Les oeufs plein air et bio encore largement minoritaires
D’après les chiffres du Comité national pour la promotion de l’oeuf (CNPO), la grande majorité des 47 millions de poules pondeuses que compte l’Hexagone évoluent dans des cages aménagées (68 %). L’élevage au sol concerne 7 % des poules, le plein air 12 %, le Label rouge (qui répond à des critères bien spécifiques) 5 % et le bio 8 %.
Si des progrès et une prise de conscience de la nécessité d’offrir de meilleures conditions d’élevage aux poules ont indéniablement lieu, plusieurs facteurs peuvent expliquer la lenteur des avancées. Tout d’abord, le poids des filières intégrées : selon les chiffres de l’Institut technique de l’aviculture (Itavi), il n’y a que 7 couvoirs sur toute la France pour fournir les poussins à 450 élevages de jeunes poules, qui sont ensuite envoyées vers 2.800 élevages de poules pondeuses. Interrogé par Reporterre, un éleveur bio du Lot-et-Garonne et président d’un groupement d’éleveurs dénonce les effets pervers de ce système : « Les producteurs se trouvent dans un système intégré, ils ne contrôlent ni l’approvisionnement en poulettes et aliments ni la partie commerciale. Je n’en ai jamais rencontré un qui était content de ce système, mais les producteurs y sont enfermés parce qu’ils font des investissements sur 15, 20 ans« .
Autre facteur de ralentissement : les contraintes financières, car la transition a un coût, que de nombreux éleveurs ne sont pas en capacité d’assumer. « Entre 2010 et 2012, les éleveurs ont déjà investi 1 milliard d’euros pour mettre les cages aux normes européennes. Cela avait été débattu avec les distributeurs. Et là, la grande distribution nous prend à la gorge en demandant d’arrêter des cages. Mais nous ne pouvons pas réinvestir tout de suite, on vient de prendre des emprunts sur 15-20 ans« , explique Jean-Michel Schaeffer, président de la Confédération française de l’aviculture, dans les colonnes de Reporterre. Pour aider à la mise en place de ces changements, le CNPO a demandé qu’un fonds 100 millions d’euros à destination des agriculteurs soit créé et que la grande distribution contribue au financement de ce système, via le prélèvement d’une cotisation sur la vente des oeufs.