Arrêtera-t-on la bactérie Xylella fastidiosa tueuse d’oliviers ?

Depuis 2010 un dépérissement rapide et mortel frappe les oliviers, dans la province de Lecce (Pouilles), dans le sud de l’Italie. Maintes hypothèses ont été formulées, sans que la cause soit identifiée avec certitude. C’est seulement en 2013 qu’une équipe de chercheurs de Bari établit la relation entre ce dépérissement et la présence systématique d’une bactérie : la Xylella fastidiosa.

Rédigé par Pascal Meunier, le 26 Jun 2019, à 7 h 50 min
Arrêtera-t-on la bactérie Xylella fastidiosa tueuse d’oliviers ?
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Jamais détectée auparavant en Europe, cette bactérie est listée pour être mise en quarantaine, depuis 1992. Sa migration est favorisée par deux insectes : les cicadelles, et les cercopes. Cette maladie invasive est une menace gravissime, une alerte a été lancée lancée, des mesures ont été prises au niveau européen, mais rien ne semble pouvoir arrêter la Xylella fastidiosa !

La Xylella fastidiosa : une maladie invasive qui se propage dans le Sud

Apparue au XIXe siècle, en Californie, la bactérie est aujourd’hui présente partout dans le monde. On sait désormais que près de 40 espèces d’insectes de la famille des cicadelles et des cercopes sont susceptibles d’être vecteurs de cette bactérie Xylella fastidiosa  : un monstre minuscule, mais très friand, puisqu’il s’attaque à pas moins de 309 espèces d’arbres et de plantes appartenant à 193 genres différents, dont les oliviers !

Xylella fastidiosa

Un cercope, un des vecteurs de la Xylella fastidiosa © leandros soilemezidis

Xylella Fastidiosa : symptômes et remèdes

La présence de cicadelles et de cercopes est le premier signe. Par ailleurs, un dépérissement anormal, un dessèchement, un déclin rapide, une couleur anormale des feuilles sont des signaux décisifs.

Pour les arbres, le dépérissement commence par la cime et se propage vers le bas. Tout signe étrange sur un végétal doit être signalé immédiatement au CROPSAV (Conseil Régional d’Orientation de la Politique Sanitaire Animale et Végétale) de votre région.

Il est impossible de traiter la bactérie chimiquement, cela nuirait à l’environnement. Les OGM sont une solution avancée par certains, avec les doutes qui pèsent sur le génétiquement modifié. Au total, la radicalité s’impose : les zones infectées sont aujourd’hui systématiquement détruites, et des zone de sécurité sont mises en place, en attendant des solutions moins destructrices.

Une réaction forte des services de santé européens

Fin 2013, l’Europe avait déjà mis en place des mesures, comme la surveillance des importations de végétaux, et l’entrée en jeu des services des douanes. Mais depuis le 28 avril 2015, il est désormais requis de détruire toutes les plantes potentiellement hôtes (oliviers, mais aussi agrumes, pruniers, vignes, amandiers, ronces, tabac, lauriers roses, chênes…) dans la zone infectée par cette bactérie dans un rayon de 100 mètres.

Pour l’Italie, fortement touchée, une zone de 20 km a été définie autour des provinces de Tarente et de Brindisi, plus au Nord de celle de Lecce complètement dévastée, où les plantes infectées seront aussi détruites. Des conditions strictes sont imposées aux importations de plantes sensibles à Xylella fastidiosa, Une interdiction spéciale frappe les importations en provenance du Honduras ou du Costa-Rica, à l’origine de la contamination de Lecce en 2013.

xylella fastidiosa

La xylella fastidiosa, un péril pour les olives – © moreimages

Les interdictions d’importations de plantes ne vont cependant pas aussi loin que l’espérait la France, celle-ci demandait, ainsi que l’Espagne, que les importations des pays contaminés de toutes les plantes susceptibles d’être vecteur de la bactérie soient interdites.

La Corse avait pourtant dit « fora » à Xylella fastidiosa !

Dans la guerre contre la bactérie, la Corse s’est retrouvée en première ligne. Sa proximité et ses échanges commerciaux avec l’Italie, ainsi que la présence, en grand nombre, de végétaux dont se nourrit la bactérie, tant cultivées (oliviers, agrumes, vignes, clémentines, amandes, châtaigniers…), que sauvages (chênes, myrte, lauriers, maquis…) en font un territoire de conquête rêvé pour elle.

Une partie importante de l’économie Corse reposant sur l’agriculture, le préfet d’Ajaccio, Christophe Mirmand, avait signé un arrêté allant beaucoup plus loin que les décisions européennes de l’époque dès fin 2013, après une réunion avec le « cropsav » de Corse(1). Il a interdit l’importation de tous les végétaux sur l’île, et les services des douanes sont entrés en jeu.

Une procédure déclarant la Corse comme zone exempte de la bactérie tueuse, qui transformerait l’île de Beauté en « Zone protégée », et lui permettrait de bénéficier d’exigences spécifiques en termes d’introduction de végétaux sur son territoire, a été lancée, ainsi qu’une campagne d’information auprès des professionnels de l’agriculture. Des affichettes ont même été posées sur les bateaux accostant sur l’île. Enfin, les inconscients qui feraient rentrer des végétaux clandestinement risquent deux ans de prison, ainsi que 300.000 euros d’amende.

Et pourtant…

Malgré toutes ces mesures, la bactérie tueuse Xylella fastidiosa a été découverte sur l’île de Beauté en juillet 2015. À présent, elle touche plus d’une trentaine d’espèces végétales en Corse, mais aussi en région Paca (oliviers, lavandes, cistes, faux genêt d’Espagne, romarin, immortelle italienne, etc.). En Europe, l’archipel des Baléares est touché, ainsi que ainsi que l’Espagne, l’Italie donc, et le Portugal. Des lauriers roses infectés ont été découverts en Allemagne en 2016.

À l’issue d’années de recherches sur l’identification des sous-espèces, des souches et des hôtes, l’INRA estime que la bactérie était présente en Méditerranée avant 2012. Pour l’institut, l’expansion de cette bactérie n’est pas si rapide qu’il n’y paraît, sauf bien entendu, dans les grandes zones de monocultures comme dans les oliveraies italiennes. Une bonne nouvelle.

Alors, on n’oublie pas…

…Le message de prévention du ministère del’agriculture aux professionnels du végétal, collectivités locales, jardiniers amateurs, voyageurs et toute personne qui achète des végétaux.
xylella fastidiosa

N’acheter que des végétaux dûment contrôlés, disposant le cas échéant d’un passeport phytosanitaire européen.

Article republié
Illustration bannière : Plantation d’olivier en Italie – © lbrix
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J'ai le sentiment que les politiques menées par la droite ou la gauche, l'amérique, l'europe, la russie ou l'asie (pas de majuscule !) obéiront toujours à...

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