Après avoir passé 9 mois ou un peu moins dans le ventre de sa mère, un nourrisson, en venant au monde, est des plus vulnérables, du fait de sa fragilité naturelle et de sa totale dépendance à l’adulte. Son environnement, et tout particulièrement son alimentation, vont grandement influencer sa santé future de manière positive ou négative.
Alimentation du bébé : la diversification alimentaire
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise l’allaitement maternel exclusif pendant les 6 premiers mois de la vie, puis concomitant tout au long de la diversification et, idéalement, à poursuivre jusqu’à 2, voire 3 ans.
Le lait maternel reste le mode d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant le plus adapté puisqu’il est naturellement évolutif en fonction des besoins en cours de tétée comme de jour en jour.
Il apporte des immunoglobulines (anticorps protecteurs), des acides gras essentiels, des vitamines, des minéraux bien assimilés et appropriés à l’immaturité rénale de l’enfant, du lactose et des enzymes spécifiques pour bien le digérer et enfin, ce qu’il faut de protéines et de facteurs de croissance. Sa valeur biologique est quasi parfaite. Si le lait maternel n’est pas ou plus disponible, les laits infantiles doivent être adéquats (premier âge, deuxième âge, croissance) et de bonne qualité (bio).
Les bébés ont des besoins spécifiques : proportionnellement à leur poids et en comparaison avec un adulte, ils ont besoin de 5 fois plus de fer et de calcium, et 5 fois moins de protéines et de sel.
Attention enfin au mode de chauffe du lait : au micro-ondes et dans un biberon en plastique (même désormais sans BPA), la structure du lait se modifie et présenterait un risque, à plus long terme, pour les reins, le foie et l’immunité de l’enfant.
Quand et comment commencer la diversification alimentaire ?
Faut-il diversifier l’alimentation de son bébé dès le jour anniversaire du 6e mois ? Non, d’autant que souplesse et patience seront précieuses pour accompagner cette étape de la vie. Il s’agira plutôt d’observer, d’écouter son enfant : est-il désormais à l’aise en position assise ? La motricité de ses petites mains permet-elle de saisir un morceau d’aliment ? Les premières dents ont-elles poussé ? Témoigne-t-il d’une envie de partager le repas de la famille ou de manger « solide » ? Il sera alors temps.
La diversification est question de patience, nous le disions, mais surtout de progressivité. Le petit organisme doit s’habituer, s’approprier, pas à pas, comme tous les apprentissages à venir. Il est question, pour l’organisme et le système immunitaire encore immatures, de décider s’ils tolèrent ou rejettent l’aliment introduit. Les réactions de rejet pourront se faire immédiatement (bouchée recrachée) ou un peu plus tard, par le haut (régurgitations) ou par le bas (diarrhées).
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Le développement des anticorps spécifiques, les premières défenses immunitaires du bébé, requiert du temps, d’où l’importance de le prendre. Dès lors qu’il y a reconnaissance du non-soi, concernant spécifiquement les protéines (dont l’organisme est en grande partie fait), il y a alors tolérance et les choses rentrent dans l’ordre.
D’une manière générale, au début, préférez :
- des aliments peu variés et peu relevés,
- pas de sucre raffiné ni ajouté,
- pas de sel (attendre l’âge d’1 an et des reins un peu plus matures),
- pas de blanc d’oeuf (attendre l’âge d’1 an et ainsi prévenir un risque allergène),
- pas de graisses saturées,
- peu de protéines, notamment animales, et ainsi prévenir un risque d’adiposité précoce et de surpoids à venir parce que la croissance aura été trop rapide,
- pas d’additifs chimiques ni de perturbateurs endocriniens (même naturels comme le soja).
Pour commencer, il s’agit d’introduire un aliment seul tous les deux ou trois jours, à raison d’une cuillère à café. Laisser du temps à l’enfant et le lui faire savoir, rien ne presse. En lui en proposant trois, quatre, cinq, dix fois, il finira par s’habituer à la nouveauté. Si la cuillère pose problème, revenir au biberon comme contenant.
Idéalement, le petit enfant mange à table, en famille, dans le calme. Introduire, dès le plus jeune âge, l’habitude de manger en conscience, sans être stimulé par autre chose (télévision, jeux, allées et venues, etc.), et de mastiquer, est un excellent investissement pour une bonne santé intestinale, donc immunitaire, à venir.
Illustration bannière : Bébé impatient de recevoir une bouchée de nourriture solide – © Mila Davidovic