Au lendemain de la publication du rapport PISA qui confirme la place de Singapour et de l’Asie en tête de liste, certains pays comme la France ou la Suède maintiennent leurs places dans la moyenne de l’OCDE. Ces résultats peu satisfaisants pour les deux pays sont pourtant obtenus avec des méthodes d’apprentissage très contrastées.
Le système éducatif suédois est en effet très différent du système éducatif français. Voici quelques pistes de réflexion pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ce modèle éducatif à part.
L’école suédoise, l’indépendance avant tout
Il faut d’abord préciser qu’historiquement et culturellement, l’enfant occupe une place de choix dans la société suédoise. En 1900, un livre crucial intitulé « Le siècle de l’enfant » signé Ellen Key, une féministe visionnaire, allait connaître un retentissement sans précédent et présider, sous la baguette des sociaux démocrates, à une restructuration complète des institutions éducatives en Suède.
Même si la nouvelle conception de l’enfant d’Ellen Key est assez proche de celle de Rousseau, elle fait la part belle aux femmes qui sont les guides naturels vers cette nouvelle forme d’autorité douce, sans contraintes ni punitions. Cette idée que la bienveillance à l’égard des enfants donne naissance à des êtres bons, altruistes et créatifs est donc au coeur du système éducatif suédois.
L’enfant au coeur de l’éducation
L’enfant est est donc assez naturellement, le point de départ et le centre de l’éducation en Suède. Un deuxième postulat important lié à cette attention bienveillante : tous les enfants sont différents et se développent différemment, il faut donc les écouter pour adapter son enseignement à leurs besoins particuliers. En Suède, c’est donc l’école et les enseignants qui s’adaptent à l’enfant, et pas l’inverse.
Ainsi la notion de programme commun ou de compétences normalisées structurant l’apprentissage, ne figurent pas dans les instructions officielles suédoises mais cela ne signifie pas pour autant que les enfants ne développent pas de compétences ou ne font rien, comme tentent de nous le faire croire ses détracteurs, bien au contraire.
À l’école suédoise, on apprend surtout à penser par soi-même, à développer son autonomie et à acquérir le sens des responsabilités ; on augmente son savoir en le construisant avec d’autres enfants et en le mettant en pratique. Ici pas de compétition, pas de notes souvent réductrices, on préfère l’auto-évaluation, la coopération et le travail manuel ou artistique qui permettent aux enfants de devenir des êtres sociables et responsables sans modèle pré-déterminé.
Dans une même école, plutôt que d’établir des listes de notions à connaître ou de compétences à maîtriser impérativement, on définit des objectifs pour chaque enfant inscrit, et ces objectifs peuvent parfaitement différer d’un enfant à l’autre. Dans le système suédois, l’enfant est acteur à part entière de son apprentissage et on estime que la confiance est la meilleure manière de soutenir et d’encourager son développement.
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