Le débat est ouvert, et la réponse est loin d’être simple. D’un côté, les femmes qui proclament que les progrès de la médecine sont là pour nous faciliter la vie, et que l’injonction biblique « tu accoucheras dans la douleur » n’a plus lieu d’être aujourd’hui. D’un autre côté, les femmes qui prônent un accouchement plus naturel, quitte à souffrir pendant plusieurs heures. Alors, accoucher sans péridurale ? C’est vous qui choisissez, en toute connaissance de cause.
Accoucher sans péridurale, folie ou fierté ?
Premier truc à savoir concernant l’accouchement sans péridurale : vous n’êtes pas seule ! Si en France, la « péri » est quasi systématique (elle représente 75 % des accouchements), dans d’autres pays, elle est minoritaire. Sans parler des pays du Sud où l’accès même aux soins médicalisés est un luxe, dans le Nord de l’Europe, elle est plus rare : aux Pays-Bas, seules 15 % des femmes ont recours à la péridurale.
La question de la passivité
La péridurale anesthésie le bassin, et permet donc une liberté de mouvement limitée. Or pour faciliter le travail et l’expulsion du bébé, il est bon de pouvoir se déplacer, et rester dans la position que l’on souhaite pour accoucher plus facilement.
Les contractions sont subies et non plus maîtrisées comme on peut l’apprendre lors de la préparation à l’accouchement. La péridurale favorise la passivité, les femmes ne sont donc plus actrices de leur propre accouchement mais soumises au corps médical.
La péridurale, conséquence de l’industrialisation des maternités ?
Un accouchement naturel est plus imprévu qu’une péridurale et prend du temps. Aurélie Surmely, sage-femme et auteur d’Accoucher sans péridurale, a été formée en Belgique où les accouchements « naturels » sont plus nombreux qu’en France. C’est pourquoi elle a été surprise quand le corps médical lui a demandé, en France, l’ « heure prévue de l’accouchement ».
De nombreuses maternités possèdent un planning serré qui est facilité par l’utilisation massive de la péridurale. Officiellement pour soulager les femmes, officieusement pour faire de la place en salle d’accouchement. C’est pourquoi il est important de bien choisir sa maternité et expliquer son choix au corps médical avant l’accouchement, dans un projet de naissance par exemple.
Bien préparer l’accouchement
Pour Aurélie Surmely, 90 % de l’accouchement, « c’est dans la tête » : on peut ainsi se préparer psychologiquement à accoucher sans péridurale. On peut aussi se préparer physiquement avec divers moyens : Oummi, experte en parentalité positive, énumère « divers moyens naturels pour préparer le col de l’utérus : tisane framboisier + sauge (en entrant dans le neuvième mois), homéopathie, massage du périnée avec un mélange d’huile essentielle de sauge et d’huile d’amande douce, manger des dattes à gogo, exercices du bassin et périnée ». Il est bon de considérer l’accouchement naturel comme une épreuve physique de longue haleine : comme pour un marathon, on s’y prépare !
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La fierté d’avoir pu mettre au monde sans péridurale
De nombreuses femmes se sentent très fières d’avoir pu traverser cette épreuve : « je donnais naissance avec aisance, puissance confiance et facilité , toute seule. Je suis fière de moi, je ne me suis pas laissé abattre et me suis tenue debout. J ai arrêté de subir ma vie… Cette situation a toute une symbolique », peut-on lire sur le blog du Monde, Marie accouche-là.
Cette fierté permet aux femmes des mieux assumer leur nouveau rôle et fait diminuer la proportion de dépressions post-partum, entre autres.
Sans péridurale, la récupération est plus rapide
D’après Anne-Laure Brunelle, du blog Naturelle Maman : « Sans les effets de l’anesthésie et les douleurs des actes chirurgicaux, les femmes qui ont accouché naturellement récupèrent plus vite. Elles peuvent se lever peu après le travail si elles le désirent, se promener ou prendre une douche, voire même parfois rentrer chez elles dans les heures qui suivent l’accouchement ». Une récupération qui, assure-t-elle également, favorise l’allaitement.
Alors ? Accoucher sans péridurale ou y avoir recours dépend de chaque femme, son vécu, sa vision de l’accouchement. L’important est de laisser le choix à toutes les femmes de vivre leur accouchement comme elles le souhaitent et ne plus le « subir » !
Une étude sur 400 femmes a montré que la péridurale n’accélérait ni ne diminuait la durée de l’accouchement :
journals.lww.com/greenjournal/Citation/2017/11000/Epidural_Analgesia_During_the_Second_Stage_of.23.aspx
Et ce que vous dites est curieux car on soupçonne souvent la péridurale de ralentir le travail au contraire.
En tout cas l’argument de « vouloir faire de la place en salle d’accouchement » est totalement infondé.