La lettre ouverte, adressée le 27 septembre dernier à la Commission européenne et aux ministres de l’Énergie et de la Santé, est signée par Élisabeth Stampa, présidente du syndicat européen des fabricants de génériques Medicines for Europe (MFE). Cette dernière tient à prévenir : plusieurs médicaments génériques pourraient bien venir à manquer, dès cet hiver, dans les pharmacies. Pour quelles raisons ?
Les médicaments génériques en pénurie dès cet hiver ?
La production de médicaments génériques, déjà touchée par « une érosion substantielle des prix » durant ces dix dernières années, puis par la crise sanitaire du Covid-19, doit désormais faire face, comme d’autres secteurs, à la guerre en Ukraine. Résultat : l’augmentation des prix de l’énergie, mais aussi le coût des matières premières – en augmentation de 50 à 160 % -, sans compter l’inflation générale et les frais de transport, mettent encore plus à mal la filière.
À tel point que certains producteurs pourraient bien mettre la clé sous la porte d’ici cet hiver. Des cessations d’activité qui risqueraient alors de se traduire par « une multiplication par dix des prix de l’électricité pour certaines de nos usines en Europe », prévient dans sa missive Élisabeth Stampa. C’est pourquoi, souligne la directrice de MFE, il est primordial de prendre tout de suite « des mesures visant à réduire les coûts énergétiques pour le secteur des médicaments génériques. »
Alors qu’en pareil contexte, de nombreux fournisseurs augmentent leurs prix, le marché des médicaments génériques ne peut pas pour sa part faire de même, étant donné la réglementation stricte l’encadrant. Si les difficultés persistent, des arrêts de production pourraient alors avoir lieu. Le syndicat européen des fabricants de génériques prévient, même temporaires, ces arrêts auraient « des effets néfastes sur la fourniture de médicaments aux patients et exigerait un effort important et de longs délais pour reprendre les opérations ».
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L’industrie pharmaceutique est particulièrement énergivore
Comme l’explique sur son site le ministère des Solidarités et de la Santé, les génériques ont la même efficacité thérapeutique que leurs médicaments de référence, puisqu’ils sont fabriqués à partir des mêmes molécules employées par les traitements autorisés. Reste que leur coût est moins élevé, puisque les médicaments génériques peuvent ainsi faire l’impasse sur les frais générés par la recherche et le développement, déjà couverts par les médicaments de référence.
Pour l’heure, les médicaments génériques représentent « 70 % des médicaments délivrés dans l’Union européenne », rappelle aussi le ministère des Solidarités et de la Santé. Un marché dominé par certaines entreprises importantes, telles que Biogaran, Viatris ou Gemme, groupe français.
Pour tenter d’éviter la pénurie, le syndicat MFE propose de créer une liste d’industries prioritaires pouvant bénéficier de tarifs subventionnés de l’énergie. Leur souhait : ne pas être soumis à des plafonds d’utilisation du gaz, notamment. Car l’industrie pharmaceutique s’avère particulièrement énergivore. En effet, lors de la fabrication d’un médicament biologique, la température doit être stabilisée à 37 °C, afin de permettre la culture des cellules et des virus.
