Hommes et femmes ne vivent pas sur la même planète, il suffit de (re)lire « Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus » pour se reconnaître et en sourire ! Les hommes se rapprochent pourtant de plus en plus de leurs émotions, pour le plus grand bonheur, disons-le, de leurs compagnes.
Rencontre avec Guy Corneau, un homme de coeur
Né en au Québec, Guy Corneau est, entre autres, psychanalyste jungien, auteur d’essais en psychologie et en développement personnel et conférencier. Il est à l’origine de livres et de projets audacieux qui allient création et compréhension psychologique, dans une optique d’ouverture du coeur. consoGlobe.com l’a rencontré pour l’interroger.
consoGlobe.com – Le rapport des hommes à leur sensibilité et à leurs émotions a passablement évolué ces dernières années. Quels commentaires cela vous inspire-t-il ?
G.Corneau – Dans mon livre « Père manquant fils manqué », je proposais l’idée que les hommes, au lieu de se développer positivement en rapport avec la figure du père, élaboraient leur identité par la négative contre l’image féminine. Leur credo devenait ainsi « je ne suis pas une femme ». Cela engendrait un immense malentendu culturel car, dans une famille, qui voit-on exprimer ses émotions librement et prendre soin des autres ? Ce sont la mère et les soeurs.
Ainsi, être un homme voulait dire ne pas pleurer, ne pas exprimer sa sensibilité, ne pas être trop spontané et même, ne pas prendre soin des autres car cela était associé à être une fille. Bien sûr, les choses ont changé ces dernières vingt années. Les jeunes hommes ont moins de difficulté à exprimer leur sensibilité et à être spontanés. Toutefois, il me semble que les mythes ont la vie dure. Être un homme fort qui règle ses problèmes tout seul sans en parler aux autres, demeure, un modèle prévalant dans notre société. C’est même ce qui a entraîné le Réseau Hommes Québec à proposer le slogan « Demander de l’aide, c’est fort ! ».
De tout temps, les hommes ont été élevés pour être des héros et les femmes pour être en couple. Cela change peu à peu, mais pas assez vite à mon goût. Toutefois, cette transformation est incontournable. Le futur de l’homme et de la femme réside non pas dans une identité commune mais bien dans une égalité complémentaire. On est passé d’une époque où il était difficile pour l’homme d’exprimer ses émotions, sous risque de passer pour efféminé, à une autre où, s’il ne pleure pas, il passe pour une brute. Beaucoup d’hommes pensent que l’on est arrivé à une sensibilité tout à fait hors de propos.
consoGlobe.com – Et vous, Guy Corneau, qu’en pensez-vous ?
G.Corneau – Entre le macho qui n’exprime rien et qui a peur de passer pour efféminé et l’homme possédé par ses émotions, il existe la possibilité d’être un homme de coeur, c’est-à-dire un homme qui est en contact avec sa sensibilité, qui n’est pas possédé par elle et qui peut l’exprimer quand il le souhaite.
Le vocable « homme de coeur » évoque aussi la notion de courage. Il me semble que les chasseurs d’antan doivent aujourd’hui devenir des chasseurs d’idéaux, des chasseurs de visions, des chasseurs de rêves dont ils pourront imprégner notre société qui en a bien besoin. D’ailleurs, cela concerne tout autant la partie masculine des femmes que Jung appelait l’animus, que la partie masculine des hommes.
Jung ajoutait que les hommes qui semblaient trop perméables à leurs émotions étaient possédés par leur anima, c’est-à-dire leur partie féminine, au lieu d’être en relation avec elle. Autrement dit, il ne s’agit pas simplement d’être en contact avec son monde émotif, mais d’être en relation avec lui pour en recueillir les précieuses informations de façon à faire des demandes adéquates à son environnement.
Par exemple, si un homme est en colère, il ne s’agit pas simplement de décharger sa colère sur autrui pour s’en libérer, mais plutôt de se mettre en relation avec cette colère de façon à comprendre que l’on étouffe, que l’on manque de place dans une situation, pour ensuite proposer de nouveaux aménagements aux personnes concernées.
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