Un abattoir mobile répond à une problématique de prise en compte du bien-être animal autant que de production de viande. Emblèmes d’une société qui bouge quant à la prise en compte du vivant dans nos quotidiens, les abattoirs mobiles n’ont pas que l’intérêt d’interroger notre rapport à l’animal.
Bien-être animal : l’abattoir mobile comme solution ?
Le respect de la vie animale
Qui n’a jamais emmené ou assisté au « chargement » d’un animal dans un camion de transport pour l’abattoir a du mal à comprendre ce que cela implique pour l’animal concerné.
Si tous les animaux ne sont pas capables de se reconnaître dans un miroir et n’ont pas forcément conscience d’eux-mêmes, ils n’en restent pas moins des animaux sensibles à la mort ne serait-ce que par l’expression de leur instinct de survie.
Le stress animal durant le transport
Outre le fait que les animaux d’élevage n’ont pas connu d’autre lieu que celui où on vient les chercher avec tout ce que cela implique de stress pour eux, ils n’ont surtout jamais mis les pattes ou les sabots dans un camion.
Découvrir la vitesse et la promiscuité avec d’autres animaux le tout dans un lieu, le camion, qu’aucun de ces animaux ne connait, engendre inévitablement un stress que l’on a du mal à qualifier.
Restera encore le « déchargement » avec des humains qu’ils ne connaissant pas, dans un lieu qu’ils ne connaissent pas plus et un probable temps d’attente dans un lieu de fait anxiogène ne serait-ce que par l’odeur qui en émane.
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Pourquoi un abattoir mobile ?
Il est toujours compliqué de mettre en parallèle bien-être animal et abattage qui semblent antinomiques, mais il faut bien aussi être lucide et accepter qu’une grande part de nos animaux d’élevage sont destinés à la production de viande.
Pour faire avancer le bien-être animal
De cette lucidité naît alors une envie et un besoin de prendre la problématique de l’abattage à bras le corps, alors pourquoi pas avec des abattoirs mobiles et ce pour éviter tous les écueils cités plus haut.
Pour contrer l’abattage industriel
Pour couvrir l’intégralité du territoire français, il existe actuellement 250 abattoirs. Ce chiffre diminue régulièrement, notamment du fait de la pression de grands groupes qui veulent concentrer les activités pour rationaliser financièrement leurs coûts… Au détriment des animaux qui doivent parcourir en camions des distances de plus en plus longues.
Les abattoirs mobiles autorisés en France en mai 2019
Les abattoirs mobiles sont déjà utilisés en Suède, le pays européen qui a ouvert la voix à cette pratique expérimentale, et l’Allemagne n’est pas en reste sur le sujet. Hors Union Européenne, la pratique est déjà relativement répandue notamment dans le bassin méditerranéen : cette formule mobile est tout simplement la plus pertinente dans de vastes territoires où des infrastructures fixes ne se justifient pas au regard de la production.
La dernière loi « Agriculture et alimentation » a intégré le principe des abattoirs mobiles pour quatre années d’expérimentation qui devraient débuter avec la signature du décret d’application en mai de cette année.
Dix projets sont actuellement à l’étude dans l’Hexagone, portés par diverses personnes ou groupements ce qui est plutôt encourageant.
Qu’on m’explique comment peut on oser lier « bien être animal » et « abattoir » ?