Des nanomatériaux omniprésents
Tout d’abord, de quoi parle-t-on ? Les nanotechnologies sont les procédés de fabrication de structures utilisant des nanomatériaux ou nanoparticules, soit des organismes de la taille d’un à 100 nanomètres. 1000 objets nanométriques peuvent par exemple entrer dans l’épaisseur d’un cheveu.
Les nanomatériaux ont de multiples propriétés et sont utilisés dans différents domaines de l’industrie.
On en trouve notamment dans les produits de beauté (dioxyde de titane dans les crèmes solaires pour un effet anti-UV), les aliments (anti-agglomérant pour le sel ou le sucre), les vêtements (nanoparticules d’argent pour des chaussettes anti-odeurs), l’électroménager, les matériaux de construction, l’automobile, l’aéronautique… Ils permettent de créer des matériaux plus légers et plus résistants, ou plus efficaces.
Toutefois, on en connaît aujourd’hui peu les effets sur la santé et l’environnement. Il est même difficile de savoir exactement quels sont les matériaux qui en contiennent.
La France a mis en place en 2013 un registre appelé « R-Nano », qui recense les produits contentant des nanoparticules. Ainsi, plus de 415.000 tonnes de nanomatériaux ont été produits en 2014 en France. L’AVICENN estime même que les chiffres sont sous-estimés et que de nombreux matériaux échappent à ce registre.
Connaître les risques liés aux nanomatériaux sur la santé et l’environnement
Les nanomatériaux peuvent pénétrer dans l’organisme à travers différentes voies, par ingestion, par voie cutanée ou le plus souvent par inhalation. Vu leur taille, ils peuvent migrer facilement d’un organe à l’autre et se retrouver dans le sang ou le cerveau. Ils ne sont pas forcément expulsés par l’organisme et peuvent donc rester dans le corps pour une durée indéterminée.
On en trouve aussi dans l’environnement, dans l’eau, les sols ou les animaux. Or ne ne connaît pas encore précisément les effets qu’ils peuvent avoir sur les animaux et sur la santé humaine.
D’après l’AVICENN, les études effectuées montrent que les nanomatériaux peuvent être néfastes pour l’organisme.
Les personnes qui travaillent au quotidien en lien avec ces nanomatériaux, ingénieurs, ouvriers, ou personnel médical sont les plus exposées à l’ingestion ou à l’inhalation de ceux-ci. Le risque est d’autant plus fort que peu de mesures de protection et de prévention sont mises en place.
Alors, que peut-on faire pour limiter les risques liés à l’utilisation de nanomatériaux ? Il est aujourd’hui difficile de savoir si les produits que l’on achète contiennent des nanomatériaux.
L’AVICENN plaide donc pour un étiquetage systématique des produits qui en contiennent. On peut d’ores et déjà éviter d’acheter les produits « phares » liés aux nanomatériaux, comme des chaussettes anti-odeurs ou des crèmes solaires contenant du dioxyde de titane.
Il est aussi nécessaire de connaître réellement les risques encourus et c’est pourquoi l’AVICENN plaide également pour un élargissement des études indépendantes et à long terme sur les effets des nanomatériaux, pour éviter un scandale sanitaire similaire à celui de l’amiante dans les prochaines années.