À bord, les lycéens ont participé à une mission scientifique baptisée Hermiona. Jeter ses filets pour remonter de grandes quantités de micro-algues n’est pas sorcier, mais quand il faut les analyser, c’est une autre affaire. Les jeunes ont fourni un travail digne de professionnels.
Sciences participatives : des micro-algues prélevées par des lycéens
Pour ces jeunes du lycée maritime et aquacole de La Rochelle, cette expédition était une véritable aventure scientifique. Embarqués à bord du voilier baptisé K.VIII dans l’Atlantique Nord sur les traces de Lafayette, ils ont pu effectuer de nombreux prélèvements de micro-algues grâce à des filets composés de mailles microscopiques. Ces échantillons ont ensuite été analysés et les résultats viennent d’être rendus publics par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).
Le projet de sciences participatives HERMIONA (Halieutique, Environnement et Recherche sur les Micro-algues de l’Océan Nord Atlantique) lancé pour le laboratoire Ifremer de Concarneau avait pour but de :
- comparer ces échantillons avec une quantité exceptionnelle d’espèces de micro-algues réputées d’eaux tempérées chaudes à tropicales trouvées en 2014 et 2015 en baie de Concarneau, jamais observées pour certaines
- comparer les échantillons issus du périple du navire Michael Sars en 1910, dont le parcours est proche de celui de K.VIII, et qui servent encore aujourd’hui à identifier les espèces de micro-algues
Vingt points de prélèvements ont été réalisés durant cette traversée de l’Atlantique, de La Rochelle à New York en passant par les îles Canaries et Saint-Pierre-et-Miquelon. Le but était de mieux connaître les micro-algues qui constituent la partie végétale du plancton. Ce dernier est à la fois le premier maillon de la chaîne alimentaire sous-marine mais aussi source d’oxygène. Un travail qui a permis de découvrir des espèces jusqu’alors inconnues comme l’Alexandrium.
Des micro-algues exotiques en Bretagne, signe du réchauffement des océans
D’autres espèces de micro-algues étaient déjà connues mais il manquait encore certains éléments pour compléter leur carte d’identité génétique. « Plusieurs centaines de morceaux d’ADN doivent être séquencés pour obtenir ce type d’informations », détaille Claude Le Bec, biologiste marin et responsable du laboratoire Ifremer de Concarneau. « Grâce aux nouveaux prélèvements de K.VIII, nous avons ainsi pu établir la carte d’identité de la micro-algue Alexandrium garderea par exemple, une espèce dont la séquence génétique était jusqu’alors inconnue. »
Autre résultat et signe de la hausse des températures des océans : la découverte en baie de Concarneau, d’une dizaine d’espèces de micro-algues que l’on trouve habituellement dans les eaux chaudes subtropicales. Grâce aux lycéens, on en sait donc un peu plus sur la présence de ces algues exotiques sur le littoral breton.
Illustration bannière : Prélèvements dans le cadre de la mission scientifique Hermiona de l’Ifremer Concarneau – © Association le Grand Voyage via Ifremer
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