L’explosion du Bio : attention aux amalgames

Rédigé par Consoglobe, le 16 Mar 2007, à 13 h 35 min

Le marché biologique est essentiellement constitué de produits alimentaires car il est très difficile aux autres produits d’être conformes aux critères d’exclusion des composants chimiques ou de synthèse dans les produits ou leur processus de fabrication. L’exclusion de tout pesticide, fongicide, fertilisant, antiobitique, polymère, etc. fait qu’il est très difficile pour les matériaux de construction ou produits textiles d’être réellement bio.

  • L’explosion de la consommation de produits biologiques se confirme avec un marché français estimé à 1,6 milliard d’euros en croissance de 10 % par an depuis 1990.
  • Plus de huit femmes sur dix ont une image positive des produits biologiques , tandis qu’ une femme sur deux en consomme régulièrement selon une enquête CSA/Agence Bio.
  • 3 Français sur 10 consomment des produits bioau moins une fois par mois, 7 % en consomment tous les jours.
  • En 2005, 47 % des Français ont acheté au moins une fois par mois un produit portant le logo AB (Baromètre officiel de l’Agence Bio)
    >> Voir les chiffres sur les Français et l’environnement .

    En fait, dans l’esprit du grand public, quand on pense « Bio », la plupart du temps on pense « Naturel ». Ce phénomène est quelque peu renforcé par l’arrivée de marques « poids lourds » sur le marché du bio ou du naturel fait peur à certains et est très visible :

  • L’Oréal a pris le contrôle de Sanoflor
  • Clarins a investi dans le capital de Kibio
  • Danone, après avoir du retirer changer le nom de ses yaourts désormais appelé Activia, commercialise la marque « Les 2 vaches » labellisée AB.
  • Les grandes marques textiles se mettent au coton Bio.

    Pour veiller à ce que les produits appelés bio sont bien conformes au cahier des charges du bio et ne se contentent pas de s’autoproclamer « bio », des associations se sont créées, comme Nature et Progrès ou Cosmébio qui compte environ 120 adhérents qui ont accepté de se conformer aux exigences de la chartes « cosmébio Bio ».
    Les produits doivent comporter de 95 à 100 % d’ingrédients naturels, c’est-à-dire de végétaux biologiques.

    Pour certains produits cette limite de 95 % est très difficile à atteindre et certains en Europe aimeraient une politique d’attribution des labels plus souple. Ils plaident une plus grande tolérance à l’égard de composants naturels, pas forcément biologiques, notamment pour les cosmétiques Bio.

    > Le Bio aussi polluant ?
    Selon le quotidien britannique The Independent , l’alimentation bio ne serait guère meilleure pour l’environnement que l’agriculture classique. Pire l’agriculture intensive émettrait plus de gaz à effet de serre CO2 que l’agriculture « normale ».

    Un rapport officiel du Department for Environment, Food and Rural Affairs (DEFRA) confirme que la production de produits biologiques a moins d’impact sur l’environnement que la production conventionnelle moderne qui utilise utilisant engrais et pesticides.

    Pourtant certaines catégories d’aliments n’ont pas cet impact positif :

  • La production de lait, de tomates, de poulets Bio est peu efficace d’un point de vue énergétique et tout aussi polluante que la production intensive. Produire du lait bio nécessite 80 % de surfaces en plus et émet quasiment le double de substances pouvant créer une acidification du sol et générer l’eutrophisation de l’eau. Produire du lait bio exige plus de nutriments, moins de pesticides et engrais, émet plus de gaz à effet de serre CO2 que les méthodes conventionnelles : 1,23 kg/l contre 1,06 kg/l. En ce qui concerne la production de poule, l’élevage bio est plus long, ce qui a un impact direct sur la production de polluants et nécessite au total plus d’énergie.
  • Un co-auteur du rapport affirme qu’on ne peut pas soutenir que l’alimentation Bio est meilleure pour la nature à cause des consommations d’énergie qu’elle nécessite pour sa production, souvent complexe à analyser.
  • Donc d’un côté, l’empreinte écologique de l’agriculture Bio n’est pas forcément meilleure mais cela est contre-balancé par le fait qu’elle est plus respectueuse de la biodiversité
  • Certains comme le secrétaire à l’environnement du gouvernement anglais a mécontenté les partisans de l’agriculture Bio après avoir affirmé que manger Bio est un « choix de vie » qui ne garantit pas une meilleure qualité nutritionnelle. Un scientifique proche du gouvernement explique que les aliments Bio ne sont pas meilleurs que ceux traités classiquement aux engrais et pesticides
  • Le rapport anglais conclut donc qu’on ne peut conclure définitivement : « Il n’y a pas assez de preuves suffisantes pour affirmer que la généralisation de l’agriculture bio a moins d’impact négatif que l’agriculture conventionnelle moderne ».

    Avec une croissance de 30 % sur l’année dernière et un chiffre d’affaires de 1,6 Millions de £ en Angleterre, le Bio fait donc débat. Tout comme en France où on sait qu’une salade Bio n’est pas meilleure pour l’environnement qu’une salade « normale ».

    Quelques chiffres donnés par The Independent :

  • Tomates
    * 122m² de terres sont nécessaires pour produire une tomate bio contre 19m² en agriculture intensive
    * 1,9 fois plus d’énergie est utilisée pour la production bio

  • Lait
    * 80 % de surfaces en plus sont nécessaires pour produire du lait bio
    * La production de lait bio génère 20 % de CO2 en plus et multiplie par 2 les sous produits polluants

  • Poulet

    * 25 % d’énerie en plus utilisée pour la croissance de poulets Bio.
    * 6.7kg de CO2 par poulet bio contre 4.6kg de CO2 pour un poulet en batterie

    > Le pain bio et pain label rouge
    Il doit contenir au minimum 95 % d’ingrédients biologique et sa farine est obligatoirement issue de l’agriculture biologique. Deux additifs sont autorisés : l’acide ascorbique et la lécithine de soja car ils permettent de contenir l’oxydation de la pâte.
    A ne pas confondre avec le pain Label Rouge qui est certifié du fait de son mode de fabrication. Le pain Label rouge peut contenir des additifs. Par exemple le pain Banette ou Campaillette utilisent une farine Label rouge mais ne limitent pas les additifs (sauf pour son pain « tradition française »).

    > Bio : deux labels et demain un seul ?
    En 2005, 47 % des consommateurs ont acheté un produit bio. En matière de bio, il y a deux logos :

  • Le logo français AB, géré par le Ministère de l’agriculture, est facultatif et est décerné aux aliments qui sont composés à plus de 95 % d’ingrédients issus de l’agriculture biologique.
  • Le logo européen « agriculture biologique ».
    Les 2 logos impliquent tous les deux la non utilisation de produits chimiques de synthèse (pesticides, engrais, …) avec des contrôles en amont, …. Le logo AB est plus exigeant en matière animale.

  • A l’échelle européenne, on peut trouver une dizaines de certifications privées. Un label européen unique est en projet qui les unifierait et qui assouplirait le cahier des charges : en effet les Etats pourraient alléger les exigences du label et continuer de l’utiliser. Par ailleurs, le label français AB ne pourrait plus communiquer sur ce qui fait sa différence. Une tolérance de 0,9 % maximum d’OGM serait admise.
    Evidemment, beaucoup ne sont pas d’accord.

    > Alimentation bio : le cheptel augmente
    Les élevages issus de l’agriculture bio obéissent à un cahier des charges qui garantit de la viande sans OGM, 100 % traçables, sans traitements antibiotiques préventifs et provenant d’animaux élevés le plus possible en plein air.

  • En 2005 et par rapport à 1995, les élevages de truies étaient 20 fois plus nombreux,
  • Les élevages de brebis, 13 fois plus nombreux,
  • Les élevages de vaches, 9 fois,
  • Les élevages de poulets, 4,5 fois plus nombreux.
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    10 commentaires Donnez votre avis
    1. Agriculture Biologique ou Agro Business en Arboriculture

      Devant les pressions économiques, politiques, industrielles, écologiques, l’arboriculture fruitière biologique d’aujourd’hui se tourne vers une bio à 2 vitesses : une bio dite « classique » produite par des producteurs locaux sur de petites exploitations et une bio dite « industrielle » produite sur de grosses exploitations qui ont souvent une double activité : bio et chimique.
      Il est important d’informer les consommateurs que le bio « pas cher » sera obligatoirement produit de façon intensive. Une pomme bio d’un verger bio « classique », c’est 500 à 1000 arbres/ha pour 15 à 30 tonnes/ha de production. Un verger bio « industriel », c’est 2000 à 3000 arbres/ha pour 60 à 80 tonnes/ha produites. Les prix à la vente n’ont plus alors qu’à parler !
      Alors que nous parlons de la loi sur l’eau et de la protection de nos nappes, ces vergers, par leur forte densité arbres/ha, demandent des arrosages très importants. Et que dire des traitements effectués sur ces pommes bio « industrielles », qui peuvent avoisiner les 90 passages/an ! Certes les produits utilisés sont en règle puisqu’ils sont autorisés au cahier des charges bio, mais est-ce vraiment cette agriculture biologique-là que nous souhaitons voir demain ? C’est à mon sens une catastrophe écologique (traitements massifs, pesticides utilisés, etc.) et économique puisqu’elle va à l’encontre des producteurs bio normaux, des petits producteurs locaux conventionnels et des producteurs en agriculture raisonnée.
      Aujourd’hui le bio est devenu une niche commerciale et certains producteurs conventionnels l’ont bien compris. Ces derniers étaient les premiers à critiquer la bio en disant que c’était l’arnaque du siècle, et maintenant ce sont les mêmes qui produisent des fruits bio à pas cher, en prenant nos consommateurs pour des imbéciles. Il y a 3 ou 4 ans, on pensait que les producteurs ne pouvaient pas s’installer en verger bio faute de moyens techniques suffisants et maintenant voilà que nous pourrions presque tous être agriculteur bio ? Que nous cache-t-on ? Serions-nous plus laxistes sur les exigences et la réglementation bio ? Qu’importe l’éthique et l’âme de paysan, la méthode est simplement financière pour atteindre les 20% de bio d’ici 2012. Ces fruits bio seront essentiellement destinés aux grandes surfaces et aux collectivités locales (cantines scolaires, centres aérés, résidences pour personnes âgées…). A quand sur nos étals des pommes bio calibrées, de la même coloration, avec un sticker/fruits, filmées sous plastique et en barquette 6 fruits ! Pour berner le client, rien de plus facile que de se donner une belle image en utilisant la naïveté et l’innocence de l’enfance ; je pense notamment à une pomme qui utilise comme logo une « petite fille ». Le marketing et le manque de transparence à l’égard des consommateurs sur nos méthodes de productions nous fait perdre leur confiance. Ainsi pour ne pas perdre la face, nous nous cachons derrière des logos, des labels, des noms chocs comme « fermier », « naturel », « paysan », etc. et des images comme celle d’une coccinelle, d’une fleur, d’une main tendue, etc. Mais la confiance entre producteurs et consommateurs ne se gagne pas seulement par le « paraître », c’est avant tout affaire de sincérité et de vérité.
      L’ensemble de nos organismes certificateurs comme Ecocert, Qualité France… profitent de cette ascension bio pour gagner plus d’argent puisqu’ils sont rémunérés à la surface bio ou en conversion. En contribuant à l’augmentation de ces productions de fruits bio industriels, ces organismes collaborent directement avec cette agriculture du Biobusiness. Mais, plus grave encore, sur ces vergers les contrôles sont surtout administratifs et les analyses de résidus de pesticides sont rarement effectués. Tout ceci est encore une fois un problème financier car ce type d’analyse est très coûteuse pour l’état et va à l’encontre des objectifs du Grenelle de l’environnement. Aujourd’hui, si nous devions faire des analyses sérieuses sur ces exploitations, et surtout sur celles à double activité, nous aurions certainement de belles surprises ! Pour être AB, ces exploitations devraient subir chaque année des analyses de pesticides et des analyses de sols. Enfin et pour sauver la véritable Arboriculture Biologique, j’appelle AgroBio Poitou-Charentes et nos associations bio (Biosèvres, Gab17, Mab16 et Vienne Agrobio) à soutenir et défendre la vraie agriculture biologique : l’agriculture paysanne que l’on pratiquait autrefois et non cette agriculture du bio business. En cautionnant ce type d’AB, nous détruirons ce que l’on a construit et discréditerons notre éthique. Est-ce sincèrement ces entreprises qui représenteront l’Agriculture Biologique de demain ? Je ne l’espère pas. Soyons responsable par le cœur et non par intérêt…
      En conclusion, pour guider au mieux nos consommateurs, je leur conseille d’abord de se tourner vers des productions locales comme la vente directe à la ferme, les marchés de producteurs, les AMAP, etc. Ensuite, et pour ne pas se tromper sur la bio de demain, il faut savoir que certains labels sont de qualité et assure une alimentation de producteur 100% Bio, comme les labels « Biocohérence », Nature&Progrès et Déméter en Biodynamie, qui ont des cahiers des charges très stricts, avec un volet éthique et social. Pour finir, je les invite surtout à visiter les fermes ; c’est de cette façon que la confiance s’installera entre eux et producteurs et qu’ils s’apprivoiseront comme le Petit Prince et le renard.

    2. désolé je ne suis pas d accord car maintenant l agriculture biologique a le droit de se servir de plein de produit (fongicide et engrais) presque autant que l’ agriculture raisonnée je trouve que c’est honteux

      • Alors il faut consommer des produits issus de l’agriculture biodynamique … Pas ce type de soucis, tolérance 0% de produits chimiques et engrais naturels ! 🙂

    3. * La production de lait bio génère 20% de CO2 en plus et multiplie par 2 les sous produits polluants! pourquoi??? vous entendez quoi par là? que les excrément sont polluants? dans ce cas abattons tous les êtres humain des pays occidentaux car c’est eux qui mangent le plus et donc qui produisent le plus d’excrément!!!!

    4. l’important est d’essayer de faire preuve de bon sens : Pour ma part j’achete au maxi les légumes du potager voisin etje lutte contre le gaspillage dans tous les domaines(nourriture,énergie …)

    5. ok pour tous mais comment faire pour avoir un produit final a un prix raisonnable a tous on parle de bio ou de bisness

    6. L’article est tres interessant mais je suis tout a fait d’accord avec mirobolande. Acheter des produits bio c’est aussi faire attention á la provenance de ces produits et regarder la composition des produits. Et quand on regarde de plus pres on s’apercoit que beaucoup de produits viennent de tres loin, pour moi c’est incompatible. De plus je dénoncerai certaines boutiques bio qui en profitent pour vendre des produits naturels comme produit bio.

    7. Bio, mais je m’interroge sur cette mode de manger des céréales qui viennent du bout de la terre (impact des transports sur l’environnement) et sur l’utilisation de plus en plus généralisée de l’huile de palme dans les produits bio: pas chère, certes, mais vient de loin, on défriche les forêts pour la produire et n’est pas bonne pour la santé.
      Bref manger bio mais rpas à n’importe quel prix (je parle d’impact écologique). C’est en contradiction avec l’éthique bio à mon sens!

    8. Si l’on veut ‘sauver la planète’ et notre santé il faut accélérer la fabrication bio ou au minimum écologique dans tous les domaines mais en réduisant notre système de consommation et l’explosion de la démographie.
      En aucun cas bacler la qualité et interdire les ogm.

    9. très intéressant cet article sur le bio et très complet aussi – bravo – Je tiens une boutique bio et je vais imprimer l’article pour l’afficher pour mes clients
      Clémentine

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