L’huile d’olive, bienfait de la Méditerranée qui allongerait l’espérance de vie de ses consommateurs, serait-elle dans une mauvaise passe ? Les olives, au coeur de sa fabrication, pourraient bien se faire rares suites à des récoltes désastreuses en Italie ainsi que dans une grande partie de l’Europe du Sud. Alors, l’huile d’olive, bastion de la Méditerranée, pourrait-elle délocaliser sa production vers d’autres contrées, telles que l’Australie ?
Production française d’huile d’olive : une récolte d’olives désastreuse
En Provence, tout le monde retient son souffle. Trouvera-t-on de l’huile d’olive française ce printemps ? Olivier Nasles, le président de l’Association française interprofessionnelles de l’olive (Afidol) constate amèrement que « les clients auront du mal à en trouver ».
L’année 2014 est décrite comme une « année catastrophique ». « Nous avons perdu 70 % de la récolte sur tout le territoire. Au lieu des 5500 tonnes d’huile habituelles ».
A Eguilles, dans la campagne des Bouches-du-Rhône, ses 1400 arbres ont donné seulement 85 kg de fruits. Ce dernier désespère : « Une misère. C’est une crise comme la filière n’en a plus connu depuis l’hiver 1956 ».
Pour rappel, en 1956, la plupart des oliviers avaient succombé au gel : cette date reste un traumatisme historique des oléiculteurs français.
La mouche Bactrocera oleae, responsable de la pénurie d’huile d’olive
En 2014, c’est plutôt le manque de froid qui conduit à ce désastre « un hiver doux, un printemps pluvieux et un été trop chaud. Toutes les conditions pour que la mouche prolifère », souligne Jean-Pierre Lombrage, présidence du syndicat interprofessionnel de la vallée des Baux-de-Provence.
La mouche en question, la Bactrocera oleae, ennemie des oliviers français est responsable du désastre. En effet, cette dernière pond dans les olives. Après quoi, son ver se nourrit du fruit, qui finit par tomber.
Pierre Lombrage souligne que « normalement, en traitant les deux premières générations, on n’en entend plus parler. Cette année, il y en avait tant que nous n’avons jamais réussi à l’éradiquer ».
A noter que traiter davantage n’aurait pas été la solution : cela aurait coûté cher, aurait été mauvais pour l’environnement et cela aurait pu laisser des traces dans le produit final.
Huile d’olive en Europe : la pénurie va se faire sentir
Les récoltes d’olives en Italie ou dans une grande partie du sud de l’Europe n’ont hélas pas été meilleures. Une menace pour la survie de certaines exploitations mais également une huile d’olive qui va se raréfier et… augmenter en tarif !
Les causes de cette pénurie annoncée ? L’Italie, la Toscane et l’Ombrie ont été touchées par les conséquences du temps exécrable qui a dominé cet été.
Mais le sud de l’Italie, une bactérie arrivée d’Amérique du Sud a également contribué au ravage des oliveraies.
Dans le coeur du pays, comme dans l’Hexagone, c’est la mouche de l’olive qui a compromis la récolte. En Espagne(1), c’est un mélange entre sécheresse et bactéries qui risque de diviser la production par deux cette année.
Huile d’olive : les prix vont grimper en 2015
Les prix de gros de l’huile d’olive explosent, et les consommateurs à travers le monde vont certainement devoir payer plus pour ce produit de base du régime méditerranéen, dont les vertus sont vantées tant par les diététiciens que par les gourmets.
En France, Olivier Nasles tempère « Il n’y aura pas de pénurie d’huile d’olive pour le grand public. La production française ne représente que 5 % de notre consommation. Mais c’est un produit de niche, haut de gamme, alors forcément les prix monteront ».
Ce dernier prévoit une hausse de « un ou deux euros par bouteille » d’un litre (le tarif tourne actuellement autour de 20 euros).
En Italie, le Conseil international de l’olive observe que les prix des olives ont déjà grimpé de 37 % depuis 2013, mais M. Buonamici, ancien ingénieur estime que la hausse des prix de l’huile pour les consommateurs pourrait dépasser les 60 %.
Production d’huile : des solutions de secours à chercher dans d’autres contrées ?
La Grèce et la Tunisie semblent épargnées par les différentes attaques subies par les oliveraies françaises et européennes. Elles pourraient ainsi prendre position sur le marché de l’huile haut de gamme.
Mais le phénomène pourrait aller plus loin et inciter à planter des oliviers dans des zones où l’olive n’est pas une tradition ancestrale.
Selon de nombreux experts du secteur, l’Australie a tous les atouts pour devenir un géant de l’olive. Ce pays de l’hémisphère Sud a notamment une météo favorable pour produire une huile de grande qualité. Affaire à suivre donc…
*
(1) En 2013, la moitié de l’huile d’olive produite dans le monde venait d’Espagne.
A lire sur la même thématique :
- Comment choisir son huile d’olive
- En quoi l’huile d’olive est bonne pour la santé
- L’huile d’olive, la nouvelle arme des régimes ? !