En 2024, la Commission européenne pourrait bien choisir de proscrire les arômes de fumée dans les préparations alimentaires, les récentes conclusions de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) pointant l’existence d’un risque pour la santé.
Des signaux d’alerte ignorés pendant des années
L’utilisation des arômes de fumée dans l’industrie alimentaire a longtemps été considérée comme inoffensive, voire bénéfique pour enrichir le goût des produits sans recourir au fumage traditionnel. Toutefois, dès 2008, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait évalué les risques associés à dix de ces arômes, révélant des effets génotoxiques dans des études in vitro. Ces résultats auraient dû alerter sur les dangers potentiels, notamment en termes de mutations génétiques pouvant accroître le risque de cancer et de maladies héréditaires. Malgré cela, la Commission européenne avait prolongé leur autorisation sur le marché, s’appuyant sur une poignée d’études souvent fournies par les fabricants eux-mêmes.
Ce n’est qu’en novembre 2023, grâce à l’application d’une méthodologie actualisée et plus rigoureuse, que l’EFSA a pu confirmer les craintes relatives à la génotoxicité de ces arômes. L’approche retenue cette fois-ci par l’EFSA est une approche préventive, qui considère l’ensemble d’un mélange comme génotoxique si l’un de ses composants l’est. De plus, l’EFSA admet aujourd’hui que pour la génotoxicité, il n’existe pas de seuil sûr.
Les précédentes évaluations de l’EFSA entachées par des conflits d’intérêts
L’enquête de l’EFSA a donc montré que sur huit arômes évalués, six contenaient des substances génotoxiques, et pour les deux restants, les données étaient insuffisantes pour écarter tout risque. Alors, doit-on s’attendre à une interdiction ? Selon les informations du magazine Que Choisir, elle pourrait intervenir dès mars 2024. « La Commission européenne a l’intention de rejeter le renouvellement des autorisations de ces arômes », a assuré Stefan De Keersmaecker, un des porte-parole de la Commission européenne, à l’UFC-Que Choisir.
Alors, pourquoi la dangerosité de ces arômes de fumées n’avait-elle pas été admise avant ? Conflits d’intérêts, encore et toujours… Comme le révèle l’UFC-Que Choisir, les avis antérieurs de l’EFSA sur les arômes de fumée indiquaient qu’un des auteurs conseillait l’association américaine de l’industrie des arômes, tandis qu’un autre supervisait un étudiant financé par un fabricant dans son laboratoire. Ces situations n’étaient pas considérées comme des conflits d’intérêts. Un troisième expert, impliqué dans des missions pour une des entreprises concernées, a été exclu de l’évaluation des produits de cette entreprise, mais pas de ceux de ses concurrents.
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