Carte des pollens supprimée : les allergiques abandonnés par l’État
Le 26 mars 2025, le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) a été officiellement placé en liquidation judiciaire.

Des particules invisibles, mais une onde de choc bien tangible. Derrière les yeux qui piquent et les éternuements printaniers, c’est tout un système de vigilance qui s’effondre dans l’indifférence quasi-générale. Une disparition qui tombe au pire moment : celui des bourgeons.
Coup d’arrêt brutal pour le Réseau national de surveillance aérobiologique
Après trois décennies de publications hebdomadaires précises sur la dispersion des pollens, le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) tire sa révérence. L’annonce a secoué le milieu médical, les allergologues et, bien sûr, les millions de patients souffrant d’allergies saisonnières. À l’origine : un rapport accablant de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), la suppression des subventions publiques et une gouvernance mise en cause. Mais qui informera désormais les allergiques de l’arrivée massive des pollens ? Et à quel prix ce silence ?
Le 21 mars 2025, le RNSA publiait donc son dernier bulletin, une carte dominée par le jaune et le rouge, à l’approche du pic pollinique printanier. Quelques jours plus tard, l’annonce tombait comme une sentence : liquidation judiciaire prononcée par le tribunal de commerce de Lyon, effective le 26 mars 2025.
La gestion financière du RNSA n’avait pas satisfait l’IGAS
Sur les réseaux sociaux et sur son site, le RNSA écrivait : « Depuis trente ans, nous vous avons informés avec rigueur et passion sur la présence des pollens dans l’air et les risques sanitaires associés, mais sans subventions publiques, nous sommes contraints de mettre la clé sous la porte ». Les mots sont empreints d’émotion. « Grande tristesse », « immense gratitude envers les allergiques, médecins et partenaires », peut-on encore lire dans ce dernier message.
Derrière cette fermeture, 600.000 euros de subventions envolés. Les ministères de la Santé et de la Transition écologique ont brutalement coupé les financements publics en 2024, se fondant sur un rapport de l’IGAS qui dénonçait une gestion « opaque » et des défaillances structurelles. L’impact est immédiat : des millions de Français se retrouvent sans repère à l’approche des pics allergiques du printemps. D’autant que le RNSA, outre ses cartes très suivies, produisait un indice pollinique reconnu et utilisé par les médecins pour ajuster les traitements. Le ministère, de son côté, tente de minimiser l’impact en promettant un dispositif de relève. Mais cette dernière n’est pas encore au point. L’État assure travailler à une solution transitoire pour 2025. Atmo France, fédération des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air, prévoit le lancement d’un nouvel indice pollen national le 2 avril 2025. Celui-ci sera déployé progressivement dans chaque région.
Un vide informationnel préoccupant : vers une santé publique aveugle ?
En attendant le déploiement du nouvel indice Atmo, les patients allergiques doivent improviser. Voici quelques alternatives, quoique imparfaites :
– Les Pollinariums Sentinelles : ces jardins expérimentaux permettent de détecter les premiers rejets de pollens de certaines plantes allergisantes. L’Association des pollinariums sentinelles de France continue de publier des alertes locales, mais la couverture reste très partielle.
– Les associations régionales de surveillance de l’air (comme Airparif, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, etc.) fournissent ponctuellement des bulletins, mais sans l’expertise centralisée du RNSA.
– Les archives du site Pollens.fr restent en ligne, il est donc possible de visualiser les bulletins d’il y a un an, en espérant que le cycle de floraison soit identique cette année.
– Applications privées : quelques applis comme AirVisual ou Pollen+ proposent des alertes personnalisées, mais elles se fondent souvent sur des algorithmes plus que sur des mesures réelles.
Dans tous les cas, le risque est majeur : que des patients ne débutent pas leur traitement à temps, aggravant les symptômes, ou que les professionnels de santé manquent d’informations précises sur les zones à risque.
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