Les personnes qui ont contribué à la production des aliments ou à la réalisation d’un repas ne sont pas forcément présentes à notre esprit. Pourtant, comme pour nos vêtements, nos smartphones ou nos cosmétiques, il existe un réel coût humain et environnemental derrière notre alimentation au quotidien. Aucune fatalité cependant. Soyez maîtres de votre consommation en évitant particulièrement ces six aliments.
6 aliments à éviter si l’on se soucie de l’humanité
Certains font leurs courses et consomment sans se soucier de la qualité ou de l’origine de leurs aliments. Et, pour répondre à la demande des consommateurs, les industries alimentaires se soumettent trop souvent encore à des pratiques et politiques concurrentielles non durables où, bas coûts et non-respect des conditions humaines de travail décentes font la loi.
1 – Chocolat : la douceur de la friandise, l’amertume de la production
Premier producteur mondial de cacao, la Côte d’Ivoire produit plus du tiers du cacao mondial. Or, encouragé par l’industrie de la chocolaterie, on y dénombre aujourd’hui plus de 2 millions de jeunes enfants ivoiriens et ghanéens asservis.
Au péril de leur vie, ces petites mains, victimes de la traite des enfants contribuent, entre autre, à la fabrication de certaines marques de barres de chocolat telles que Snickers ou Hershey’s aux États-Unis, qui ont été accusées de ne pas être suffisamment rigoureuses dans leur « sourcing ».
Pour éviter tout risque d’encourager l’exploitation des enfants, privilégiez le chocolat équitable.
2 – Thé : choisissez l’arôme, pas l’asservissement !
On le prend pour notre bien-être, mais où il est produit, le thé est trop souvent source de mal-être. Issu d’Asie (Bangladesh, Chine, Japon, Vietnam, Indonésie…), d’Afrique (Kenya, Rwanda), et parfois d’Eurasie (Turquie), le thé est cultivé par des ouvriers vivant souvent dans des conditions précaires et sont exposés à diverses maladies professionnelles.
Ainsi, dans l’État indien d’Assam, dont le thé porte le nom, plus d’un million de travailleurs vivent dans les plantations de thé avec leurs familles, mal nourris et payés à très bas coût.
Dans ces plantations, environ 500.000 femmes et leurs enfants sont exposés quotidiennement aux pesticides. Ils y souffrent généralement d’anémie, de malnutrition sévère et de difficultés respiratoires.
Dans ces conditions de vie précaires, où les propriétaires de plantations fixent des quotas de récolte quotidiens élevés, certains parents sont contraints de « vendre leurs enfants », car ceux qui ne sont pas victimes de la traite sont parfois forcés d’y travailler gratuitement.
Contre les pesticides dans le thé, choisissez votre thé bio et équitable.
3 – Boeuf et produits laitiers : pourquoi au moins… en consommer moins ?
L’élevage du boeuf exige 28 fois plus de terres agricoles que l’élevage des cochons et des poulets. Et beaucoup plus que les protéines végétales. Ainsi, pour nourrir quelques personnes, les larges terres réservées au bétail constituent une empreinte carbone collective colossale, comparativement aux autres industries. Aussi, pour répondre efficacement à la demande, les exploitants ont souvent recours aux travailleurs migrants dont la main-d’oeuvre est à faible coût.
Finalement, les vaches prennent beaucoup plus qu’elles ne donnent. Comme on le sait, et comme l’exprimait avec force récemment un expert : « la plus grande intervention que les gens peuvent faire pour réduire leur empreinte carbone n’est pas d’abandonner leur voiture, mais de manger beaucoup moins de viande rouge ».
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4 – Tomates : rouges, rondes et… pleines de rien ?
Quelle que soit la saison, apprécier une salade de tomates est (a priori) un délice dont raffole une part croissante de Français. Cependant, leur provenance vous interpelle-t-elle ?
70 % des tomates vendues dans les supermarchés français sont importées du Maroc et d’Espagne. Or, en général, le goût de ces tomates est altéré. Pourquoi ?
La saison de production de la tomate couvre les mois de juin à octobre. Cultivées sous serre dans ces pays toute l’année, les tomates destinées à l’exportation sont récoltées avant maturité afin de résister aux conditions de transport. Sélectionnées pour leur texture et leur capacité de résistance aux maladies durant l’exportation, elles sont ensuite soumises à un éclairage artificiel qui leur confère une couleur « rouge vif » et un aspect plus appétissant. Sans compter les fausses tomates coeur de boeuf, les pesticides, voire les origines mafieuses.
Préférez les tomates en circuit court et bio ! Optez pour les nutriments dans les fruits et légumes !
5 – Crevettes : détention en mer et mangroves détruites
Fierté culinaire et référence de son expansion économique, les crevettes ont fait de la Thaïlande l’un des plus grands fournisseurs des consommateurs occidentaux. Soutenue par une main-d’oeuvre à faible coût issue du travail des esclaves et des enfants venus du Cambodge, du Laos et du Myanmar, l’exportation des crevettes est loin d’être soumise à une réglementation protégeant les producteurs.
Un témoin, souvent privé de nourriture et d’eau, s’est ainsi confié à l’AP : « quand nous avons demandé [aux patrons] notre argent, ils nous ont répondu qu’ils ne l’avaient pas… mais ils allaient dans les boîtes de nuit, les maisons closes et les bars, en consommant de l’alcool coûteux ».
À Madagascar aussi, l’élevage de crevettes est problématique, sur le plan environnemental, avec la destruction de mangroves. Ailleurs, leur exploitation a aussi des conséquences désastreuses pour les tortues marines.
Privilégiez donc les labels de crevettes durables.
6 – Abalone : un mollusque marin menacé
Fort apprécié en France, au Chili, en Asie de l’Est et du Sud-Est, cet escargot marin rare, appelé ormeau ou oreille de mer, est souvent servi lors des occasions spéciales et banquets pour sa saveur unique. Une fois séché et conservé, il ressemble à un lingot d’or : raison pour laquelle, il est « réservé » aux personnes aisées en Chine.
Abondants dans les eaux sud-africaines, ces mollusques ont alimenté le braconnage et une industrie dangereuse pour répondre à la demande de la Chine. L’Afrique du Sud a dû interdire la pêche de ce mollusque marin en 2008, les transactions menées sur le marché noir et les activités des braconniers impactant négativement la pêche commerciale, et menaçant la survie de l’espèce. Un abalone met en effet 30 à 40 ans pour atteindre une taille de 25 ou 30 centimètres.
Lire aussi : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les fruits de mer
La réalité des modes de culture de certains aliments et les conséquences humaines, environnementales et sociales qui en découlent devraient nous interpeller. Partant de là, ce que nous choisissons de manger pourrait déterminer les activités des producteurs et le prix imposé. Avant nos achats, n’hésitons donc pas à nous interroger sur l’origine, la provenance, le processus de fabrication et les conditions dans lesquelles ils nous sont vendus ou servis.
Article republié
Illustration bannière : récolte de thé © Kanisorn Pringthongfoo
Au sujet de la viande de boeuf, allez cultiver des légumes sur le col d’Aubisque ou sur les plateaux du Cantal !
Merci à nos éleveurs d’entretenir nos vertes montagnes.
Entièrement d’accord avec vous, je me fourni en viande à la SICA et c’est très bien comme cela
Bonjour
je cite : « L’élevage du boeuf exige 28 fois plus de terres agricoles que l’élevage des cochons et des poulets. Et beaucoup plus que les protéines végétales. Ainsi, pour nourrir quelques personnes, les larges terres réservées au bétail constituent une empreinte carbone collective colossale, comparativement aux autres industries. Aussi, pour répondre efficacement à la demande, les exploitants ont souvent recours aux travailleurs migrants dont la main d’oeuvre est à faible coût ».
J’ai l’impression de lire une mauvaise traduction
Pourriez vous donner quelques précisions sur vos sources ? Inra, FAO, Oxfoam ? ?
Merci
d’accord avec la premiere intervention
ah!!! ah!!! vous avez raison, je n’ai jamais vu de travailleurs migrants dans les montagnes limousines, ni dans les vertes prairies charolaises et encore moins lors de la transhumance au Col de l’Aubisque (quoique là il peut effectivement y avoir des migrants d’origine Aquitains ou Celtiques…ah ah!!!)
Les bovins, forcément plus que les cochons et les poulets élevés en camps de concentration toute leur vie, sans parler de l’affreuse nourriture qu’on leur fat ingurgiter qui se retrouve dans notre assiette ! Beurkkkkkk !!!
Pauvres bêtes, traitée comme des produits (je ne suis pas vegan mais je ne consomme QUE de la viande dont je connais les conditions d’élevage, donc très peu)