Même les supermarchés peuvent changer leurs (mauvaises) habitudes. La preuve avec l’essor rapide de la vente en vrac et des produits dits « zéro déchet ».
Moins de déchets au bénéfice de tous
Trop d’emballages à recycler pour les consommateurs, et à produire pour les marques. Des déchets de plus en plus souvent facturés au poids par les collectivités… La vente en vrac et les produits dits « zéro déchets » ne rendent pas service qu’à la planète. Ils simplifient la vie des consommateurs tout en réduisant, au passage, les coûts pour les producteurs. C’est pourquoi la grande distribution s’y convertit peu à peu, alors que ce type d’offres étaient jusque-là réservées aux boutiques bio ou militantes.
Ainsi du côté de Carrefour, en pleine révolution interne, notamment en ce qui concerne la vente de produits bio et la promotion des circuits courts, on trouve de plus en plus de produits « zéro déchet » à la vente. Les consommateurs sont maintenant autorisés à apporter leurs propres contenants réutilisables pour faire leurs emplettes dans les différents rayons frais : boucherie, poissonnerie, pâtisserie, fromagerie(1). Autant de récipients plastiques en moins à recycler, et de feuilles de papier alimentaire enduit à la paraffine, à ne pas jeter ! Seule condition : que la boîte soit munie d’un couvercle.
Convaincre les autres grandes marques
L’association Zero Waste, d’ordinaire bien plus critique à l’égard de la grande distribution, a même salué cette initiative, pour mieux inviter toutes les autres grandes enseignes de distribution à emboîter le pas à Carrefour. Dans une lettre ouverte aux patrons de Leclerc, Intermarché, Super U, Casino et Auchan, elle souligne qu’ « aujourd’hui, les difficultés rencontrées découragent certains clients dans leur démarche, ceux-ci ne souhaitant pas systématiquement essuyer des refus. »
À côté de cette évolution majeure, d’autres tendances apparaissent ou ressuscitent. Ainsi, la consigne, jadis vilipendée, fait son grand retour, pour recycler les différentes bouteilles en grande surface. C’est notamment ce que propose la start-up Jean Bouteille. Quel que soit le liquide souhaité (vins, huiles, vinaigres, jus de fruits, lessives, bière…), vous payez votre bouteille un euro, puis vous la remplissez à une fontaine en inox. Une fois vide, il suffit de la laver et de la réutiliser. Ce service est disponible dans différents points de vente Carrefour, Monoprix, Franprix et Leclerc, ainsi que dans des enseignes bio.
Le vrac a la cote
Mais c’est aussi la vente en vrac qui a de plus en plus la cote dans la grande distribution et ce, pour les produits les plus variés. Pas seulement pour les céréales du petit-déjeuner ! Pâtes, thé, riz… Auchan aura été le pionnier en la matière, dès 2005, avec le lancement de sa gamme « Saveurs d’ici et d’ailleurs »(2). Une gamme qui compte aujourd’hui plus de 400 références de thé, d’herbes et d’épicerie fine, destinées à une cible urbaine chic.
Les autres enseignes s’y mettent peu à peu, notamment Leclerc avec la marque « Bio Village » associant vente en vrac et produits bio, lancée fin 2017. Ces produits affichent des prix inférieurs de 30 % aux spécialistes du bio et aux enseignes généralistes, pour mieux séduire le chaland.
De son côté, Franprix vient de commencer à tester la vente en vrac d’alcools forts (vodka, gin, whisky, rhum…). Mais cette nouveauté ne concerne pas encore les grands crus : il y a aussi des limites au vrac.