C’est le leitmotiv de cette période post-Covid-19 : la « flemme » et le manque d’envie de travailler sont pointés du doigt. Et un sondage réalisé par l’Ifop pour la Fondation Jean Jaurès semble le confirmer : les Français ont la flemme. Ou n’est-ce qu’un changement de paradigme social et sociétal qui est encore mal compris ?
Flemme, perte de motivation… mais qu’arrive-t-il donc aux Français ?
D’après ce sondage(1) : 30 % des Français déclarent avoir moins de motivation pour leurs tâches du quotidien par rapport à la période pré-Covid-19, 40 % se disent « plus fatigués », 45 % déclarent avoir la « flemme de sortir de chez eux » et 37 % d’être moins motivés au travail. Il n’en fallait pas plus pour que les Français soient considérés désormais comme des fainéants, et que les chefs d’entreprise critiquent la volonté affichée d’avoir plus de vie privée, moins d’heures supplémentaires… et même de moins travailler.
C’est le « quiet quitting », le principe en vogue en 2022 : ne pas faire plus que ce qui est prévu par le contrat de travail. Pas plus d’heures, pas plus de tâches. Mais ça se ressent aussi dans les sorties : moins de restaurant, moins de cinéma… et plus de repas en livraison et de Netflix et consorts. Une situation qui toucherait d’ailleurs plus la jeune génération.
📊 La Fondation et @IfopOpinion font paraître une enquête sur l’impact de la pandémie de #COVID19 sur notre motivation et notre rapport à l’effort avec une analyse de Jérôme Fourquet et @Jeremie_Peltier : https://t.co/njHEThJPsS pic.twitter.com/gf2KJnvHYl
— Fondation Jean-Jaurès (@j_jaures) November 11, 2022
Un nouveau paradigme de vie quotidienne est-il en train de naître ?
Le détail du sondage montre que les jeunes de moins de 34 ans sont les plus touchés par cette « flemme », ce manque de motivation. Et c’est compréhensible : ça va de pair avec les revendications sociales et sociétales de la nouvelle génération. Ils préfèrent avoir plus de temps pour eux, voudraient être rémunérés à leur juste valeur… et sont surtout moins riches. Or, sortir, aller au restaurant ou au cinéma, ça coûte cher.
Difficile de payer 5 euros la bière dans un bar, quand elle coûte 1 euro à la maison et que les fins de mois sont compliquées. Et ça paraît absurde de débourser 15 euros pour un ticket de cinéma quand pour moins de 12 euros le catalogue entier de Netflix est disponible. Tant pis si on ne regarde pas le film le jour de la sortie, il arrivera tôt ou tard sur les plateformes (quand il n’est pas téléchargé illégalement avant).
Des risques pour la santé à surveiller
Reste que moins sortir, moins faire de sport et moins avoir de vie sociale présentent un risque pour la santé. La santé physique, pour commencer, alors que le taux d’obésité en Europe est en croissance constante. 95 % de la population française, selon l’ANSES, serait exposée « à un risque de détérioration de sa santé » par manque d’activité physique.
Et, naturellement, la santé mentale. Le manque de socialisation entraîne un enfermement qui s’ajoute aux craintes liées à la Covid-19, la guerre en Ukraine ou encore le climat. Anxiété et états dépressifs sont en forte hausse, souligne la fondation Jean Jaurès.
A lire absolument
Tout cela me paraît bien normal. Les perspectives de bien-être (si ce n’est de bonheur) ont été écrasées depuis au minimum 2 ans. Et ça a déjà commencé avec les attentats meurtriers et la négation violente des gilets jaunes. Avec maintenant le covid, la guerre insupportable en Ukraine et les non mesures fortes pour le climat, comment ne pas être en dépression. Les jeunes sont touchés bien-sûr mais pas que.