Faut-il vendre les antibiotiques à l’unité pour combler le trou de la Sécurité sociale ?

Pendant un an, plus de 1.000 personnes ont bénéficié, avec succès, de la vente d’antibiotiques à l’unité.

Rédigé par MEWJ79, le 6 Oct 2017, à 10 h 45 min
Faut-il vendre les antibiotiques à l’unité pour combler le trou de la Sécurité sociale ?
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Une enquête a été réalisée en France dans 100 pharmacies durant un an. Plus de 1.000 personnes ont bénéficié de la vente de médicaments à l’unité, notamment d’antibiotiques.

Une réduction de 10 % des médicaments délivrés

Et si la solution pour combler le trou de la Sécurité sociale avait enfin été trouvée ? Entre 2014 et 2015, le ministère de la Santé, a effectué une expérience dans 100 pharmacies de France : vendre des médicaments, dont des antibiotiques, à l’unité. Parmi les 100 officines, 75 ont vendu à 907 patients, tous volontaires, des médicaments à l’unité tandis que les 25 autres ont servi à 278 patients des médicaments en boîtes classiques. La consommation, l’impact environnemental et le coût pour la Sécurité Sociale ont alors été comparés.

Le nombre de boites de médicaments vendues en France sur le Planetoscope

Cette enquête a livré des résultats probants : ce type de vente a permis de réduire de 10 % les volumes délivrés et remboursés par la Sécurité sociale. Selon la revue scientifique américaine PLOS ONE qui a publié les conclusions, quel que soit le paramètre observé, la distribution de médicaments à l’unité plutôt qu’en boîtes entières est positive. Sans fabrication de boîtes, il est certain que le coût est réduit pour la Sécurité Sociale bien que les auteurs de l’étude n’aient pas étudié cet aspect(1).

Des traitements mieux suivis avec des antibiotiques à l’unité

Outre l’aspect économique, l’étude montre aussi que cette vente n’a pas perturbé les patients, tous volontaires. Au contraire, plus de 90 % d’entre eux ont mieux suivi leur traitement contre 65,6 % des personnes du groupe témoin. La vente d’antibiotiques à l’unité a été utile dans 60 % des prescriptions. Dans tous ces cas, la prescription du médecin n’était pas compatible avec le conditionnement en boîte ce qui signifie que le patient reçoit plus d’antibiotiques que nécessaire. Si la pratique est déjà habituelle dans d’autres pays européens (Allemagne et le Royaume-Uni), c’est une première en France.

antibiotiques

© perfectlab

Et l’on comprend aisément pourquoi. Elle reste difficile à mettre en oeuvre et les pharmaciens comme les laboratoires y sont opposés. En cause, la réglementation européenne, qui « impose le marquage à la boite, ce qui fait que le déconditionnement pour la délivrance à l’unité devient compliqué« , selon le président de LEEM (Les entreprises du médicament), le docteur Patrick Errard.

Lire aussi : ÉDITO – Pour convaincre, l’industrie pharmaceutique doit faire plus que communiquer

Enfin, la France est l’un des plus gros consommateurs d’antibiotiques d’Europe. Pourtant, chaque année, 12.000 décès seraient liés aux infections antibio-résistantes. Avec ce système, aucun antibiotique ne reste au patient à la fin de son traitement et le risque d’automédication est écarté.

Illustration bannière : Femme prenant un médicament – © Joe Besure
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Journaliste, je fais le grand écart entre football et littérature jeunesse.

2 commentaires Donnez votre avis
  1. Quelle est cette « réglementation européenne, qui “impose le marquage à la boite, ce qui fait que le déconditionnement pour la délivrance à l’unité devient compliqué“ qui n’aurait pas cours en Allemagne, au Royaume-Uni et pour ce que j’en sais aussi aux Pays-Bas ?

  2. On enfonce des portes ouvertes ! Après avoir vidé mon armoire à pharmacie de médicaments périmés (je n’ai pas osé faire le total de la valeur !), j’ai rapporté sagement le sachet à mon pharmacien et me suis étonnée auprès de lui que la délivrance de médicaments à l’unité n’ait jamais été mise en place en France. Comme l’article le relate, il s’est rétracté derrière des pseudo-excuses (l’europe, l’europe…..) pour me dire que cela était très très compliqué. Ah bon ? Pourtant le Québec et d’autres pays le pratiquent depuis longtemps. Sauf peut être que le Québec n’est pas à la botte des lobbies des laboratoires pharmaceutiques et des pharmaciens…..

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