Benzodiazépines : l’overdose silencieuse de la France
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) vient de relancer une alerte sur l’usage des anxiolytiques.

Loin d’être un nouveau débat, cette mise en garde s’inscrit dans une campagne de sensibilisation massive face à une réalité insidieuse : la France, deuxième consommatrice de benzodiazépines en Europe, semble encore ignorer les risques majeurs liés à ces molécules. Et pendant ce temps, les ordonnances pleuvent.
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Prescription prolongée : le piège invisible des anxiolytiques
À croire que l’oubli est médicalisé. En France, plus de 9 millions de personnes ont consommé des benzodiazépines en 2024. Une consommation d’apparence anodine, mais qui masque un fléau bien réel : 40 % des prescriptions d’anxiolytiques dépassent les durées recommandées. La règle est pourtant limpide : quelques jours à trois semaines pour les hypnotiques, 12 semaines maximum pour les anxiolytiques. Mais la routine médicale semble avoir avalé la vigilance. Ce que les patients perçoivent comme un « calmant » devient alors un poison discret : troubles cognitifs, somnolence persistante, chutes graves chez les personnes âgées, et surtout, un risque de dépendance sous-estimé.
Plus grave encore : la banalisation s’installe dès l’adolescence. Entre 2017 et 2023, les prescriptions ont bondi de 25 % chez les moins de 19 ans, avec un pic alarmant de +40 % chez les jeunes filles, alerte l’ANSM. Chez les 18-25 ans, l’agence relève une autre dérive : le détournement des anxiolytiques à des fins récréatives. Prise en soirée, consommation croisée avec d’autres substances : l’anxiolytique devient un produit de défonce. Un comble, pour un médicament censé apaiser. Et pourtant, près d’un quart des jeunes utilisateurs avouent ignorer les risques de dépendance ou d’accident. Une ignorance qui inquiète sérieusement les autorités sanitaires.
Seniors, les premières victimes du mésusage d’anxiolytiques
Ce sont les invisibles du débat. Pourtant, les plus de 65 ans figurent en tête des consommateurs de benzodiazépines. La prescription longue durée y est monnaie courante, parfois sans aucune remise en question. Résultat : un cortège d’effets indésirables silencieux, mais bien réels. Chutes avec traumatismes, confusion, perte de mémoire : chez les seniors, ces médicaments deviennent un facteur de risque majeur. La surconsommation devient ici une tragédie de santé publique.
Le 10 avril 2025, l’ANSM a donc lancé une nouvelle campagne nationale dans le cadre de la Grande cause nationale sur la santé mentale. Objectif affiché : sensibiliser les trois cibles prioritaires – jeunes, seniors, professionnels de santé. Le message est clair : « Les médicaments ne sont pas des produits ordinaires, ne les prenons pas à la légère ». Cette phrase barre les affiches d’une campagne digitale qui mêle affiches, brochures, vidéos et contenus créés avec des influenceurs santé. « Cette campagne a pour objectif de sensibiliser le grand public et les professionnels de santé à un sujet de préoccupation qui, bien qu’il ait fait l’objet de nombreuses actions depuis plusieurs décennies, reste aujourd’hui toujours d’actualité », résume la Pr Catherine Paugam-Burtz, directrice générale de l’ANSM.
Les anxiolitiques ne doivent pas être prescrits en première intention, rappelle l’ANSM
Mais cette « actualité » perpétuelle ne révèle-t-elle pas, justement, l’échec des campagnes précédentes ? À quoi bon répéter les alertes, si le système médical, lui, ne corrige pas sa complaisance ? Car les benzodiazépines atténuent les symptômes, mais ne traitent jamais la cause. Pourtant, c’est cette confusion qui perdure : trop souvent prescrites en première intention, elles masquent les troubles au lieu de les affronter. Pendant ce temps, les alternatives – psychothérapie, médecine comportementale, soutien social – restent peu accessibles et mal remboursées, et de ce fait trop peu prescrites.
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