On peut parler d’un champignon tueur… Le candida auris, un germe résistant aux fongicides, se répand peu à peu à travers la planète, au point de rejoindre outre-Atlantique la liste des « menaces urgentes ».
Un usage excessif des antibiotiques à la source du développement du candida auris
La nature s’adapte encore et toujours. C’est justement le cas du candida auris, un champignon découvert en 2009, et qui a su évoluer pour être en mesure de résister aux traitements antifongiques.
Conséquence : il ne cesse de se répandre dans les hôpitaux à travers le monde, et peut se révéler mortels pour les patients dits à risque, au système immunitaire déjà affaibli, personnes âgées comme nourrissons(1).
D’où vient cette résistance aux fongicides que ce germe tueur a développé en quelques années ? Apparemment, elle serait due à l’utilisation massive des antibiotiques tant dans les hôpitaux que dans l’industrie agroalimentaire.
Face aux traitements antifongiques, certains champignons, tel le candida auris, ont su développer leur propre système de défense pour les rendre inefficaces.
Candida auris – Un bilan déjà alarmant
De prime abord, les symptômes de l’infection par ce germe peuvent sembler bénins. Le patient ne constate que fièvre, courbatures et fatigue. Mais ils peuvent déboucher sur un décès s’il est un tant soit peu affaibli.
Ainsi, selon les informations collectées par le New York Times, une infection via le candida auris a eu lieu entre 2012 et 2013 dans un centre médical au Venezuela(2). Bilan : 18 patients contaminés, cinq décès. La même année, 587 personnes étaient contaminées par ce germe tueur aux États-Unis. En 2016-2017, une épidémie dans un hôpital espagnol touchait 372 patients.
Face à cette menace croissante, le Centre fédéral pour le contrôle et la prévention des maladies a déjà décidé d’ajouter le candida auris à la liste des « menaces urgentes ». En effet, selon les chercheurs, l’identification d’une contamination par le candida auris constitue un obstacle à la prise en charge des patients, la médecine peinant à lutter contre ce germe toujours plus résistant.
700.000 décès par an
Et la question est tout sauf accessoire. En effet, selon une étude du gouvernement britannique, si rien n’est fait pour ralentir cette résistance aux traitements, pas moins de dix millions de personnes pourraient décéder de telles infections à l’horizon 2050. Selon les chiffres officiels aux États-Unis, qui datent de 2010, deux millions de personnes contractent une infection résistante chaque année. Et 23.000 patients en mourraient.
Les projections de chercheurs de l’université de médecine de Washington pensent que le nombre de morts atteint désormais les 162.000… Au niveau mondial, on estime le nombre de décès à 700.000. Il faut dire qu’au-delà de ce candida auris, une douzaine d’autres bactéries et champignons dangereux ont également développé une résistance.
Merci pour cet article dans lequel vous citez la responsabilité de l’industrie agro-alimentaire. En effet, on l’entend trop peu dans nos journaux radio et TV, on le lit rarement, mais tous les élevages utilisent largement les antibiotiques qui se retrouvent ensuite dans les nappes phréatiques et les rivières – ainsi tous les animaux destinés à la consommation sont systématiquement gavés d’antibiotiques (du bœuf au poisson, sans oublier la grande famille des crustacés) : en les ingérant, nous devenons résistants – une solution consiste à consommer moins de chair animale (et le lait …) à moins d’être certain que l’éleveur utilise peu ou pas d’antibiotique .