Les rêves ont toujours fasciné les hommes. Philosophes et psychologues n’ont cessé – et
continuent d’ailleurs – de chercher à les comprendre, les interpréter. « Depuis l’Antiquité », appuie le docteur Isabelle Lambert. Les neuroscientifiques s’y sont mis aussi, plus récemment, ces trente dernières années. Et étudient notamment cette période particulière et inédite de confinement. « Les équipes de recherche s’y intéressent particulièrement afin de savoir son impact sur nos rêves. Cela va faire l’objet de publications dans les mois et années à venir », met en avant la neurologue. Ils ont cependant déjà quelques hypothèses du lien existant entre confinement et rêves.
Dormir plus tard pendant le confinement favorise les rêves
Avec huit millions de Français en chômage partiel en raison du confinement, il est fort à parier que beaucoup d’entre eux dorment plus. Ou du moins plus tard. Et c’est de ce constat qu’émerge la première hypothèse des chercheurs spécialisés dans l’étude du sommeil : dormir plus longtemps le matin peut aider à mieux se souvenir de ses rêves.
Le docteur Lambert avance une explication : « Dormir plus tard peut augmenter la période de sommeil paradoxal. Cette phase, qui survient plutôt en fin de nuit, est celle où on a le contenu émotionnel le plus élevé et où les rêves sont le plus extravagant. Donc cela peut favoriser le fait de rêver davantage ou de se rappeler des rêves les plus insolites ».
Plus de stress avec le confinement, plus de rêves
L’autre hypothèse des scientifiques est que le confinement – et le stress qu’il génère – joue un rôle sur le fait de rêver. « On sait que le rêve, en particulier en sommeil paradoxal, nous aide à assimiler certaines émotions, à les dépasser, les digérer. Il est donc possible que le stress global omniprésent participe à modifier le contenu des rêves, qu’ils soient plus empreints de thématiques négatives, anxiogènes ou émotionnelles », précise Isabelle Lambert. Non sans souligner que « le rêve n’est pas une simple répétition de ce qu’il s’est passé la veille ».
Enfin, remettre en question sa vie ou une partie de ses pans en cette période de confinement peut soulever des questions, influencer notre processus émotionnel général et donc avoir des répercussions sur nos rêves. Prudence, toutefois, rappelle la neurologue : « Ce ne sont que des hypothèses. Nous aurons les réponses après le confinement. Il faut être patient ».
Les différentes phases du sommeil
Le sommeil n’est pas continu au cours d’une nuit. Il est constitué de différents cycles successifs d’environ 90 minutes pendant lesquels plusieurs phases s’enchaînent : le sommeil lent léger, le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal. « Traditionnellement, on dit que le rêve survient dans le sommeil paradoxal. Or, les études neuroscientifiques nous ont appris qu’on rêve aussi en sommeil lent », pointe le docteur Lambert.
Le contenu des rêves diffère entre ces deux phases. En sommeil lent, les rêves ressemblent plus à des pensées ou sont en tout cas moins extravagants qu’en sommeil paradoxal où on a le plus haut contenu émotionnel.
Oui, tout le monde rêve !
Certaines personnes sont capables de raconter l’intégralité de leurs rêves en détail quand, pour d’autres, il est impossible d’affirmer si oui ou non elles ont rêvé. « On n’est pas tous égaux à ce sujet », reconnaît le docteur Lambert. Elle l’affirme cependant : « Ça ne veut pas dire que l’on ne rêve pas. On rêve, y compris si on ne s’en souvient pas ».
Rassurez-vous, ne pas se rappeler de ses rêves n’est pas pathologique. La fonction même du rêve est une question qui demeure encore inconnue aujourd’hui. Il n’est donc pas mieux ou moins bien de s’en souvenir.
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L’astuce pour se rappeler de ses rêves
Si vous estimez que vous passez à côté de quelque chose en ne vous rappelant pas de vos rêves, il existe des possibilités afin d’y remédier. Isabelle Lambert, et les chercheurs du sommeil de façon générale préconisent de tenir un carnet de rêves.
« Inscrivez dedans tous les matins vos rêves ou ne serait-ce que vos impressions. Plus on porte de l’attention à ses rêves, mieux on s’en souvient au fil du temps », souligne la neurologue. Grâce à l’entraînement, il est possible d’acquérir un niveau de lucidité très important. D’après le docteur Lambert, à force de pratique, des personnes arrivent même à interférer dans le contenu de leurs rêves !