Pénuries de médicaments : un ‘chantage au prix’ des laboratoires ?

Le Sénat dénonce le chantage des laboratoires pharmaceutiques qui menacent de supprimer plusieurs centaines de médicaments essentiels du marché français.

Rédigé par Audrey Lallement, le 7 Jul 2023, à 10 h 24 min
Pénuries de médicaments : un ‘chantage au prix’ des laboratoires ?
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Dans un monde où la santé est au coeur de toutes les préoccupations, l’industrie pharmaceutique joue un rôle majeur. Pourtant, ces entreprises ne sont pas des organismes de bienfaisance ; elles cherchent avant tout à générer des profits. Cette quête de rentabilité conduit à des pénuries de médicaments, un problème que le récent rapport du Sénat souligne, en exposant les failles persistantes dans la production et la distribution des médicaments en France.

Des pénuries de médicaments

Amoxicilline, Doliprane, corticoïdes, vaccins, anticancéreux… Depuis plusieurs années, la France fait face à des pénuries de médicaments. Une situation qui risque de perdurer. Après 5 mois de travaux, la commission d’enquête du Sénat a rendu un rapport de 400 pages jeudi 6 juillet 2023. Celui-ci révèle des dysfonctionnements à tous les niveaux de la production et de la distribution de médicaments.

Les premiers incriminés sont les laboratoires pharmaceutiques. Ils seraient en effet prêts à retirer du marché environ 700 médicaments, dont des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM). La cause ? Les prix des médicaments qui sont fixés par le comité économique des produits de santé (CEPS) ne leur conviennent pas. Ils trouvent les montants trop bas par rapport à ceux des autres pays européens.

Des médicaments pas assez rentables

En France, 70 % des médicaments en pénurie sont des médicaments anciens. Leur rentabilité ayant diminué au fil du temps, les laboratoires préfèrent se tourner vers des médicaments plus innovants et plus chers. Dans le rapport, on parle de « chantage au prix ». Lors des auditions, « le lobby des entreprises pharmaceutiques en France a en effet « rabâché », selon la rapporteure Laurence Cohen, que la première solution aux pénuries est d’augmenter les prix des médicaments », lit-on dans Capital. Un argument guère convaincant.


La situation n’est pas près de s’arranger. Malgré les promesses faites pour relocaliser l’industrie, de nouvelles pénuries sont malheureusement à prévoir. Selon Sonia de La Provôté, « les industriels français envisagent dans les prochains mois et années d’abandonner la production de près de 700 médicaments, incluant des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ». Par conséquent, la sénatrice du Calvados appelle à anticiper et évaluer les conséquences sanitaires « avant que tout cela se mette en oeuvre, ou en tout cas pouvoir trouver des remplacements thérapeutiques qui soient à la hauteur de la qualité de prise en charge actuelle ».

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