Inauguré le 2 septembre, le golf détruit une zone humide abritant des espèces prioritaires telles que le vison d’Europe et l’angélique des estuaires et jouant un rôle essentiel pour l’étalement des eaux en cas de débordement de la Garonne. Il empiète sur le site Natura 2000 du Bocage humide de Cadaujac et Saint Médard d’Eyrans et il est contigu au site Natura 2000 de la Garonne.
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Les travaux de défrichement avaient commencé en toute discrétion en avril 2016. Si discrètement que la lutte locale contre les travaux de déboisement, d’aplanissement du terrain, et de modification du cours d’eau, pourtant contraires aux directives européennes, avait été sabordée. Une poignée de zadistes avaient néanmoins tenté d’occuper le terrain mi-2016, mais avaient été rapidement délogés par la police.
Un green pas si vert
Situé dans une zone inondable, le projet urbanistique du « Domaine de Geneste » est né il y a une trentaine d’années. Baptisé initialement « Domaine de la plantation« , il fut un temps bloqué par ses détracteurs, à la fin des années 1980, par des groupes locaux tels qu’Aquitaine Alternatives, Les Verts et la Sepanso, la fédération régionale des associations de protection de la nature de la région Aquitaine, affiliée à France Nature Environnement. Le terrain sera toutefois racheté, rapporte Reporterre.net par un groupe belgo-turc, Vizzion Europe, spécialisé dans les « grands projets immobiliers internationaux en Europe et dans le monde« .
Selon Vizzion Europe, le Domaine de Geneste « se caractérise par la diversité des fonctions qu’il propose dans un environnement périurbain respectueux de l’écologie et du développement durable . Si l’on peut déjà douter en soi des vertus écologiques d’un terrain de golf, on peut aussi se demander comment un tel projet a pu voir le jour, malgré l’opposition locale et ses enfreintes au droit de l’environnement ?
Reporterre.net rapporte ainsi les propos de Christophe Guénon, porte-parole de la Confédération paysanne de Gironde, maraîcher et éleveur à quelques kilomètres du terrain : « Nous, agriculteurs, devons respecter un cahier des charges précis : pas de fauche avant le 15 juin, interdiction de curer les fossés sans avoir fait tout un dossier, interdiction de retourner la terre, etc. Or (…), ils ont retourné la terre pour faire des talus, rasé les haies, ils gardent les essences d’arbres les plus jolies et broient le reste. Ils sont en train de tout détruire. Si j’avais fait un dixième de tout cela, j’aurais reçu une amende ou une convocation au tribunal », proteste-t-il.
Comme Vizzion Europe le reconnait sur son site, le golf se situe « au coeur d’une vaste zone naturelle exceptionnelle« , mais assure que son golf est certifié « éco-durable« par le respect de « toutes les prescriptions Natura 2000 » : les zones humides seraient « maintenues et renforcées » et un bassin de stockage de plus de 100.000 m³ d’eaux permettrait de « faire face aux crues exceptionnelles « .
Comme le conclue la Sepanso : « Le golf étant situé en zone inondable, gageons que les lois de la nature se rappellent tôt ou tard au bon souvenir des aménageurs« …