Le thermomètre affiche des températures en dessous de 10°C et ça y est, les mêmes injonctions recommencent. « Met ton écharpe, tu vas attraper froid ! », « Mais t’as pas de manteau ? ! Tu vas tomber malade ! » Alors, une bonne fois pour toutes, arrêtons avec ce mythe : attraper froid ne rend pas malade. En tout cas pas directement.
Cela ne signifie pourtant pas que le froid est anodin et, directement ou indirectement, il est un facteur de danger.
Le mythe : attraper froid rendrait malade
S’il y a bien un mythe courant en France et dans de nombreux pays francophones, c’est celui-là. Et pour cause, la langue le véhicule : en effet, dans l’expression populaire on peut « prendre froid » ou « attraper froid ».
Le plus étonnant est sans doute la manière dont on dit « tu peux prendre froid » en anglais : « You can catch a cold ». Ce qui se traduit en réalité par « tu peux attraper un rhume ». Toutefois ici c’est bien l’idée de maladie et non de froid que l’expression désigne.
En France notamment, un bon nombre de personnes croient dur comme fer que le froid rend malade, ce qui provoque l’hilarité dans bon nombre d’autres pays. En effet, les choses sont un peu plus compliquées.
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Attraper froid n’existe pas
Techniquement, le froid n’est pas ce qui vous fait tomber malade. Si dans le langage courant, on prend froid, le refroidissement du corps n’est pas ce qui provoque les maux d’hiver. Les responsables sont la plupart du temps des virus, et même en grande majorité des rhinovirus.
On trouve ensuite des bactéries. La grande majorité des maladies d’hiver qu’on place derrière le terme « prendre froid » sont en réalité une rhinite ou une rhino-pharyngite, voire une angine, une laryngite, une trachéite ou une bronchite, parfois un syndrome grippal, et plus rarement une coqueluche.
La majorité de ces maladies disparaissent en quelques jours, sauf dans certains cas où un traitement sera nécessaire, spécifiquement en cas de bactérie. Quoi qu’il en soit, certes le nez coule, on a mal à la gorge, mais le froid n’est pas directement responsable. Dire qu’on « prend froid » est donc inexact techniquement.
Le froid n’est pas complètement innocent
L’être humain reste sensible au froid, et de petits désagréments comme des problèmes plus conséquents peuvent apparaître. En un premier temps, l’air froid fragilise le corps : il irrite les muqueuses nasales et les bronches.
C’est ainsi que le froid favorise le terrain pour les infections de la sphère ORL(1).
En outre, le froid ne tue pas les virus, en tout cas pas à une température courante. Une étude américaine a montré que le virus de la grippe survit même plus longtemps à une température de 5°C qu’à une température de 20°C surtout si l’humidité est faible(2). La température extérieure a une influence non négligeable sur le développement des virus(3). C’est ainsi que le virus de la grippe et certains autres créent une enveloppe pour se protéger du froid. Cette enveloppe disparaît une fois que le virus pénètre un organisme plus chaud, d’où, avancent les chercheurs, des épidémies plus courantes en hiver.
Que manger quand on est malade ?
Même si l’on a pas faim, la déshydratation et la dénutrition sont à prévenir, si l’on veut éviter une récidive pendant la convalescence ou juste après, quand l’organisme a enfin récupéré.
Le froid peut être dangereux pour l’humain
Ne sous-estimez tout de même pas le froid ! Ainsi, le froid est mauvais pour le coeur et on le tient responsable d’une augmentation du nombre d’accidents cardio-vasculaires en hiver : +2 % pour -1°C(4).
De la même manière, le risque d’infarctus du myocarde augmente de 2 % comme le montre encore une étude de 2019(5). Pour résumer rapidement, toute activité physique demande un effort supplémentaire au coeur en hiver.
On ne parle même pas des risques d’hypothermie, de décès liés au monoxyde de carbone, et des effets importants sur des maladies déjà existantes comme l’asthme, l’hypertension et toutes les conditions respiratoires. On estime que 300.000 décès sont plus ou moins directement liés à l’hiver, soit bien plus qu’en période de canicule à l’heure actuelle.
Protégez-vous du froid !
En théorie, toute personne peut subir les conséquences du froid, surtout si on n’y est pas préparé. Il s’agira bien entendu de se protéger encore plus si on est sujet à une maladie chronique, si on travaille à l’extérieur, ou si l’isolation de la maison n’est pas optimale.
Les séniors et les jeunes enfants sont également plus exposés, car leur organisme s’adapte moins bien aux variations de température. Le corps ne sachant pas bien se protéger du froid, il faut mettre en place des astuces simples pour l’aider.
Le mieux est de s’habiller convenablement, y compris à l’intérieur et on pourra par exemple cumuler les couches de vêtements pour s’adapter plus facilement aux variations de température et isoler grâce à l’air.
On pense à l’écharpe pour la bonne raison que les pertes thermiques se font plutôt par la tête, et pour maintenir une zone d’air plus chaud à respirer.
D’une manière générale, évitez les changements brusques de température qui fragilisent particulièrement le corps, et sont une fois encore augmentés par la pollution atmosphérique(6).
Il ne s’agit pas non plus de trop chauffer les pièces à vivre : l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) fixe la température idéale à 19°C, voire 20°C si l’on s’active peu, et un degré de moins de préférence dans la chambre à coucher (18°C). Enfin, n’oubliez pas d’aérer votre intérieur même en hiver.
Article republié
- Sirimi, Natalia, et al. « Respiratory syncytial virus activity and climate parameters during a 12‐year period. » Journal of medical virology 88.6 (2016) : 931-937.
- Jarraya, Mounir. « Froid hivernal et fréquence de la grippe à Sfax (Centre-Est de la Tunisie). » Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement. Territory in movement Journal of geography and planning 38 (2018).
- Postnikov, Eugene B. « Dynamical prediction of flu seasonality driven by ambient temperature : influenza vs. common cold. » The European Physical Journal B 89.1 (2016) : 13.
- Sartini, Claudio, et al. « Effect of cold spells and their modifiers on cardiovascular disease events : evidence from two prospective studies. » International journal of cardiology 218 (2016) : 275-283.
- Stewart, Simon, et al. « Winter Peaks in Heart Failure : An Inevitable or Preventable Consequence of Seasonal Vulnerability ?. » Cardiac failure review 5.2 (2019) : 83.
- Carreras, Hebe, Antonella Zanobetti, and Petros Koutrakis. « Effect of daily temperature range on respiratory health in Argentina and its modification by impaired socio-economic conditions and PM10 exposures. » Environmental pollution 206 (2015) : 175-182.
Bonjour
Dans la phrase « De la même manière, le risque d’infarctus du myocarde augmente de 2 % comme le montre encore une étude de 2019(5). Pour résumer rapidement, toute activité physique demande un effort supplémentaire au cœur en hiver. » vous indiquer la référence de recherche avec un petit « 5 ».
Lorsque je click sur ce chiffre, je suis renvoyé en bas de page, sur semble-t-il un lien vers un article scientifique sur cette étude. Malheureusement, quand je click sur ce lien je suis renvoyé au petit « 5 » de la phrase.
Bien cordialement
Francis Basso