Pour vous, lire est un automatisme. Vous ne vous souvenez plus des rigueurs de cet apprentissage. Mais si vous avez un enfant qui entre cette rentrée au cours préparatoire, vous allez sans doute mesurer à quel point la lecture, avant de devenir une « seconde nature », s’impose lentement et laborieusement dans notre cerveau. Rien d’inné dans ce processus que l’homme a mis des milliers d’années à maîtriser : les premières traces du langage écrit dont nous disposons datent d’il y a 5.000 ans environ, soit une part infirme de notre présence sur terre.
Apprentissage de la lecture : des connexions qui se créent…
Pendant 60.000 ans voire plus, les hommes n’ont utilisé que le langage oral. Notre espèce n’a donc pas eu le temps de développer des réseaux cérébraux qui nous prédisposeraient à lire. C’est uniquement grâce à nos efforts d’apprentissage et à une pratique assidue que nous parvenons à les façonner.
Rappelez-vous, on commence par épeler phonétiquement chaque lettre, puis chaque syllabe : les lecteurs débutants n’ont pas encore développé un répertoire assez grand de mots qu’ils peuvent reconnaître simplement en les voyant. Ce déchiffrage, peu à peu, crée de nouvelles connexions entre les zones de langage visuel et oral du cerveau. Aucun « centre de lecture » n’apparaît par magie dans le cerveau ; mais des zones qui n’étaient pas reliées auparavant le deviennent ! Car le cerveau se réorganise constamment : chaque nouvelle compétence que nous développons crée de nouvelles connexions neuronales, qui nous permettent de la réaliser. C’est bien sûr dans l’enfance que notre cerveau est le plus malléable, que les connexions se font le mieux, et donc que l’apprentissage est le plus facile. Un déchiffrage précoce…
Pour faciliter l’enseignement de la lecture, on souligne depuis toujours les relations entre les lettres et les sons qu’on émet en les déchiffrant : aujourd’hui, la recherche en imagerie cérébrale est à même de prouver qu’un apprentissage phonétique précoce aide l’enfant à apprendre à lire – ce qui remettrait en cause les théories pédagogiques prônant l’apprentissage « global », sans déchiffrage des lettres mais par reconnaissance du mot dans son ensemble. Plus le cerveau déchiffre, plus les connexions se développent, construisant un réseau neuronal de mieux en mieux adapté au processus de la lecture, et de plus en plus performant.
Mais demain, sans doute, de nouvelles compétences vont apparaître : car l’alphabétisation va suivre l’évolution technologique. Celle-ci a un impact sur le développement de notre cerveau – les chercheurs n’en sont qu’au début de leurs découvertes à ce sujet. Il semble certain qu’elle modifiera la façon d’apprendre à lire.
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Une boîte aux lettres dans le cerveau…
Pour l’instant, notre apprentissage de la lecture s’appuie sur une architecture neuronale déjà utilisée pour la reconnaissance de structures visuelles, ainsi que pour la compréhension du langage oral.
L’information captée par les yeux voyage jusqu’au lobe occipital, situé à l’arrière du cerveau… où elle sera traitée comme n’importe quel stimulus visuel. Elle se déplace ensuite en langage plus simple, vers le gyrus fusiforme gauche, une sorte de « boîte aux lettres » du cerveau. Cette dernière permet de stocker et mémoriser les mots et les lettres, individuellement, non pas comme des formes ou des modèles, mais comme des symboles.
C’est grâce à elle que vous pouvez, si vous êtes un lecteur confirmé, reconnaître immédiatement un mot, quelque soit la façon dont il est écrit, manuscrite ou pas, en majuscules, en minuscules, en différentes polices… Mais cette « boîte aux lettres » ne se développe qu’au moment où commence l’apprentissage : elle n’existe ni chez les très jeunes enfants, ni chez les adultes analphabètes !
De là, l’information part ensuite vers les lobes frontaux et temporaux, qui vont déterminer la signification et la prononciation du mot : ce sont les mêmes zones, celles du langage (pas seulement écrit) qui sont activées lorsque nous entendons le mot. Ne croyez pas que le trajet, des yeux jusqu’aux lobes frontaux et temporaux, en passant par la « boîte aux lettres », soit très long : moins d’une demi-seconde en tout, chez un lecteur expérimenté. Car l’information se déplace vite sur les autoroutes synaptiques de notre cerveau… et c’est ainsi que la lecture nous apparaît, dès lors que nous avons su la maîtriser dans l’enfance, comme un processus facile, rapide, automatique… bref, tout naturel !
ça serait mieux si un article sur la lecture ne comportait pas de faute d’orthographe qui entrave le lecture et surtout la compréhension !
« quelle que soit la façon dont il est écrit » et non « quelque soit… » qui n’a aucun sens !!