Les affaires d’inceste ou d’abus sexuel secouent régulièrement la France. La parole de quelques victimes commence à se libérer après parfois de très longues années de silence et de souffrance.
Selon un sondage Ipsos du 5 novembre 2020, 10 % des Français soit 6,7 millions de personnes ont été victimes d’inceste. Pourtant, malgré ces chiffres effroyables et les récents témoignages, l’inceste et les violences sexuelles restent tabou dans notre société.
Alors, pourquoi est-il nécessaire de parler de ce sujet avec nos enfants ? Comment trouver les bons mots et à quel moment le faire ?
Comment parler de violences sexuelles avec son enfant ?
Même si c’est un sujet délicat à aborder avec votre enfant, il est important de discuter de violences sexuelles avec lui. En effet, en ayant conscience que ce genre de comportement existe, il sera mieux armé pour y faire face s’il venait à subir une agression.
Il sera d’autant plus vigilant face à des comportements douteux, ambigus. De plus, s’il a déjà discuté de ce sujet avec vous, il viendra plus facilement se confier à vous s’il est victime d’un abus sexuel ou d’une tentative.
Parlez-lui de son corps dès le plus jeune âge
Bien entendu, il n’est pas question de parler de violences sexuelles à un tout petit enfant. Par contre, dès son plus jeune âge, apprenez-lui à nommer les parties de son corps. Et dès qu’il est en âge de se laver seul, vous pouvez lui dire que son corps lui appartient et que personne n’a le droit de toucher ses parties intimes, pas même papa ou maman.
Dans son guide intitulé Prévention des violences sexuelles envers les enfants, la psychiatre Muriel Salmona, nous dit : « il faut également insister auprès des enfants sur un point : si personne n’a le droit de les forcer, il en va de même pour eux. Le corps de leurs camarades ne leur appartient pas ».
Choisissez le bon moment
Pour les plus petits, le moment du bain est un excellent moment pour apprendre à parler de son corps : nommer les parties intimes, commencer à se laver seul. La poupée est aussi un bon moyen pour apprendre à votre enfant les parties de son corps qui sont intimes et que personne n’a le droit de toucher.
Pour les plus grands, inutile d’aborder le sujet comme un cours magistral. Les violences sexuelles peuvent être abordées suite à quelque chose entendu dans le quotidien, à la radio, ou suite à une lecture, un film…
Dans son guide, Muriel Salmona précise « Le mieux est d’aborder les violences sexuelles dans le cadre plus général des violences, ce qui permettra de ne pas amalgamer violences sexuelles et sexualité ». Mieux vaut donc éviter de parler d’abus sexuel lorsque votre enfant vous questionne sur la reproduction ou la sexualité.
Adaptez votre discours à son âge
Utilisez un vocabulaire adapté à l’âge de votre enfant et soyez factuel. Dites-lui que personne n’a le droit de lui imposer un geste ou un acte sexuel, car c’est interdit par la loi.
Insistez sur le fait que si quelqu’un touche une partie intime de son corps, l’embrasse ou se montre nu devant lui, il a le droit de dire non et il doit en parler rapidement. Apprenez-lui à écouter sa petite voix intérieure qui l’alerte quand quelque chose n’est pas normal.
Si une situation le met mal à l’aise, il faut qu’il en parle, rien ne doit être tabou. Attirez son attention sur le fait que parfois, des personnes en apparence « gentilles » sont en fait très méchantes. Les violences sexuelles n’ont rien à voir avec l’amour.
Et si vous sentez que cela est nécessaire, répétez-lui ce discours à chaque fois qu’il partira sans vous : en colonie de vacances, en tournoi sportif, en week-end chez des amis…
Dites-lui qu’il doit se confier s’il est confronté à des violences sexuelles
Les personnes victimes d’inceste ou d’abus sexuel ont parfois beaucoup de difficulté à en parler. Ils craignent de ne pas être crus, de décevoir et se sentent souvent coupables de ce qui est arrivé. C’est pour cette raison qu‘il est parfois plus facile de parler avec une personne extérieure au cercle familial, surtout s’il s’agit d’inceste.
Pour cette raison, listez avec lui des personnes de confiance vers qui il peut se tourner s’il rencontre un problème. Aidez-le à désigner des personnes à qui il pourra parler s’il ne souhaite pas se tourner vers vous : un ami, une enseignante, votre médecin de famille…
Quels signes doivent m’alerter ?
Pour Muriel Salmona, il est essentiel d’informer son enfant des risques, mais cela n’est pas suffisant. Il est nécessaire également de lui demander régulièrement s’il n’a pas subi de violences.
Soyez attentif s’il change subitement de comportement (tristesse, perte d’appétit…), si son sommeil est agité ou s’il recommence à faire pipi au lit alors que cela n’arrivait plus depuis longtemps.
Les enfants qui ont subi des violences sexuelles peuvent également avoir des comportements sexualisés, car ils vont reproduire sur eux ou sur d’autres ce qu’ils ont vécu.
Enfin, si votre enfant refuse catégoriquement de voir une personne en particulier ou de faire une activité extrascolaire, vous devez l’entendre et comprendre pourquoi il exprime ce refus.
À lire sur le sujet :
- Le guide de Muriel Salmona disponible ici
- Stop aux violences sexuelles faites aux enfants, réalisé à l’organisation de la Journée mondiale des droits de l’enfant, téléchargeable ici
Et si on se parlait ? le petit livre pour aider les enfants à parler de tout, sans taboo de Andréa Bescond et Mathieu Tucker
Coucou ! Nous nous appelons Lila, Tina, Mathilde, Léo & Hakim… Nous avons à peu près ton âge et nous aimerions partager avec toi des petites expériences de vie. Cela te permettra d’en parler avec les adultes qui s’occupent de toi, d’exprimer tes émotions, de raconter à ton tour ce que tu vis à l’école ou à la maison…