plus fréquents dans les quartiers bourgeois
« Voisiner » est une bonne tradition française. Mais tous ne le font pas avec la même intensité ni de la même manière. D’après une étude réalisée entre mars et juillet 2018 en régions parisienne et lyonnaise auprès de 2.572 personnes habitant 14 quartiers différents, 75 % des Français en moyenne sont suffisamment proches avec leurs voisins, au point qu’ils sont entrés chez un voisin au moins une fois au cours des douze derniers mois, et 76 % ont reçu un voisin chez eux.
Dans quel but l’ont-ils fait ? Si les deux tiers ont effectué des visites de convivialité, près d’un tiers se sont entraidés pour garder, conduire ou récupérer les enfants. À noter que les visites de convivialité et les échanges de services sont plus fréquents dans les quartiers bourgeois et gentrifiés ainsi que dans les communes rurales. Les habitants des quartiers de mixité sociale programmée échangent eux aussi des services, mais s’invitent peu entre eux pour de simples visites de convivialité.
Pour les cadres, les conversations avec les voisins sont plus souvent des échanges « intéressés »
Alors, de quoi les voisins parlent-ils entre eux ? Souvent de « petits riens », de la météo, et plus rarement de politique ou de religion. Selon les chercheurs, à l’occasion de ces discussions ils échangent aussi des informations utiles sur la vie du quartier, le plus souvent sur les commerces du quartier, les établissements scolaires, parfois sur les opportunités d’emploi ou échangent des contacts pour des services à domicile (baby-sitter, femmes de ménage, plombier). Les voisins les plus diplômés et les plus hauts revenus abordent plus souvent des sujets politiques et s’informent davantage sur les commerces du quartier et les services à domicile, combinant l’« échange intéressé » et l’échange tout simplement.
Les plus diplômés voient d’ailleurs surtout des voisins de niveau de diplôme équivalent. Cette étude nous apprend que 40 % des relations de voisinage des cadres sont des cadres, 32 % des professions intermédiaires ou indépendantes et 20 % seulement des employés ou des ouvriers. Enfin, si les personnes nées en France sélectionnent le plus leurs relations en fonction de leur origine, généralement parlant les chercheurs n’ont pas observé de repli ou d’entre-soi lié au pays de naissance.
Illustration bannière : Relations de voisinage : tout le monde n’invite pas ses voisins chez soi – © Comeback Images
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